De Junji ITO, éditions Tonkam, manga horreur/frisson
Résumé :
Kirié Goshima est le personnage principal et narratrice. Elle débute son récit dans les hauteurs de Kurouzu, ville qui sera le lieu où Junji ITO tissera la toile de la folie et du chaos. Son petit ami, Schuichi, est le premier à évoquer son père, fasciné par les spirales, jusqu'à ce qu'il soit "happé" par l'une d'entres elles. Les cas se multiplient, fascinants et dérangeants, toujours plus fréquents, et plus rien ne semble bientôt pouvoir freiner l’influence de la spirale sur les habitants de Kurouzu.
Mon avis :
L'objet livre :
Un livre très beau regroupant l'intégrale de Spirale. La reliure de la couverture est très évocatrice du contenu. Les premières pages en couleurs sont agréables. Un très beau livre, mais qui n'est actuellement plus édité.
L'histoire :
L'histoire de spirale est clairement destiné à un public averti. Les images qu'il contient sont choquantes, dérangeantes, et en même temps dégagent une fascination morbide. Il n'est clairement pas idéal pour un public jeune.
Manga d'horreur et de frisson, il tient ses promesses quant à la trame de l'histoire que l'on peut décomposer en deux parties :
- une première partie de chapitres uniques, évoquant l'influence de la spirale et ses enjeux
- une seconde partie servant plus à dénouer l'intrigue.
Mais Spirale, qu'est ce que c'est? On se retrouve dans le village de Kurouzu, où plane une sorte de malédiction. En premier, c'est le père de Schuichi, petit ami de Kirié (narratrice) qui est exposé à cette addiction et fascination pour la spirale. Je ne spolierai pas en disant ce qu'il advient de lui, mais la spirale prend possession de lui. Au fur et à mesure des chapitres, on découvre que de plus en plus d'habitants sont touchés par cette obsession, on assiste donc à des évènements paranormaux, tous du point de vue d'une jeune lycéenne (Kirié), mais la prise de conscience d'une telle malédiction vient de Schuichi, qui voit son père sombrer peu à peu dedans.
Le dessin est réaliste, avec une intensité dans les détails et les yeux des personnages. Ce principe de réalisme permet au lecteur de rentrer dans l'histoire, comme "happé" par les éléments. Le dessin met mal à l'aise, surtout pour les cadres les plus choquants où l'auteur met en œuvre tous les talents de dessinateur pour ne négliger aucun détail sur la mort de certains personnages. La violence des images n'est pas sans raison, elle dérange parce qu'elle sert de façon fascinante l'histoire de Spirale
L'histoire m'a beaucoup plu, les dessins agréables, autant que faire se peut, et accompagnent de façon cohérente l'histoire. Cette dernière est "dingue", surréaliste et extravagante. Et j'ai fortement apprécié cette distance entre une histoire incroyable et le réalisme de certaines planches. On saute à pieds joints dans d'innombrables scènes absurdes, de corps qui ondulent ou disparaissant dans le néant de cette folie confuse, dérangeante.
Mais... Je reste sur ma fin! Celle ci est amenée sur un fil conducteur, mais je me serais attendu à une explication plus extravagante ou plus impressionnante. Celle présentée par Junji Ito ne reflétait pas la pression et l'obsession de cette spirale. Je l'ai trouvée même "facile", car elle n'utilisait pas tous les codes d'obsession et de malédiction présentés tout au long de l'histoire : on se retrouve uniquement sur un espèce de "sur place" qui fait cruellement défaut à cette histoire. Ou alors est ce la volonté même de Junji Ito de ne pas avoir fait une fin "incroyable ou extravagante", nous laissant dans un malaise et un questionnement? Je suis peut être passée à côté de quelque chose.
Les thèmes abordés reflètent parfaitement notre société de sur-consommation : désirer un objet contre toute raison alors que nous n'avons pas forcément besoin de cet objet jusqu'à devenir l'objet lui même. Mais plus encore, l'obsession de l'amour, et on pense directement à la plus belle des histoires d'amour : Roméo et Juliette de W. Shakespeare : l'envie et l'obsession de l'être aimé conduit à une solution radicale dans les deux cas.
Par contre, lecture fluide, rapide et facilité par une suffisance des dialogues : on en dit parfois peu car les images se suffisent à elle même et l'effet de la spirale est là : hypnotisé par l'histoire et les images, le lecteur ne lâche son livre qu'à la dernière page.
A la fin de l'intégrale, on retrouve un essai de l'écrivain Masaru Sato. Celui ci traite de la spirale mais d'un point de vue économique et n'est intéressante que par les comparatifs apportés par cet ancien diplomate.
Et si vous n'avez pas votre dose de frisson, l'intégrale propose en plus une histoire spéciale tout aussi déséquilibrée !
En bref :
Bon, pour un public averti. Mais une édition attractive qui est un plus pour ceux qui aiment l'objet livre !
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