jeudi 28 février 2019

Bilan lecture Février 2019


    Février 2019. Ce mois a été très riche en découverte et en lecture. J'ai apprécié lire autant les Bd que les romans. J'ai apprécié cette diversité de style !

    Ce mois-ci a aussi été pour moi un mois compliqué niveau santé. Ce qui explique aussi en partie le nombre d'ouvrage lu. La lecture a ce pouvoir particulier de permettre à l'esprit de s'évader. On en oublie les douleurs et la solitude du quotidien.
    Après une opération chirurgicale, je suis restée coincée dans un livre qui du coup, a manqué de saveur à mes yeux. C'est en grande partie, car il était le seul que j'ai pu lire en d'innombrables siestes et traitement anti-douleur.

    J'ai adoré me plonger dans la mythologie et je me rends compte que j'ai été un peu sévère avec les BD de Clotilde Bruneau sous la direction de Luc Ferry sans oublier les dessinateurs et coloristes qui ont gravité autour de ces œuvres. Il est très difficile de résumer la mythologie en si peu de planches. C'est un très bon résumé pour qui a envie de découvrir la mythologie, une introduction que j'ai apprécié découvrir même si j'avais envie de plus avec ces BD.

J'espère que vous trouverez dans cette liste des œuvres qui vous donneront envie ! 



Catégorie Coup de cœur :



Catégorie Témoignage :



Catégorie Manga :



Catégorie BD :



Catégorie Jeunesse :

Catégorie Roman : 





"Marcher sur son ombre" - Isabelle Mercat-Maheu


Merci aux éditions Le Chant des Voyelles pour leur confiance renouvelée et cette belle lecture.

D'Isabelle Mercat-Maheu, éditions Le Chant des Voyelles, Contemporain, Prison, 2018.

Résumé :

Jouer aux échecs contre soi-même est aussi paradoxal que de marcher sur son ombre, écrivait Stefan Zweig. C’est pourtant ce que Fabien s’obstine à faire dans la cellule de sa maison d’arrêt. Car les échecs effacent le temps.
Mais aujourd’hui, le jeu est fini, il doit quitter les lieux, retrouver sa vie d’avant, sa femme, sa fille, sa sœur. L’attente est longue, très longue, il a tout le temps de repenser à ce qu’il a vécu. Aux détenus qui ne supportent pas l’enfermement ou la dureté d’un gardien et qui pètent les plombs. À ceux qui rusent pour résister, grâce à l’humour ou à ce qui leur reste d’humanité.
Fabien, lui, est comme l’Étranger de Camus, il a passé ces années dans un état d’absence, une sorte d’indifférence morbide à tout ce qui l’entourait.
Mais il y a eu les visites de Hiba, sa femme. Trop belle, trop humaine, l’empêchant de sombrer dans l’étrangeté totale au monde.
Et sa fille, Elise, qu’il a préféré ne pas voir pendant toutes ces années, parce que pensait-il, ce serait trop difficile pour une petite fille de se retrouver là, dans ce parloir sinistre.
Elise, pourtant, aurait bien aimé parler à son père, lui raconter ses exploits au tennis, sa chienne, les réflexions de ses copines, celles de sa grand-mère libanaise.
Donc, Fabien attend, dans une immobilité emplie de doutes et d’appréhension : que dira-t-il à Hiba, à Elise ?
Et Elise, avance vers lui, dans le train qui la rapproche de Grenoble, pleine de vie, mais doutant de reconnaître son père : aura-t-il les cheveux blancs ?
Comment vont-ils se retrouver ?
Un roman d’une grande sensibilité. Les personnages ont une présence singulière sans que jamais Isabelle Mercat-Maheu ne force le trait.

Mon avis :


    La vie ne tient qu'à un fil. La nôtre et celle d'autrui. Nos actes ont parfois des conséquences néfastes alors même qu'on sait que nous ne devrions pas les réaliser. Fabien a purgé sa peine et patiente une dernière journée qui lui semble plus longue que ces derniers longs mois d'incarcération. Il repense à ce qui l'a conduit en prison à demi-mot, à celle qui est venu à chaque parloir aussi belle et désirable qu'il l'a toujours connu, à sa fille, loin de lui qu'il a souhaité protéger de l'ambiance sinistre de ces rencontres. Et il y a cette attente qui prend aux tripes et aux os, qui ressasse les codétenus et les privations. Il y a ce face-à-face avec soi et la réalité telle qu'elle est.

    La liberté est ce que nous avons de plus précieux. Nous nous en rendons compte lorsque nous la perdons. Sans elle, plus de famille, plus de passion, le silence et l'attente. Ce livre raconte cette attente avant de retrouver enfin la liberté. Rien n'est caché, Fabien est en prison, il a été jugé coupable et le voilà avec tout un monde à reconstruire. Sa société est gérée par son codirecteur. Sa famille est gérée par la force de son épouse. Et il y a cette petite fille qui a bien plus à dire qu'on ne le lui laisserait le dire.

    C'est une construction en face-à-face, un père et sa fille. Chacun à tour de rôle raconte l'ennui, l'impatience, une forme de colère et ce manque flagrant. Elise, malgré son jeune âge se pose beaucoup de questions sur la condition de son père. Cela rappelle une chose importante : tout peut s'expliquer à un enfant, même les événements les plus durs. Pas dans les détails, mais simplement ôter le voile de l'inconnu par une explication simple et accessible. Cela suffit à le rassurer, et s'il le souhaite, il posera d'autres questions. Il ne faut pas taire l'indicible, mais l'amener à hauteur d'enfant pour lui permettre de ne plus avoir peur de ce qu'il ne comprend pas.

    C'est une lecture qui chamboule. On a tendance à ne plus voir ceux qui purgent leur peine que par les yeux de la culpabilité. Les réflexions de Fabien sur le monde carcéral, les amitiés ou inimitiés qui peuvent se créer, l'ennui, la bibliothèque source d'évasion, mais aussi ces êtres qui dans la nuit, ne sont plus que de petits garçons pleurant leur sort. Pas tous sans doute, mais ces pleurs résonnent entre les murs.

    Isabelle Mercat-Mehau dresse le portrait d'un homme, d'une famille. L'écriture est toute en sensibilité, en patience, sans heurt. Les discours de la fille puis du père se font écho d'une absence douloureuse. J'ai apprécié cette humanité débordant des pages, ce questionnement sur soi, son identité qu'il s'agisse de la façon dont on se perçoit et dont les autres nous voient. Les faits sont là, présent à chaque page. Pourtant, c'est l'absence qui a été le plus pesant.
    Les personnages sont réunis dans les pages alors même qu'ils ne se voient pas tout le long du livre. Elise s'approche de son père à mesure que le train la rapproche de la rencontre avec celui qu'elle espère reconnaître. Fabien passe une journée de réflexion dans le silence et la solitude. C'est fort et prenant, sans suspens, mais tout en interrogation qui nous pousse dans notre lecture. Et cette mère et femme qui n'est décrite que par la vision du père et de la fille. Étrangement, cela la rend à la fois forte dans son paraître que lointaine dans ses émotions.

    Et il y a l'après, la sortie à imaginer, à construire, car il y a tout à recommencer avec l'expérience carcérale comme bagage à une nouvelle vie.

En bref :

Un livre sensible et touchant, l'attente d'un homme le jour de sa sortie de prison, les inquiétudes de sa fille de ne pas pouvoir le reconnaître. Plus les kilomètres les rapprochent et plus les souvenirs de l'un et de l'autre refont surface. Une lecture riche et brillante sur la solitude du milieu carcéral et une sortie à la fois souhaitée et redoutée.

"Colocs tome 1" - Nadia Lakhdari King

éditions Kennes

En partenariat avec NetGalley et les éditions Kennes que je remercie.

De Nadia Lakhdari King, éditions Kennes, Roman, Adolescence, 2017.

Résumé :


Emma et Béatrice, deux grandes amies, réalisent le rêve de bien des adolescentes en devenant colocs, à dix-sept ans, pour le cégep. Enfin la liberté - même si la tante d’Emma, qui habite en haut, les supervise de loin en loin. Béatrice est en amour par dessus la tête avec Sébastien, étudiant en deuxième année de cégep et gardien de but de l’équipe de hockey du collège. Elle fait tout pour prouver qu’elle est à sa place parmi les amis de son chum. Emma souffre du manque de disponibilité de Béatrice, se dispute avec Mia, leur troisième coloc venue de Québec, et rêve du beau Théo, qui lui a pourtant préféré Mia lors du party de la rentrée. Cette série vivante, axée sur le dialogue, parle d’amitié entre filles, de la quête du grand amour, et du désir qu’on a, à dix-sept ans, de s’accomplir et de trouver sa voie.

Mon avis :

    C'est l'histoire de deux amies qui vivront en collocation en arrivant au Cégep avec une nouvelle jeune fille, juste au-dessus de l'appartement de la tante de l'une d'elles. Cette dernière permet aux parents de ne pas craindre pour le quotidien. Entre coups de cœur et coup de sang, cachotteries et non dits, leur vie sera des plus mouvementées.

    Je ne sais pas trop comment prendre cette lecture. Ces dernières semaines, j'essaye de lire des livres jeunesse pour découvrir davantage ce style. Autant je n'ai pas du tout été déçue par "L'Asile du Nord" de Carine Paquin, autant, je suis très perplexe pour ce premier tome. C'est une lecture légère, facile et rapide. Mais je me sens assez perdue face à la représentation des jeunes dans ce livre.

    Il y a énormément de légèreté dans le ton, dans les événements que les jeunes filles vivent. Autant, je trouve que le côté questionnement permanent pour un détail qui n'en vaut pas forcément la peine est très bien mis en relief, autant, je ne comprends pas la réaction de Béatrice ou d'Emma. Ce qui est important à nos yeux ne l'est pas forcément à ceux du voisin.

    Pour leur âge, je leur trouve un manque flagrant de maturité, ça m'a beaucoup perturbé alors que j'avais envie de rentrer dans le livre pour les secouer un peu. Mais en même temps, je ne suis pas la cible et c'est là où je reste perplexe. Dans certains livres pour adolescent, on met en avant l'envie de se dépasser, la recherche d'identité ou alors le combat pour s'affirmer. Ici, je ne le retrouve pas et trouve beaucoup d'énergie mis dans les relations sentimentales, mais l'identité ne s'arrête pas là, pas pour les beaux yeux d'un garçon. Du coup, je me demande ce que cette histoire représente pour une population adolescente, qui, j'en suis tout de même sûr, devrait adorer.

    Car la réalité est aussi là : ce livre parlera à un besoin des adolescents de "faire partie d'une bande", de se reconnaître dans un questionnement des sentiments amoureux. Car ce que j'ai apprécié, c'est cette amitié, qui va grandir en fonction des non dits… Mais c'est ma représentation en tant qu'adulte. Il n'y a qu'à voir les succès de certaines séries télévisées pour comprendre que les jeunes souhaite aussi lire des histoires qui n'ont de léger que le regard qu'un adulte peut lui porter. Le répertoire québécois n'est pas du tout un frein à la lecture, j'aime beaucoup leur expression et n'ai pas été perdue dans ma lecture. 

En bref :


Cette lecture est très intéressante, car toute légèreté que je lui ai trouvée, je pense qu'il intéressera un public jeune, en recherche de sensations de "grands". Je reste curieuse de la suite, même si je ne suis pas le corps de cible.