mardi 28 avril 2015

Once upon a book, Box Littéraire

Once upon a book, Box Littéraire
Qu'est ce que c'est ?
Box littéraire, Once upon a book, c'est deux passionnées de livres qui créent chaque mois un thème et proposent des livres en fonction des gouts de chaque abonné. Vous recevez 1 à 3 livres en fonction des gouts littéraires, des goodies, marques pages et autres petites surprises! Les box commencent à se diversifier, avec notamment une box parent/enfant, une box anniversaire. Le plus très attrayant? Chaque mois il y a une invitation à un nouveau thème : Sherlock Holmes, le voyage vers l'Asie... Bref, une multitude d'idée qui foisonnent.
J'aime tout particulièrement le partage avec l'ensemble des abonnés via leur compte Facebook car elles sont très à l'écoute, nous tiennent informés des avancements des box et des disponibilités des articles!
Comment ça fonctionne ?
Les commandes se font pour l'instant directement via leur compte Facebook. Leur site est en cours de construction, et nous avons même pu voir l'avancement des travaux de leur nouveaux locaux!
A l'inscription, nous recevons un formulaire pour mieux nous connaître, connaître surtout nos gouts littéraires, avec même la possibilité de leur faire parvenir notre wish list! Un plus très appréciable!
Qu'y a t il dans ma box du mois d'Avril ?
- "Tess" de Thomas Hardy, édition Hachette
-"Huit saisons" de Justin Cronin édition Le livre de poche
- un beau livre de coloriage
- 1 boite de 5 crayons de couleur
- 1 marque page
- 1 sachet de pop corn
- des sachets de thé
un joli mot pour souhaiter de bonnes lectures printanière!
Recommandations?
Oui bien sûr!
On aime particulièrement la disponibilité et la possibilité de discuter avec l'équipe de Once upon a book. On aime leur humour, l'idée d'un thème par mois et la possibilités de "passer" et de ne pas commander un mois si le thème ne nous plait pas ^^ .
De plus, le fait de se fier au PAL et Wish list des acheteurs, je trouve cela vraiment très bien!!!
Donc j'aime et j'adhère!
A découvrir!!
Mon joli colis!! Mon joli colis!!
Mon joli colis!!

dimanche 26 avril 2015

"En même temps, toute la terre et tout le ciel" - Ruth Ozeki. Coup de coeur



En même temps, toute la terre et tout le ciel, Coup de Coeur!



De Ruth Ozeki, édition Belfond, 2013, Roman, Correspondance

Résumé :

Baie Désolation, Colombie britannique, Canada, 2011
Écrivain privée d'inspiration, Ruth découvre sur une plage un sac abandonné. Sans doute un des multiples restes du tsunami de 2011, qui s'échouent régulièrement sur les plages canadiennes. Mais ce sac cache bien des secrets : à l'intérieur, un bento Hello Kitty qui renferme un journal intime, reprenant la couverture originale de À la recherche du temps perdu, mais aussi un vieux carnet et quelques lettres illisibles. Piquée par la curiosité, Ruth entreprend de résoudre l'énigme et de traduire le journal. Elle découvre l'histoire de Nao Yasutani, adolescente japonaise de seize ans. Dans l'univers feutré de leur maison canadienne, Ruth et son mari, Oliver plongent dans l'intimité d'une jeune fille déracinée qui, après une enfance passée dans la Silicon Valley, a dû regagner Tokyo, sa ville natale, terre inconnue dont elle ne maîtrise pas les codes. Un retour brutal, le début du calvaire pour Nao : humiliée par ses camarades, la jeune fille se réfugie un temps chez son arrière-grand-mère, Jiko, fascinante nonne zen de 104 ans, ancienne anarchiste féministe, qui vit dans un temple près de Fukushima. Là, Nao apprend à être attentive à l'instant présent, à écouter les fantômes. Celui de son grand-oncle, Haruki Ier. Nao va mieux, jusqu'à ce jour tragique à l'école. Privée de tout lien avec ses parents, la jeune fille dérive de nouveau. Au risque de se perdre complètement… À des milliers de kilomètres, Ruth n'a qu'une obsession : sauver Nao. Mais comment la retrouver ? De quand date ce journal ? Ce peut-il que la jeune fille ait disparu, emportée par le tsunami ?

Mon avis :

Je ne voulais pas qu'il se termine, j'ai tenté de faire durer ce plaisir le plus longtemps possible. Et en tournant la dernière page, j'en ai terriblement voulu à l'auteur qu'il ne fasse pas 500 pages de plus...
Un récit onirique, un récit vivant, tellement poétique que les mots glissaient seuls dans la pensée! Cela fait à raison penser à un style à la Murakami tellement c'est fluide, cela s'imprègne et en même temps ne marque pas le lecteur.
Est ce que j'ai aimé le livre? Mais bien plus encore! Ca c'est mon style de livre absolu, ou j'ai peur de tourner la page car cela me rapproche inévitablement de la fin et d'un au revoir....
Parlons de l'objet livre : J'aime les éditions Belfond ! Il n'y a rien a dire sur la qualité du livre : les pages sont bien blanches, le livre est beau, la police d'écriture est très agréable à lire, le texte aéré. Je n'ai pas eu cette impression de "pâté" qu'on trouve parfois avec des livres de plus de 400 pages. Un vrai plaisir de le lire!
J'ai trouvé le synopsis intéressant, et j'aime beaucoup ce style d'écriture, comme si deux personnes différentes l'avaient écris :
On suit Ruth, auteur en panne d'inspiration qui cherche à poursuivre son livre. Elle trouve sur la plage de l'île où elle vit un sac contenant un journal et diverses affaires appartenant à une jeune fille appelée Naoko.
En parallèle de la vie de Ruth, de son quotidien et de ses recherches concernant le journal, on suit la vie de Naoko, son journal, sa vie au Japon et ses relations avec ses parents et son arrière grand mère.
Ce qu'il y a de fascinant est cette capacité d'avoir deux voix bien distinctes. Cela ne s'éssoufle à aucun moment et on ne s'ennuie jamais à la lecture de ces tranches de vie. Sans réellement apporter du suspens, on est empli d'empathie envers ces personnages, on souhaite leur bien, on s'énerve parfois. On trouve également une forme de dualité entre le monde de Ruth et de Nao : entre présent et avenir, L'auteur nous fait voyager avec finesse dans des réflexions philosophiques, mais très intimistes.
La spiritualité est une part importante du livre. Nao est en quête d'identité, tout comme Ruth est en quête d'inspiration. Cette dualité renforce les liens et la volonté de Ruth d'en savoir plus sur cette jeune fille, allant jusqu'à faire de longues recherches sur internet.
Le Zen est très présent dans le livre, l'arrière grand mère de Nao, Jiko, le pratiquant, on a souvent des expressions tiré du Zen. Ce dernier est une branche issue du bouddhisme qui met en avant la méditation via la posture Zazen. Celle ci est d'ailleurs très bien expliqué dans le livre. Jiko est d'ailleurs un personnage tellement discret qu'elle en devient importante. C'est un paradoxe! Elle a une espèce de douceur apaisante, inutile de beaucoup parler, son regard et ses mouvements suffisent à Nao pour la comprendre et pour se rassurer.
Les thèmes abordés ne sont pas des plus doucereux :
- La seconde guerre mondiale et les pilotes kamikazes : le grand oncle de Nao s'exprime dans des textes poignants.
- Les relations entre parents et adolescents : au Japon plus qu'ailleurs, on se tait, on ne parle pas de ses sentiments profonds pour ne pas déranger ou ne pas gêner autrui. Les relations entre enfant et parents sont parfois à deux niveaux tellement opposés...
- Le harcèlement scolaire, ou ijime, les tortures physiques que le corps et l'âme peuvent supporter sont difficiles à appréhender, mais bien exprimés dans ce livre : on se sent plus proche des personnages...
- Le suicide : le Japon a connu des vagues de suicide importantes, et encore aujourd'hui, des hommes et des femmes se donnent la mort : pour ne pas être un poids pour leur proche, par honte...
- Le séisme de 2011, causant la mort et la disparition de tellement de vie, sans compter les dommages matériels et environnementaux...
- Clin d'œil aux amoureux des chats : Pesto est décrit comme je pourrais décrire mes chats : avec tout l'amour qu'on leur porte.
Enfin, on se laisse prendre assez facilement dans la part fantastique du récit : il semble tellement réel qu'on a envie d'y croire, envie de savoir même si cette histoire est tirée de la vie de l'auteur, de savoir, de comprendre... Mais à la fin du livre, J'ai été étonnée de me satisfaire de ses mots : je n'avais plus cette envie frénétique de comprendre ou de savoir ce qui a pu se passer. J'étais juste en totale adéquation avec ce livre, avec un gout amer de fin.
Le style d'écriture est pour moi très addictif, on se remémore Murakami, brillantissime, mais on imagine également ce pinceau délicat effleurant une feuille en papier de riz, dessinant avec de douces volutes l'estampe de cette histoire.

En bref :

A ce stade, il ne s'agit plus d'un coup de cœur, il faut découvrir Ruth Ozeki! C'est un livre superbement écrit, fluide et poétique! Un livre chouchou, un livre qui me fait grandir! Bouleversant et enivrant!

jeudi 23 avril 2015

"Snow Illusion" - Icori Ando



Snow Illusion



De Icori Ando, édition Komikku 2015, manga.

Résumé:

“On a dit qu’elle n’était peut-être pas humaine…” Dans une ville au bord de la mer, Susumu croise une femme venue d’on ne sait où. Son nom est Yuki. Elle est belle, travailleuse. Susumu l’épouse. Leur vie ressemble au bonheur... Jusqu’au jour où un autre homme sème le doute dans leur couple ! “Je cherche juste un homme avec lequel je pourrais vivre toute ma vie…”

Mon avis :

C'est dans le folklore japonais où l'on se plonge à présent, qu'est tiré cette histoire. Yuki en japonais signifie neige, et se rapporte à une femme qui apparaît subitement les jours de neige et disparaît un autre jour de neige, tout aussi soudainement.
Il s'agit d'un "one shot" : comprenez édition en un livre unique. Les dessins sont très poétiques, alliant romantisme et mélancolie. Le trait est léger, fin, subtil, et laisse tout de même ressortir une force de certaines scènes.
On suit Yuki, qui recherche le grand Amour, pas l'amourette de passage, mais le vrai amour, celui qui reste, perdure, celui qui fait vibrer... Et on suit également ses peines, ses colères face à la trahison. Ici, les hommes ne sont pas forcément bien représentés d'ailleurs : tantôt fourbes, tantôt faibles, ils finissent inévitablement par décevoir.
Yuki quant à elle est une femme simple, qui voue tout son temps à son foyer, à son mari, au travail de celui ci. Mais la relation et les efforts apportés sont ils suffisants?
Une fresque sur les relations amoureuses, les déceptions et les espérances. Un joli one shot, d'une grande émotion et d'une grande simplicité. Nous sommes peu habitués dans nos pays occidentaux face à ce genre de folklore, cela nous apporte une richesse et une connaissance suplémentaire.
J'apprécie d'autant plus ce style dépouillé et raffiné qu'il met en exergue multitudes de sentiments différents.

En bref :

A découvrir, à lire et relire, tel un conte d'Andersen ou de Grimm...

mercredi 22 avril 2015

"La Petite Fille qui aimait la lumière" - Cyril Massarotto, Coup de coeur



La Petite Fille qui aimait la lumière, Coup de coeur.



De Cyril Massarotto, édition Pocket 2012, roman

Résumé:

Barricadé dans sa maison au cœur d une ville déserte, un vieil homme prend des risques fous pour recueillir une petite fille blessée. L enfant ne parle pas, elle ne prononce qu' un mot : Lumière, elle qui a si peur du noir. Alors le vieillard parle, il lui raconte la beauté de la vie d avant, les petites joies du quotidien, son espoir qu' on vienne les délivrer. Il lui enseigne la possibilité d un avenir, quand elle lui offre de savourer le présent. Cyril Massarotto explore avec toute la finesse et la profondeur à laquelle il nous a accoutumés depuis son premier livre, Dieu est un pote à moi, la relation filiale qui se noue entre ces deux êtres que tout oppose.

Mon avis :

Peux t on à ce point s'imaginer sortir d'un livre aussi troublée? Tournant les dernières pages, je me suis surprise à essuyer les larmes sur mes joues, coulant en silence, sans sanglots douloureux. Avec juste ce qu'il y a de pudeur et de reconnaissance envers cet auteur de m'avoir fait partager cette histoire.
L'humanité a basculé dans l'horreur, un jour ou les autres se sont décidés à éradiquer les humains : comme un signal, au même moment, des personnes ont profanés des cœurs, meurtrissant avec plus de hardiesse et de tourments les corps des petites filles. Les survivant sont traqués, certains trouveront des refuges, d'autres non. L'auteur n'en dira pas plus, sans nommer la ville ou le pays, mettant le doigt sur la possibilité égale d'un tel retournement de situation dans nos sociétés.
Les enfants se sont regroupés, dans les profondeurs de la ville, dans les égouts. Ils survivent tant bien que mal dans une anarchie telle que les enfants loin de s'unir, s'entredéchirent malgré tout pour survivre. C'est de là que vient Lumière. Elle porte très bien son nom, cherchant chaque petite étincelle pour ne pas être happée par l'obscurité.
Lui, il survit dans ce monde, en essayant de faire le moins de bruit possible de ne pas se faire repérer. Mais un jour, de sa fenêtre, il voit Lumière, sont corps meurtri, sale, recroquevillée sur elle même. Il brave le danger et part la chercher et la ramener en sécurité. Et c'est avec lui qu'elle restera pendant de longs jours.
Au début apeurée, s'installe progressivement une ambiance réconfortante, sécurisante qui permette à Lumière de découvrir le monde d'une façon différente que les affres de ce qu'elle vivait "en dessous". La relation qu'ils tissent est touchante, rassurante en même temps pour nous lecteur de voir des étincelles d'humanité dans un monde ravagé d'inhumanité.
Cette histoire est touchante, merveilleuse par moment, on y rit, on pleure, on angoisse à l'idée de ce qui se passera lorsqu'on tournera la page. Et on espère, on espère que cela ne se produise jamais dans notre réalité, tout en ayant conscience que cela est vécu par d'autres populations dans le monde. Car cette réalité, dépeinte sous les traits d'un vieille et d'une petite fille, elle n'a pas d'identité. On souffre de cette prise de conscience car au quotidien, on aimerait juste se mettre des œillères et se dire que l'être humain n'est pas capable de tout cela. Et pourtant...
De plus, il n'y a aucune description des horreurs commises, mise à part d'une scène de mise à mort. Cela rend justement l'imagination plus fertile, et on s'empêche de s'imaginer le pire.
J'ai découvert la plume de Cyril Massarotto avec "Dieu est un pote à moi". J'ai enchainé ensuite ses romans. J'ai également eu la chance de le rencontrer à la foire du livre de Saint Louis en 2014. Une rencontre charmante, simple et attentive pour la lectrice que j'e suis.
C'est d'ailleurs ce qui fait pour moi la subtilité de son écriture : il n'y a pas de grandiloquence, de longs monologues d'où l'esprit ressort amoindri par fatigue de compréhension (comme je viens de le faire hein ^^), mais au contraire, les mots se suffisent à eux même. Il va droit au but, sans s'encombrer de grandes phrases ou de longues descriptions. ce qu'il dit est suffisant pour se faire une idée des lieux, et on ne tourne pas autour du sujet pendant 400 pages.

En bref :

Si vous avez une librairie pas loin de chez vous, il est tant d'aller faire un achat, comme ça sur un coup de tête... Ce livre, je l'ai aimé, et je l'aime encore...

mardi 21 avril 2015

La Box de Pandore


La Box de Pandore
Qu'est ce que c'est ?
Nous sommes dans une grande période d'effervescence autour des box : Box Beauté, Box animaux, Box voyage, Box thé ou vin... Bref, il y en a pour tous les gouts... Ou presque ! Il y a encore très peu de Box livres... Et à nous, bibliophile, on se sent un peu exclu... Sauf que voilà la découverte de la Box de Pandore : Box enfant, elle se destine à la fois pour les plus grands et les plus petits. On découvre des livres pour enfants de qualités, livrés en fonction du sexe de l'enfant ou simplement de nos gouts, car nous, parents sommes aussi gâtés.
Comment ça fonctionne ?
Par abonnement ou achat unique, abonnement qui peut s'arrêter selon nos envies ou possibilité pécuniaires (eh oui, l'argent toujours l'argent...). Nous recevons la box à la maison, dans un joli emballage.
Qu'y a t il dans ma box du mois d'Avril ?
Un livre pour maman : "Unbreakme" de Lexi Ryan édition Hugo roman
Deux livres pour mon petit bout :
- "Nelly et César à la piscine" de Ingrid Godon et Inge Bergh aux éditions Averbode qui est un livre à volet (ce que mon garçon adore!)
- "Un éléphant dans mon arbre" de Barroux aux éditions Kilowatt
2 marques page
Du thé (3 sachets) accompagnés de chocolat (c'est pas trop mon truc mais bon, ça ne restera pas longtemps loin d'un estomac^^)
3 petits canards de bains
1 petite voiture (j'en suis ravie, il adore ça^^) .
Recommandations?
Bien évidemment, je recommande cette box pour les parents et les enfants, qu'il s'agisse de faire un cadeau, de se faire plaisir ou de faire plaisir à son enfant. cela peut même être ludique lors de l'ouverture du carton, à la découverte des "trésors de Pandore".
Maintenant, en ce qui concerne le prix, rien que l'addition des 3 livres, on est largement "gagnant". Cependant, il est certain que c'est un budget : certains le mettent dans des vêtements ou des restos, nous on préfère dévorer les livres (surtout que j'ai la chance de savoir cuisiner des entrées au dessert ^^).
Donc, je dirai que pour une première, je suis très agréablement surprise, surtout dans la qualité des livres pour enfants. Mon petit garçon est comme moi grand consommateur de livre, surtout lorsqu'ils sont interactif! du coup, un vrai plaisir de découvrir cette box.
Et puis n'oublions pas une chose : on se fait plaisir, j'aime toujours déballer un colis en ayant le plaisir de découvrir son contenu ^^
Le vrai plus? La disponibilité et la courtoisie de Mohamed de la box de Pandore.
Une jolie présentation, un coffret tout en couleur! J'adore ! Une jolie présentation, un coffret tout en couleur! J'adore !
Une jolie présentation, un coffret tout en couleur! J'adore !
Une jolie présentation, un coffret tout en couleur! J'adore !

"Un cri d'amour au centre du monde" - Kyoichi Katayama



Un cri d'amour au centre du monde



De Kyoichi Katayama, édition le livre de poche, 2005, Roman, littérature japonaise.
Résumé :
Qu’advient-il de l’amour quand l’être aimé disparaît ? Sakutaro et Aki se rencontrent au collège dans une ville de province du Japon. Leur relation évolue de l’amitié à l’amour lorsqu’ils se retrouvent ensemble au lycée. En classe de première, Aki tombe malade. Atteinte de leucémie, elle sera emportée en quelques semaines. Sakutaro se souvient de leur premier baiser, de leurs rendez-vous amoureux, du pèlerinage en Australie entrepris en sa mémoire. Quel sens donner à sa souffrance ? Comment pourrait-il aimer à nouveau ?
Mon avis :
Il est des histoires qu'on a du mal à quitter, espérant sans cesse un autre dénouement. Il y en a d'autres, par contre, où l'on sait pertinemment quelle sera l'échéance, et on observe défiler les pages, tel le défilement des jours.
Sakutaro se remémore, en Australie, sa rencontre avec Aki. Il passe en revue les années de collège, et avec poésie et douceur, il met en avant des détails parfois insignifiants, comme les ponctuations d'une voix, la finesse d'un visage qui étaient pour lui important. Avec pudeur, l'auteur nous dépeint les sentiments amoureux unissant ces deux adolescents.
Les personnages sont attachants, et crédibles. La différence culturelle d'avec le Japon évite un comparatif trop dur avec nos adolescents occidentaux : la façon qu'a l'auteur de dépeindre leur relation est totalement différente de ce qu'on peut lire par exemple avec "Roméo et Juliette" de William Shakespeare : la relation est quasi platonique, se suffisant aux rencontres, à la présence de l'autre, a une politesse parfois mièvre, mais toujours dans un profond respect. C'est peut être justement ce qui m'a fait aimer ce livre : il diffère de ce que l'on connaît des couples "occidentaux", en tout cas de la façon dont ils sont présentés dans la littérature.
Kyoichi Katayama explore également les relations familiales grâce à la présence du grand père de Sakutaro : on parle peu de ses parents. Il est très présent, et devient un interlocuteur de choix lorsque Sakutaro se pose des questions sur ses sentiments, sur les raisons de certains de ceux ci. Il pose parfois ses incompréhensions, ayant juste besoin d'une oreille attentive. Le grand père quant à lui le pose en adulte par les confidence qu'il va lui faire.
Parlons un peu plus du style :
Poétique, j'ai eu l'impression tout au long de la lecture d'être dans un parc en automne : j'étais transporté par la douceur et la mélancolie qui ressortent de ces pages. En surface, la lecture semble simpliste, mais comme la littérature japonaise n'est jamais simple, la subtilité réside justement dans cet art de faire simple, de minimaliser : les sentiments et la détresse de Sakutaro ne sont pas exacerbés, colériques ou même poussés dans des retranchements. Bien au contraire, ils sont esquissés.
La fluidité du texte permet de s'enrichir de cette histoire. Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une lecture adolescente tant il faut mesurer la complexité des sentiments humains. Mais c'est un récit de vie, comme il en existe tellement dans la réalité. C'est ce qui lui donne une saveur du présent.
En bref :
Un livre touchant et émouvant, plus profond que la simplicité du texte ne laisse présager. A découvrir pour qui aime la littérature japonaise et les histoires d'amour.

dimanche 19 avril 2015

"Le coup de la girafe" - Léo Grasset



Le coup de la girafe



De Léo Grasset, Edition Seuil, 2015, documentaire

Résumé :

Pourquoi les girafes ont-elles un si long cou et les zèbres des rayures ? Quel rapport entre une foule de supporters sportifs et un troupeau de gazelles ? Avez-vous déjà frémi d'épouvante à la mention du mot « ratel » ? Les animaux de la savane africaine ont encore beaucoup à nous apprendre. Ce livre vous expliquera le talent des termites bâtisseurs qui construisent des orgues pour respirer, le rôle du hasard dans la fuite de la gazelle, la dictature quotidienne que subissent les éléphants alors que les buffles vivent en démocratie, l'importance de la Voie lactée pour les bousiers, et le point commun entre les tétons humains et le pénis des hyènes. « Rien en biologie n'a de sens, si ce n'est à la lumière de l'évolution », disait un célèbre généticien. Mais cette lumière projette des ombres étranges et difficiles à décrypter, et les sujets présentés sont aux frontières actives de la recherche scientifique ! Un livre d’histoires naturelles, contées avec légèreté et humour par un jeune biologiste aventureux et superbement illustrées par ses photographies.

Mon avis :

J'ai découvert Léo Grasset grâce à ses vidéos de vulgarisation sur YouTube : Dirty Biology. Chaine attractive, il met tout son talent et sa connaissance pour expliquer au plus grand nombre la biologie. Présentant sa chaine mieux que moi, je vois renvois en fin d'article vers le lien de sa chaine YouTube (allez y ça vaut vraiment le coup!).
Ce livre était à la base prévu en divers articles pour son blog. Et je suis bien contente qu'il ne l'ai pas fait!
L'objet livre tout d'abord est vraiment agréable : la couverture aussi colorée embarque l'auteur vers un ailleurs, et l'ensemble de l'ouvrage est très bien écrit, fluide, remplie d'humour.
Le point à la fois positif et négatif : Les illustrations. Celles ci ont été réalisés par son frère , Colas Grasset. Elles sont très bien imaginées, parfois humoristiques et servent parfaitement le livre. Cependant, dommage qu'elles ne soient pas en couleur! Mais ce petit point mis à part, cela reste un livre très accessible avec des illustrations qui lui donnent vie!
Le corps du texte à présent, est comme je le disais plus haut, fluide : on retrouve le ton des vidéos, et en lisant, on imagine aisément la voix et la présentation de Léo Grasset. Les chapitres, divers et nombreux, posent toujours en premier un problème scientifique : en donnant son impression et dévoilant les recherches passées ou en cours, il permet de mettre à disposition des informations très intéressantes.
Les chapitres soulèvent uniquement des observations et son expérience dans la savane.
On apprécie par ailleurs le livret central contenant des photos réalisées par l'auteur : très poétiques, elles se réfèrent le plus souvent à un chapitre du livre.
L'auteur arrive à mettre en avant des anecdotes piquantes et pleine d'humour (J'ai adoré le chapitre sur le Ratel.... ! J'ai beaucoup ri mine de rien, allez voir!). Accessible au plus grand nombre, il sensibilise également sur les problèmes écologiques, sans martyriser le lecteur en l'admonestant de reproches. Pour mieux se comporter, il faut comprendre l'environnement dans lequel nous vivons! C'est une morale que j'ai beaucoup apprécié!
Enfin, j'ai une question : à quand le prochain volume? Car on a envie d'en découvrir plus, par lieu d'habitation géographique, par système ou même famille.... Car ce premier volume pourrait amener plusieurs suite. De plus, il peut être un vrai support d'étude pour les collégiens et lycéens, tant il est abordable au niveau contenu.

En bref :

A découvrir, à lire, relire, et partager : pour frimer dans des repas ou simplement sensibiliser sur l'impact "humain" dans l'environnement! J'ai adoré!

jeudi 16 avril 2015

"Charlotte" - De David Foenkinos : Coup de coeur, coup au coeur...


Charlotte : Coup de coeur, coup au coeur...



De David Foenkinos, éditions Gallimard, 2014
Résumé :
Ce roman retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu'elle était enceinte. Après une enfance à Berlin marquée par une tragédie familiale, Charlotte est exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d'une œuvre picturale autobiographique d'une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant: "C'est toute ma vie." Portrait saisissant d'une femme exceptionnelle, évocation d'un destin tragique, Charlotte est aussi le récit d'une quête. Celle d'un écrivain hanté par une artiste, et qui part à sa recherche.
Mon avis :
J'ai toujours aimé l'écriture de David Foenkinos : intense mais légère, sans dissonance, et avec une aptitude certaine de nous emmener dans son monde. Ici, j'ai été surprise par la forme du roman : une longue litanie en prose, une confession, un serment.
C'est un véritable coup de cœur de part sa fluidité, sa beauté et sa vérité. L'auteur est tombé en admiration face aux œuvres de Charlotte Solomon. Une jeune femme dont il dépeint la vie avec autant de sincérité. A plusieurs reprises dans le roman, il nous parle à nous lecteur, pour nous expliquer comment il a rencontré Charlotte, quel a été son cheminement, son questionnement face aux horreurs qu'elle a vécu.
En effet, on rencontre Charlotte dés sa prime enfance, et il esquisse avec brio les malheurs qui vont la suivre tout au long de sa vie. Il s'attarde sur ces relations familials, comme une volonté de garder présente toutes ces identités.
Charlotte grandit dans une Allemagne en pleine mutation, nous vivons avec elle les dénonciations, les rapts, les horreurs de l'Histoire. Elle garde la tête haute, avec un seul objectif : terminer son œuvre... Une frénésie créatrice qui se ressent tout au long du livre.
Ce livre est difficile à expliquer : c'est un tourbillon qui vous remue de l'intérieur : j'ai ressenti chaque passion chaque douleur. Cette prose, différente des autres témoignages, a mis des accents mélancoliques importants. J'en suis ressortie abasourdie, et sans voix.
C'est un merveilleux hommage à ce devoir de mémoire qui doit lier les hommes de ce monde : pour que plus jamais cela ne se reproduise...
Les œuvres de Charlotte Solomon :
Je n'ai assouvi ma curiosité qu'à la fin de la lecture du livre. Je ne connaissais les œuvres. En les observant je comprenais toute la force de conviction, tout ce qu'elle a pu mettre dans ses peintures : elles relatent sa vie, elles relatent son histoire, ses espérances. Elles reflètent parfaitement tout le cheminement de Charlotte depuis sa jeunesse, jusqu'au point final de sa vie.
Elles sont, malgré ce qu'elles racontent, lumineuses, pleine de vie, de réflexion! Je ne suis pas du tout experte, je côtoie les ouvres en profane et je ne vois pas toujours le sens de ce qu'a voulu dire l'artiste sans quelqu'un qui mette le doigt dessus (eh oui!).
Cependant, pour les peintures de Charlotte Salomon, je comprenais, je comprenais surtout la nécessité de raconter, de dire, d'expliquer, de montrer, de se libérer... Une vraie rencontre!
En bref :
Excellent ! Mon coup de cœur et mon coup au cœur ! Un livre poignant!
"Leben? oder Theater? Ein singespiel | Museumstukken | Joods Historisch Museum | Joods Cultureel Kwartier". Jhm.nl. 2012-05-23. Retrieved 2014-08-11.
"Leben? oder Theater? Ein singespiel | Museumstukken | Joods Historisch Museum | Joods Cultureel Kwartier". Jhm.nl. 2012-05-23. Retrieved 2014-08-11.

mardi 14 avril 2015

"Ailleurs" - De Julia Leigh



Ailleurs



De Julia Leigh, Edition Christian Bourgois Editeur, 2008
Résumé:
Quittant l'Australie avec ses deux enfants, Olivia se réfugie en France dans la demeure familiale où elle a grandi. Après des années d'absence, elle y retrouve sa mère et son frère, de retour avec sa femme. Dans cet univers fragile, riche en émotions, chacun tente de tenir bon tandis qu'un tragique secret les rapproche sans cesse d'une possible rupture...
Mon avis :
C'est un roman bref, court, intense. L'atmosphère est pesante car nous débarquons comme la femme et ses enfants vers cet "ailleurs". Il y a tout pour faire de ce roman quelque chose d'accrocheur, mais.... C'est inabouti, trop de blancs dans les histoires.
On arrive donc dans une propriété avec "la femme" que l'auteur nommera à chaque fois ainsi, la dépersonnalisant complètement surtout au vu de ce qu'elle a vécu qui est dit à demi mot. Je trouve cela déshumanisant. Elle est avec ses enfants, et rejoint la demeure familiale. Il y a son drame, et en parallèle, le drame que va vivre son frère qui arrive quelques temps après elle avec son épouse.
Les personnages sont décrit de par leur sentiments : on trouve des enfants enjoués mais inconscients des dangers, une femme taciturne, éprouvée, un homme qui sert de bâton sur lequel on s'appuie pour avancer, une femme qui est murée dans son silence et sa souffrance... On les imagine mais de façon flous.
Les épreuves qu'ils traversent sont teintés d'angoisse, de difficulté. Mais en même temps, j'ai l'impression que l'auteur a voulu dépeindre ainsi les événements. Cela leur donnent davantage de profondeur, mais laisse un gout d'inachevé qui pour moi est difficile à combler.
L'écriture est libre, sans finesse et sans poésie. Très mélancolique, elle est accrochante et garde le lecteur en alerte dans une atmosphère parfois voyeuriste. On ressent beaucoup d'empathie, mais celle ci est freinée par le manque d'informations.
J'aurais aimé qu'on aille plus loin, que l'auteur décortique les événements, explique le passé de ses personnages. Nous suivons simplement une tranche de vie, j'aime beaucoup cela en règle générale. Mais les thèmes abordés sont tellement poignants et importants qu'on se dresse face à un mur : il est impossible d'y grimper car nous n'avons pas de cordages. Nous avançons en terrain aveugle. Cela peut beaucoup plaire, et cette ambiance noire est l'une que je préfère pour m'immerger dans une histoire. Mais ce développement si court je ne m'y suis pas faite.
Dans la réalité, nous arpentons les vies de nos proches et de nos connaissances, sans connaître tout de leurs vies et des contraintes qu'ils rencontrent. Est ce le message de l'auteur?
En bref :
Inabouti, l'histoire était prometteuse. Bonne lecture, mais on sent tellement son potentiel, qu'on aurait aimé que le livre soit différent.

lundi 13 avril 2015

"L'ennemi" - De Erich Maria Remarque,



L'ennemi



De Erich Maria Remarque, édition Le livre de poche, 2013, Nouvelle
Résumé :
"Au dessus de ces champs semblent se dresser les années perdues, les années qui n'ont pas été et qui ne trouvent pas le repos - le cri de la jeunesse anéantie trop tôt, fauchée en pleine course." E.M.R
La guerre - La Grande Guerre -, et la vie qui reprend. L'inhumanité des combats, le difficile retour à la vie civile, les souvenirs obsédants. Dans ces six nouvelles qui parurent après son exil aux Etats-Unis, l'auteur de A l'ouest rien de nouveau montre à quel point le militarisme et le nationalisme sont des machines à décerveler et à tuer et livre un réquisitoire sans didactisme et sans pathos contre la bêtise et l'inutilité de toutes les guerres.
Mon avis :
Je n'ai lu que très peu de livres concernant la Première Guerre mondiale. Celui ci se présente sous forme de nouvelles, brèves, emplie d'humanité et de tristesse. Elles retracent avec mélancolie les conséquences de la guerre : l'originalité pour moi est de présenter sous l'œil d'un allemand, mais en montrant bien que la jeunesse sacrifiée était la même.
En premier lieu, un lieutenant évoque sa rencontre avec des prisonniers de guerre français, et la prise de conscience qui en découle : ces hommes étaient comme lui
Dans la seconde nouvelle, on est face à la ténacité et à tout l'amour que porte une femme à ramener son mari du traumatisme vécu durant la guerre. Ainsi elle l'accompagne, longuement, dans le silence, mais toujours proche de lui sur les pas qu'il a fait jadis durant ces moments terribles.
Puis nous suivons Karl, qui au retour de la guerre dans son village quelques années plus tard, revit les événements.
Dans la cinquième nouvelle, c'est l'échec de prise de contrôle d'un bateau qui vaudra à Johann et ses compagnons d'infortune de se retrouver au goulag durant 15ans.
Gerhard aime Annette. Celle ci ne se rend vraiment compte des sentiments de celui-ci que lorsqu'il sera trop tard.
Enfin, E.M Remarque évoque le silence, lourd et pesant qui accompagne la fins d'une bataille.
Ces nouvelles sont tout en poésie, et douceur triste. Les événements sont évoqués à demi mot, ce qui donne davantage de force à ce récit.
En bref :
Un livre à découvrir, remarquable de finesse pour appréhender les suites de la guerre.

vendredi 10 avril 2015

"Le rapport de Brodeck" - Philippe Claudel




Le rapport de Brodeck



De Philippe Claudel, édition Stock 2007, roman
Résumé :
Je m'appelle Brodeck et je n'y suis pour rien. Je tiens à le dire. Il faut que tout le monde le sache. Moi ne n'ai rien fait, et lorsque j'ai su ce qui venait de se passer, j'aurais aimé ne jamais en parler, ligoter ma mémoire, la tenir bien serrée dans ses liens de façon à ce qu'elle demeure tranquille comme une fouine dans une nasse de fer. Mais les autres m'ont forcé: "Toi, tu sais écrire, m'ont-ils dit, tu as fait des études". J'ai répondu que c'étaient de toutes petites études, des études même pas terminées d'ailleurs, et qui ne m'ont pas laissé un grand souvenir. Ils n'ont rien voulu savoir: "Tu sais écrire, tu sais les mots, et comment on les utilise, et comment aussi ils peuvent dire les choses. Ça suffira. Nous on ne sait pas faire cela. On s'embrouillerait, mais toi, tu diras, et alors ils te croiront".
Mon avis :
Connaissez vous l'expérience de Milgram?
Au sortir de la seconde guerre mondiale, plusieurs scientifiques se sont posé la question du "pourquoi" et "comment" un individu qui dit simplement obéir aux ordres, peut aller jusqu'à torturer une personne. Entre 1960 et 1963, le psychologue américain Stanley Milgram a évalué le degré d'obéissance d'un individu devant une autorité qu'il jugeait légitime, et il analysa le processus de soumission. Et le problème de conscience?
Malgré la controverse, les tests montraient des résultats troublants....
Ce livre aurait pu être un témoignage d'un rescapé de la seconde guerre Mondiale. Ce livre est un témoignage, imaginé, mais assez réaliste pour se dire que cela aurait bien pu se passer.
Le génie de Claudel, c'est de ne pas nommer : ni la seconde guerre, ni le pays où il se trouve, ni même le mot Shoah ou Juif. Permettant de tisser large dans les esprits, on se détache alors de la guerre et on s'intéresse plus particulièrement à l'histoire d'une vie, d'un village. Les répercussions des souffrances engendrées par la guerre sont aussi terribles que la guerre elle même.
L'auteur ne travail pas de façon linéaire, et au début de la lecture, les mises en abime ou les flash back étaient difficiles à dresser sur une frise chronologique. Mais plus on entre dans le récit, et mieux on comprend la raison de la confection de grand puzzle : une réalité aussi lourde et pesante est difficile à relater en une traite, l'esprit fait des détours pour mieux appréhender les choses. J'ai même eu l'impression à divers moments que le fait de "recoller" les morceaux éparses de sa vie était un moyen de se donner ou de se redonner une identité : un travail à la fois psychologique, mais également un devoir de mémoire . Car tout au long du livre, on ne saura pas le prénom de Brodeck. Il est Brodeck, de cela il est sûr.
Notre rapport à l'autre est malmené : Sartre disait que "l'enfer, c'est les autres". Mais l'autre est également un reflet de moi même. dualité importante entre la peur d'être mauvais et de se voir mauvais. La nuance est fine, certes, mais prégnante dans ce livre. Un village se dresse contre un "étranger" donc un autre que soit qui perturbe et dérange. L'Anderer, l'autre, aura un rôle de révélateur de personnalité enfouie de chaque villageois. Ces derniers, ne supportant pas ce qu'il voit de l'image miroir rendu par l'étranger feront éclore l'incompréhension, le racisme.
Mais peut on être juge et bourreau? Brodeck, doit rédiger son rapport au maire du village. Pourquoi lui et pas un autre? Les raisons apportées par l'auteur sont multiples, et nous pouvons prendre en considération l'une ou l'autre, ou toutes en même temps. Brodeck travaille seul à la rédaction, mais en parallèle, sa mémoire ressasse, et sa vie défile, des moments de joie au moments les plus atroces.
Les témoignages des camps de concentration sont nombreux, celui ci, même s'il ne s'agit pas d'une vraie histoire, dresse tout de même l'horreur de l'humanité envers son prochain. Bien des penseurs et des innocents survivants de ces camps ont écrit et parlé avec cœur de ces abominations. Je n'évoquerais donc pas ce qui se trouve dans le livre.
Les personnages sont exposés avec précision et minutie. On ne connaît pas le passé de tous, mais quelques lignes suffisent pour savoir qui on a en face de soi. La nature, très présente tout au long du livre, est également personnifiée. Se noue avec elle des moments doux et pénibles.
L'écriture est soignée, poétique, mais aussi mélancolique et tragique : l'inhumanité est dépeinte avec force et réalisme : la lâcheté, les crimes sous couvert de la masse et du nombre. Il n'y a ni empressements, ni rapidité, l'auteur ne bâcle ni les détails, ni les faits plus importants : le ton est égal et réfléchi.
Un mot sur la couverture : un visage quelconque, et en même temps un visage marqué, le regard fixe et déterminé. Mais intrigante, à l'image de son contenu.
En bref :
Un roman attachant car on le vit telle une confidence et une recherche de vérité. A lire absolument!