jeudi 27 février 2020

"Satan était un ange" - Karine Giebel



De Karine GIEBEL aux éditions Fleuve Noir, Roman policier, 2015.

Résumé : 

Tu sais Paul, Satan était un ange... Et il le redeviendra. Rouler, droit devant. Doubler ceux qui ont le temps. Ne pas les regarder. Mettre la musique à fond pour ne plus entendre. Tic tac... Bientôt, tu seras mort. Hier encore, François était quelqu'un. Un homme qu'on regardait avec admiration, avec envie. Aujourd'hui, il n'est plus qu'un fugitif qui tente d'échapper à son assassin. Qui le rattrapera, où qu'il aille. Quoi qu'il fasse. La mort est certaine. L'issue, forcément fatale. Ce n'est plus qu'une question de temps. Il vient à peine de le comprendre. Paul regarde derrière lui ; il voit la cohorte des victimes qui hurlent vengeance. Il paye le prix de ses fautes. Ne pas pleurer. Ne pas perdre de temps. Accélérer. L'échéance approche. Je vais mourir. Dans la même voiture, sur une même route, deux hommes que tout semble opposer et qui pourtant fuient ensemble leurs destins différents. Rouler droit devant, admirer la mer. Faire ce qu'ils n'ont jamais fait. Vivre des choses insensées. Vivre surtout… Car après tout, pourquoi tenter sans cesse de trouver des explications ?

Mon avis : 

Comment réagir lorsqu'on sait que la mort rôde ?

    François choisit de fuir : il quitte Lille, son quotidien, Florence à qui il n'ose pas parler de la nouvelle, ses clients, son cabinet d'avocat. Il fuit, pensant se protéger de la nouvelle, difficile à encaisser. Il fuit, essaye de protéger Florence, peut être pour ne pas regarder la réalité telle qu'elle est. Sur le chemin, au milieu de la route, un jeune homme faisant du stop. A peine 20 ans, Paulo se retrouve le compagnon de route de François. Lui aussi semble fuir, les événements finissent d'ailleurs par le rattraper. Deux chemins qui se croisent, l'arrivée est incertaine.

    L'écriture de Karine Giebel est très agréable : rythmée de phrase courte, elle accélère habilement le ton. Elle nous plonge dans l'histoire, en compagnie de personnages dont les personnalités sont très travaillées, complexes, vivantes. Imparfaites mais réalistes. Elle sait jouer de ses mots et nous plonger dans des sentiments et sensations ambivalents. Le bien, le mal ? La façon dont on regarde les choses a son intérêt. En cela, j'ai aimé le livre. Cette qualité d'écriture.

    Mais pour un polar, il m'a été facile de poser le livre quelques jours sans le toucher, sans avoir envie de retourner à l'intérieur. Le premier tiers a eu du mal à me tenir en haleine. J'ai eu du mal à me projeter dans la relation de ces deux hommes, de trouver l'histoire authentique. J'ai reposé le livre non pas pour ce qu'il contenait, mais pour ce qu'il ne contenait pas : mes propres projections. Cela fait longtemps que je n'avais pas plongé dans un polar, et j'ai commencé à en attendre plus que la simple histoire écrite.

    En revenant au livre, j'ai lu les deux tiers restant très rapidement. Le plus important n'est pas l'histoire en elle-même, mais le lien qui se crée entre ces deux hommes : ils ont chacun des raisons de fuir, des raisons de se retrouver, des choix à faire. Les autres personnages servent le duo, sont au service de ce qui se crée, j'ai presque trouvé leur présence dérangeante et peu attractive.

    Je reste mitigée sur l'ensemble du livre, la lecture a été très intéressante, mais il me manquait ce petit plus d'intrigue et de suspens.


En bref : 

La fuite en avant, la sensation de n'avoir plus rien à perdre, mais garder au fond de soi une lueur d'espoir. C'est ce que je retiens de cette histoire.