mercredi 20 décembre 2017

"Monsieur Loup a les crocs" - Sandrine Marie Simon

Merci à Babélio pour son événement Masse critique ainsi qu'aux éditions Rue échiquier pour ce partenariat.

De Sandrine-Marie Simon, éditions Rue Echiquier, 05/10/2017, Jeunesse, Album.


Résumé :

Monsieur Loup a une très grande faim, il mangerait bien au moins trois petits cochons…
Cette histoire vous dit quelque chose ? Eh bien, détrompez-vous !

Dans cette version, contre toute attente, les petits cochons vont ouvrir leur porte au loup affamé. Ils commencent par l'’installer confortablement, l'équiper dune grande serviette autour du cou, puis ils le régalent d'un festin de légumes fraîchement cuisinés. Le loup, incrédule, ne peut que le constater : non seulement, il est rassasié, mais en plus il a beaucoup aimé ce qu'il a dégusté

Mon avis :
   

    Il est toujours agréable de se plonger dans une histoire. Que l'on soit grand ou petit, la magie opère à chaque fois, même si, je vous l'accorde, être parent facilité grandement l'émerveillement, les yeux brillants de nos enfants étant là.

    Encore une fois, j'ai pris grand plaisir à faire découvrir cette lecture à mon fils. Étrangement, à la première lecture, il n'avait pas souhaité en parler. L'histoire relate celle d'un loup qui va tenter de jouer un mauvais tour à trois petits cochons. Il a pour projet de les manger et pour finir, ayant exprimé sa faim, il se retrouve... Attablé avec eux.

    Le lendemain de la première lecture, j'ai demandé à mon fils de choisir une lecture. Il a repris "Monsieur Loup a les crocs" en me disant qu'il a une faim de loup ! Ce soir-là, il m'a interrompu quasi à chaque page pour poser des questions sur ce que fait le loup, ce qu'il a envie de manger, et pourquoi il finit par manger avec les petits cochons.
À coup sûr, le livre est réussi en cela : il arrive à questionner l'enfant. 


  On s'amuse également de ce que les petits cochons soient de vrais chefs cuisiniers et toujours prêt à ravir les papilles de ce loup affamé.

    L'adulte que je suis se souvient alors de l'histoire des trois petits cochons, qui avaient également rusé pour éviter de se faire manger le loup. Ici, l'histoire met en lumière l'amitié possible entre ce grand prédateur et ses proies. Cela n'a pas empêché mon fils de me répéter à plusieurs reprises que lui aussi a une "faim de loup".

    L'histoire et les mots sont abordables pour un enfant. Les dessins agréables, les contours fins et donc faciles de reconnaître les personnages et les formes. Mon fils a suivi l'histoire en regardant les images et en y posant son doigt dès qu'il observait une situation que je lisais.
En bref :

Un moment agréable, une lecture permettant à l'enfant de réfléchir sur les comportements.


dimanche 19 novembre 2017

"Le compte à rebours du père Noël" - Kim Thompson


Mes remerciements à NetGalley et aux éditions chouette à nouveau pour cette découverte. 

De Kim Thompson, éditions Chouette, Crackboom, octobre 2017, Jeunesse, Noël. 


Résumé : 

Compte les jours jusqu'au soir de Noël avec le Père Noël et ses lutins ! Un livre pour faire patienter les petits jusqu'au jour J.
Pour le père Noël et ses lutins, le 1er décembre marque le début des préparatifs de Noël. Suis le père Noël au cours de 24 jours qui précèdent la grande fête.
Tous les jours, à partir du 1er décembre jusqu'à la veille de Noël, les enfants pourront lire une courte histoire racontant comment se préparent le Père Noël, la mère Noël, les lutins, les rennes pour la grande fête de Noël, de la remise en forme du Père Noël à la fabrication des jouets dans l'atelier des lutins.

Mon avis : 

    Lorsqu'arrive le temps de Noël, il est aussi temps de gâter nos petits. J'ai pris l'habitude de lire les livres que j'achète pour mon fils avant de lui en faire la lecture. Je m'imprègne de l'histoire et j'essaye d'adapter si je le trouve compliqué pour son âge. Je pense pouvoir créer un petit rituel avec cette histoire. J'espère penser à faire un update pour vous en faire un retour. Je me mets un pense-bête. 

    Le compte à rebours du père Noël est une histoire touchante, gardant la magie de Noël et surtout les facéties des petits lutins. Composé de différentes histoires, il s'agit en fait d'une sorte de calendrier de l'avent, constitué d'un ensemble d'histoires courtes, le livre se laisse découvrir. Il est plus adapté à un jeune âge, mais cela n'est pas assez dense pour remplacer la lecture du soir. C'est une petite parenthèse de lecture.


    Les histoires sont agréables, et remplies de bon sentiment. Les lutins font leur maximum pour que le Noël soit toujours aussi merveilleux. Cela donne quelques gags imparables. Nous avons tous l'imaginaire d'un vieux monsieur à la grosse barbe blanche et sa tenue rouge. Les lutins aimeraient le relooker, et même modifier en version tuning le fameux traîneau. 


    Les illustrations sont réussies et les mimiques du Père Noël vraiment drôles.

En bref :


    Une lecture agréable, adaptée pour les tout petit. Et cela fera un rituel agréable en parallèle de la dégustation d'un petit chocolat par exemple... 

"Caillou : la veille de Noël" - Anne Paradis


Merci NetGalley et les éditions Chouette pour ce petit livre de Noël. 

D'Anne Paradis aux éditions Chouette, 2015, Jeunesse, Noël

Résumé :

C’est la journée qui précède Noël et Caillou n’en peut plus d’attendre la nuit !
Il planifie même de rester éveillé toute la nuit pour assister au passage du père Noël. Mais cela s’avère un peu plus difficile que prévu… Le matin venu, son bas de Noël est rempli de présents !

Mon avis :

    C'est bientôt Noël !! Eh oui, nous sommes en novembre et déjà les décorations s'installent doucement, les enfants pensent à leurs futurs cadeaux et élaborent leur lettre au père Noël... Et il y a les lectures de Noël. Je ne suis pas une aficionados de celles-ci pour ma part. Mais les livres pour enfant sont magiques ! En tant que parent, je ne pense pas être la seule à retomber dans la magie et l'ambiance en lisant ces livres. Et bientôt, nous allons préparer nos petites cartes de Noël avec mon fils ! Je vous partagerai tout cela. 

    Caillou est pressé ! C'est bientôt Noël et il aimerait tellement ouvrir ses cadeaux ! Mais il doit patienter. Son papa et sa maman lui ont bien expliqué que le papa Noël ne passera pas s'il l'épie de la sorte. Caillou a tout de même décidé de veiller et attend la venue du père Noël ! 

    Cette petite histoire est très agréable à partager avec nos petits loulous. Mon fils a bien aimé la curiosité de Caillou. Les illustrations sont très agréables et douces visuellement. L'histoire permet à l'enfant de s'identifier et met en scène la veille de Noël, le réveillon et pas uniquement la journée de Noël. Cela permet d'expliquer qu'il faut être patient avant de pouvoir ouvrir les cadeaux. 

    Et il y a cette envie irrépressible de voir le père Noël. Celui-ci ne passera que lorsque le petit sera endormi. Un bon moyen pour les parents de  réfréner leur impatience. 

En bref : 

Une lecture agréable qui nous fait partager la magie de Noël avec nos enfants. 





mardi 7 novembre 2017

"Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis" - Luis Sepulveda


De Luis Sepúlveda, traduit par Bertille Hausberg , aux éditions Métallié, 2013, Jeunesse, Conte, Animaux, Amitié. 

Résumé : 

Max est l'humain de Mix et Mix est le chat de Max. Ils grandissent ensemble, ils sont amis pour de vrai. Lorsque Max part faire ses études, il emmène son chat bien-aimé. Max est souvent absent et Mix, devenu vieux et aveugle, passe de longues journées solitaires. Un jour, un bruit suspect lui révèle la présence d'une souris mexicaine très sympathique, qu'il baptise Mex. La souris bavarde et trouillarde, raconte le monde à Mix, qui l'emmène en balade et lui donne un coup de main quand il faut atteindre la dernière étagère du placard. Ils sont très différents, mais entre le chat rêveur et la souris gourmande et volubile naît une amitié comme sait si bien les raconter Luis Sepúlveda.

Mon avis :

    Comme pour John Steinbeck, je n'avais jamais lu Luis Sepúlveda. J'ai réparé cette erreur en découvrant ce joli conte. Classé également en jeunesse, il est facile en compréhension. Et je l'avoue, cette couverture m'a fait de l'œil. 

    Max est un jeune homme qui possède un chat nommé Mix. Ils grandissent ensemble, se comprennent. Mais en vieillissant, Mix perd la vue. Terminé ces moments où il pouvait se promener sur le toit de la chambre de Max alors qu'il fait ses études. Fini cette sensation de liberté, le vent et le soleil caressant son pelage. Un jour, il entend du bruit et rencontre une petite souris. Peureuse et bavarde, celle-ci deviendra plus que l'amie de Mix. Ce dernier ira jusqu'à lui trouver un joli nom : Mex. 

    Plus qu'une nouvelle, il s'agit vraiment d'un beau conte. Ces deux animaux, le chat et la souris, ont toujours souffert de l'image de deux ennemis. Luis Sepúlveda les associe à une histoire où l'amitié dépassera la différence et les instincts. C'est en cela qu'il peut être lu aux enfants. Mon fils est un peu petit encore, mais nul doute qu'il connaîtra dans les prochaines années cette histoire. 

    L'écriture est très agréable. La traduction, encore une fois, est vraiment réussie : on ressent pleinement l'amour que porte l'auteur aux chats, ces animaux si intrigants. Qui d'autres qu'un amoureux des chats peut parler avec autant de douceur de ces animaux. Cette histoire est riche d'enseignements ! Car cela semble léger, trivial, on passe un moment agréable avec ces personnages, mais au final, on apprend le vieillissement, on apprend le lien entre l'homme et le chat, on apprend la tolérance face à la différence, on apprend l'entraide, on apprend. 

    J'ai passé un très bon moment de lecture. Et la morale à re tenir :  « Quand les amis s’unissent, ils ne peuvent pas être vaincus ».

En bref :

Une lecture pas si légère, avec de belles leçons de vie. Un conte plein d'enseignement, à partager avec les enfants. 

dimanche 5 novembre 2017

"L'art de la guerre 2" - Sophie-Marie Larrouy

De Sophie-Marie Larrouy, éditions Flammarion, sortie le 01 novembre 2017, Contemporain, Société, Roman.

Résumé :

2 500 ans après Sun Tzu, Sophie-Marie Larrouy écrit la suite du premier best-seller de l'histoire.
Parce que nos guerres ont changé.
Parce qu'on a plutôt en mémoire des galères de couples que des souvenirs de batailles en rase campagne.
Parce que l'odeur des sapinettes accrochées au rétro nous est plus familière que celle des bivouacs militaires.
Parce qu'il est beaucoup plus dur d'aimer les gens que d'être fâché tout le temps.

Mon avis : 

    J'ai découvert Sophie-Marie Larrouy par le net. Cet outil qui a permis, depuis quelques années, l'émergence de nouveaux métiers, nouveaux artistes, nouvelle façon de s'occuper. Jusqu'à il y a quelques années, les séries, les films, les émissions étaient diffusés à la télévision. Les plateformes telles que YouTube, Dailymotion, Netflix permettent aux spectateurs de découvrir de façon différentes certains artistes, permettant à ceux-ci de se faire connaître ailleurs que par le "petit écran". 
    L'intérêt de ces plateformes ? Nous ne sommes pas dépendant d'une programmation, nous consommons ce que nous souhaitons et quand nous le souhaitons. Le "replay" permet d'organiser son quotidien et de choisir encore une fois les programmes que nous choisissons de voir à la télévision. Ce fameux choix !

    Il est difficile de résumer ce livre. Il s'agit de souvenirs un peu disparates, dont le fil conducteur n'est autre que les expériences que l'on fait à différents âges. Nous suivons la narratrice quand elle allait chez sa mamie à 4 ans et qu'elle a fêté son anniversaire. L'adolescence, les questionnements sur soi, la relation aux autres. À 18 ans, l'entrée dans la vie active, devenir une adulte. Puis la vingtaine, ses relations avec les hommes, des souvenirs de l'attentat du Bataclan, la vision de la vie avec un avant et un après. Une femme épanouie, en ne voulant plus essayer de ressembler aux autres, mais juste à elle-même. Des réflexions sur la sexualité plutôt percutantes. 

    Il y a sans doute des passages autobiographiques avec des lieux où l'auteure a grandit. L'histoire se déroule en Alsace, avec des références qui évidemment sont proches de moi : les Vosges, Mulhouse (j'y vis), certaines petites références à la région. Alors oui, je me suis soudain sentis proche. Je suis de la même génération
    Ce dernier point a rendu ma lecture particulière. J'ai ri avec nostalgie, me souvenant de moi au même âge avec des références musicales, ou juste des phrases et des expressions de l'époque. Je me suis sentie proche avec des interrogations que j'ai eu, des expériences et des réflexions quasi-identiques. Bref, une partie de moi connaît cette histoire. 
    J'ai lu avec plaisir, avec un sourire parfois triste et nostalgique. J'ai aimé cet humour et cette forme d'autodérision. On se moque toujours avec le recul des années de certains de nos agissements. On y pose surtout un regard bienveillant : je n'ai ressenti ni provocation ni moquerie. Surtout, en tournant les pages, je suis dit : "Oui c'est vrai".

    L'écriture n'est pas romancée. Je la classe dans la partie écriture "parlée". Cela m'a beaucoup gênée au début, car cela ne me correspond pas. Progressivement, en même temps que la petite fille devient une jeune fille puis une femme, l'écriture gagne en maturité. Et au final, j'avais l'impression d'avoir Sophie-Marie Larrouy qui me racontait ces souvenirs alors qu'on était attablé à une terrasse. Une lecture que je n'ai pas eue l'impression de faire en solitaire. J'étais avec une "amie" et on se souvenait de tout ce qui a changé depuis notre enfance. Cela lui donne une singularité.  

    J'ai eu le plaisir d'écouter l'auteure expliquer sur un de ses réseaux sociaux, que le titre qu'elle a choisi fait référence à ce que "les combats mené aujourd'hui ont changés". Cela peut sembler présomptueux, mais au final, non. Aujourd'hui, dans notre société, nous ne cherchons pas à savoir comment creuser des tranchées, exécuter des manœuvres militaires, mener un combat à coup d'arbalètes ou de lance-pierre. Nos combats ont changé, tout comme la société dans laquelle nous évoluons. Nos aspirations également.
    Les combats menés aujourd'hui sont divers : dans notre pays, il s'agira d'améliorer nos conditions de vie, l'égalité des sexes, l'acceptation de toutes les orientations sexuelles, la lutte contre les violences domestiques et le harcèlement sexuel... Bref, les luttes actuelles ne sont pas celles d'hier, et ne seront pas celles de demain. 
    À chaque âge, nous nous souvenons égoïstement de ce que nous voulions. Oui, je dis égoïstement, car au final, avant de devenir adulte et d'avoir conscience du monde qui nous entoure, de trouver notre place dans la société, on pense à notre univers direct uniquement. Nos combats ne seront pas identiques à d'autres pays qui sont en guerre par exemple : ils dépendent de notre environnement. Dans 1000 ans, nos combats seront passés. Un simple épisode de la civilisation humaine.

En bref : 

Entre humour et paroles sans concession, Sophie-Marie Larrouy nous présente un livre riche en réflexion sur nous-même mais aussi sur la société au travers de l'expérience qu'on acquiert. Nos combats passés, présents et à venir sont différents. Une grande sœur parlant aux générations suivantes.

vendredi 3 novembre 2017

"Linea Nigra" - Sophie Adriansen


De Sophie Adriansen, éditions Fleuve, 2017, Maternité, Grossesse, Histoire de vie, Roman.

Résumé :



Ce roman est celui d'un amour naissant entre un homme et une femme. Ce roman est celui de cette femme bientôt mère. Et avant cela, enceinte. Entre ces deux états, un accouchement. Une fin et un début à la fois. La ligne noire verticale apparue sur le ventre de Stéphanie annonce ce tsunami, ce condensé fiévreux d'existence que provoque la maternité.

Mon avis :

    Je suis infirmière. Je connais les protocoles de soin et les protocoles de chirurgie. De part ma profession, j'ai des connaissances qui me permettent d'appréhender certains événements. Comme je suis infirmière, je n'ai pas eu le même accompagnement pendant ma grossesse, car je suis dans la profession et donc je savais beaucoup de choses... J'ai manqué d'informations et heureusement, j'ai une amie sage-femme que j'ai pu harceler de question.
    Cela n'a pas empêché ma césarienne de se dérouler dans des conditions inhumaines, à vif, avec un anesthésiste qui m'a dit que je mentais lorsque je hurlais que ça me faisait mal. Le produit d'anesthésie avait diffusé dans mon dos. Chaque incision a été une torture. Je suis infirmière, et je sais que le protocole n'a pas été respecté. Il était 20h un samedi... Je n'ai pas accouché. J'ai entendu les premiers cris de mon bébé, j'ai tenu jusque-là et mon cœur a lâché.

    "Linea Nigra" est un livre qui m'a fait tilt au moment où j'ai vu les éditions Fleuve en faire la promotion. Il y a des histoires qui nous heurtent, nous blessent et nous permettent de mettre à distance des événements. Sophie Adriansen, dont j'avais apprécié l'écriture avec "Les grandes jambes", nous offre ici un livre riche, pertinent, loin d'être accusateur.
    La construction du livre est très agréable : on ne suit pas de façon linéaire la grossesse de Stéphanie et la naissance d'Ulysse. Le livre est découpé en citations, explications, témoignages divers, le "maintenant" pour parler de sa grossesse et de son accouchement, et "l'avant", en parlant de sa relation avec Luc.
    Ce que j'ai apprécié dans cette découpe, c'est que cela m'a permis de ne pas plonger directement dans les souvenirs. Mon expérience de lecture sera différente de la votre, car la naissance de mon fils a été différente. J'ai aimé entrecouper le récit d'éléments terre-à-terre, très factuels. Arrivée à la césarienne, je me suis fait la réflexion "ah, c'est déjà fini". Stéphanie c'était longuement préparé pour ce passage par voie basse. Elle a pu tenir et voir son fils. Je rationalise, car j'ai vécu des choses différentes. 

    Les explications données tout au long du livre et les interactions avec le personnel soignant me fait penser à plusieurs choses :
-  Tout d'abord, nous avons dans notre société de grandes idées, de grandes propositions, mais qui ne passent pas toujours les portes des maternités. Pourquoi ? Il y a une question de coût ! Eh oui, cet argent toujours qui empêche les soignants de travailler dans de vraies bonnes conditions. C'est une réalité de terrain. Aménager les maternités, former le personnel, acheter le matériel adéquat, oui ça a un coût... 
L'accompagnement de la femme enceinte n'est pas réalisé (pour tout le monde) à sa juste importance : en prenant le temps avant, on évite beaucoup de problèmes après. Le rôle de la sage-femme n'est pas utilisé dans toutes ses possibilités. On peut encore améliorer et personnaliser le suivi des parturientes.
Revenir à des méthodes plus "naturelles", revient à reconsidérer toute la démarche scientifique et les avancées faites. La diminution de la mortalité infantile et maternelle est dépendante de cette science ! À mon sens, il est difficile de ne rien vouloir de "médical", mais trouver un juste-milieu. Et sans doute mieux préparer les femmes à cet événement en entendant leur souhait, et pas en soufflant en pensant que c'est encore une "lubie de retour au naturel" (oui, je l'ai entendu...). 

    L'histoire de Stéphanie avec Luc est riche de réflexion. Loin d'être mièvre ou inutiles, cela montre vraiment le cheminement dans le conscient et l'inconscient des femmes lorsqu'on porte la vie. Car oui, être enceinte, c'est une expérience incroyable, sentir cet être dépendant de nous, cette responsabilité. L'avoir dans ses bras, sentir cet incommensurable bonheur et amour envers cet être si fragile.
    Mais il y a aussi tous ces phénomènes de "rejet" de l'enfant, ces angoisses de ne pas bien faire, de ne pas savoir. Il y a un vrai poids dans notre société : tout doit se faire vite et bien. Devenir mère, cela ne s'apprend qu'au travers des expériences que nous ferons. Et tout n'est pas forcément que joie et bonheur. La dépression du post-partum n'est pas vécu de la même façon par toutes les femmes. Et elle n'est surtout pas à minimiser. 

    La place du père : il ne ressent pas les chamboulements hormonaux, le lien qui se tisse entre le fœtus et sa mère. Mais les hommes, aujourd'hui, ont aussi envie de s'impliquer, dès le début. Et il n'est jamais facile de trouver sa place, je le conçois. Mais il est agréable de voir comment Sophie Adriansen lui a donné une place simple, précieuse pour Stéphanie.
 
    Chaque accouchement est différent. Chaque naissance est différente. Une réflexion du livre m'a beaucoup marqué : pourquoi faire une enquête aussi approfondie sur des gens prêts à aimer et élever un enfant lors d'une adoption, alors que des enfants sont laissés dans des situations de détresse incroyable dans certaines familles. Notre monde n'est pas parfait, loin de là. Peut-être ces enquêtes sont aussi importantes, car elles n'engagent pas la seule responsabilité des parents si quelque chose se passe mal, mais aussi ceux qui ont confiés l'enfant.
    Nous prenons conscience des choses qu'il faut améliorer. L'une des plus importantes, c'est de ne pas dénigrer la parole des "victimes". Les violences obstétricales existent. Rien n'est parfait. Mais tout est perfectible.

    Ce livre m'a touché, vous l'aurez compris, de part ma propre expérience. J'ai eu le plaisir d'y trouver des mots non-moralisateurs, sans attaque. Il n'y a pas de dénonciation gratuite, juste des éléments permettant d'approfondir la réflexion, car tant qu'il y a un débat, c'est qu'on peut échanger et avancer.
    Mon fils va bien. Je n'ai pas pardonné. Et certaines nuits, je ressens encore à ces liens qui m'entravent sur la table d'opération avec des bruits d'incision, et cette douleur qui n'en finit pas. Mais le matin, le sourire de mon fils panse cette blessure.

En bref :

Un livre que j'ai aimé, qui traite de réalité obstétricale. Le tout est porté par une plume soignée et respectueuse, abordant la relation de Stéphanie et Luc, les doutes et réflexions sur la maternité. 

jeudi 2 novembre 2017

"Astérix et la Transitalique" - René Goscinny et Albert Uderzo. Tome de Jean Yves Ferri et Didier Conrad


De René Goscinny et Albert Uderzo. Tome de Jean Yves Ferri et Didier Conrad, aux éditions Albert René, BD, Aventure, Humour. 

Résumé :

Les personnages créés par les deux génies du 9e art Albert Uderzo et René Goscinny sont de retour ! Après Astérix chez les Pictes et Le Papyrus de César, Astérix et Obélix reviennent dans Astérix et la Transitalique, le nouvel album signé par les talentueux Jean-Yves Ferri et Didier Conrad.
N'en déplaise à Obélix, les Italiques, les habitants de l'Italie, ne sont pas tous des Romains, au contraire ! Les Italiques tiennent à préserver leur autonomie et voient d'un mauvais œil les velléités de domination de Jules César et ses Légions. Dans Astérix et la Transitalique, nos héros favoris s'engagent dans une aventure palpitante à la découverte de cette surprenante Italie antique !

Mon avis :

    Les aventures d'Astérix et Obélix ont bercé mon enfance comme pour beaucoup. Mon compagnon adore ces histoires, et nous prenons plaisir à les faire découvrir à notre petit loulou. Il a pour habitude à présent d'aller lui-même les chercher et de s'installer pour les "lire". Certaines histoires sont encore un peu compliquées pour lui, mais certaines ont sa préférence. 

    Astérix et Obélix participent à une course de char qui va parcourir l'ensemble de l'Italie. Les différents peuples ne sont pas tous romains ni assujetti à Rome. Et c'est avec humour que nous allons suivre une course de char épique, mais bourrée d'informations historiques. Le but de la course ? Montrer et prouver la gloire de Rome en faisant tout pour remporter la course, mais aussi montrer que les routes italiennes sont les plus agréables et les meilleures de tout l'empire. César veillera personnellement à ce que la course se gagne par un Romain... Quoique... 

    C'est toujours un plaisir de replonger dans les aventures de nos chers Gaulois. Les dessins, tout d'abord, ne changent pas. On a plaisir à retrouver le style original : le lecteur n'est pas dépaysé, et cela joue aussi au plaisir de la lecture. J'aurais pour ma part mal vécu les personnages ne ressemblaient plus à ce qu'ils étaient. C'est un tome que j'ai trouvé par contre bien plus coloré et plus lumineux, mettant en avant ces couleurs du bassin méditerranéen. Mon compagnon n'a pas eu cette impression. Très subjectif.

    L'histoire est agréable, fluide, il n'y a pas beaucoup de rebondissement. Il y a beaucoup de jeu de mots dans ce tome, et c'est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas encore le présenter à notre fils. Les blagues sont souvent dépendantes de ces jeux de mots. Cela fait mouche, car j'ai bien ri à certains passages. 


    Mon bémol, je n'ai pas retrouvé la magie des anciens volumes. Je pense que cela est dû au fait que j'ai pris plaisir à un style et à un style d'écriture avec les premiers tomes. J'ai passé un bon moment malgré tout, mais il me manquait une dose de nonchalance et de blague visuelle. 
    Le point très positif de l'histoire, c'est la recherche historique. Ce tome explique bien les difficultés que Rome avait avec les différentes tribus : Rome était une cité ambitieuse et voulait appliquer sa loi partout. Elle a eu moins de difficulté à asservir ces peuples que la Gaule par exemple. Nous avons apprécié cette part d'Histoire, mon compagnon davantage. 

En bref : 

Toujours un plaisir de retrouver les aventures de nos irréductibles Gaulois. Il me manquait un peu de magie des premiers tomes, mais j'ai bien ri aux jeux de mots, et j'ai grandement apprécié la part d'Histoire de ce tome.  



mercredi 1 novembre 2017

"Des souris et des hommes" - John Steinbeck


De John Steinbeck, éditions Folio, 1re édition 1937, 2011, Drame, Roman, Littérature américaine, Classique. 

Résumé :
 

"Lennie serra les doigts, se cramponna aux cheveux.
Lâche-moi, cria-t-elle. Mais lâche-moi donc. Lennie était affolé. Son visage se contractait. Elle se mit à hurler et, de l'autre main, il lui couvrit la bouche et le nez.
_ Non, j' vous en prie, supplia-t-il. Oh, j' vous en prie, ne faites pas ça. George se fâcherait.
Elle se débattait vigoureusement sous ses mains...
Oh, je vous en prie, ne faites pas ça, supplia-t-il. George va dire que j'ai encore fait quelque chose de mal. Il m' laissera pas soigner les lapins. "

Mon avis : 

    J'ai lu mon premier John Steinbeck. En fermant le livre, j'ai compris ce que cela veut dire. J'ai lu mon premier Steinbeck. Je l'avais depuis quelque temps dans ma bibliothèque. Je l'ai repris après ma première lecture pour relire certains passages. Je me suis replongée et au final, l'ai relu une seconde fois. Il n'y a pas de coup de coeur. C'est au-delà, il s'agit vraiment d'une expérience littéraire et j'ai adoré la vivre ! Des avis positifs sont légions, un de plus à rajouter tellement ce livre ne laisse pas le lecteur indifférent !

    Georges Milton et Lennie Small, amis d'enfance, voyagent sur les routes. Ils ont dû quitter précipitamment la précédente ville où ils se trouvaient du fait des agissements de Lennie. Ce dernier est sous la protection de Georges. Il a une stature de colosse, mais un esprit d'enfant. Il ne comprend pas toujours les choses, et son comportement est souvent inadapté. Ils aspirent ensemble à posséder leur propre terrain, l'exploiter et y élever des lapins. Se sera Lennie qui s'occupera des lapins. Alors ils proposent leur service de ville en ville. Au ranch où ils s'arrêtent, ils auront des problèmes avec Curley, le fils du patron, et son épouse. Lennie commettra l'irréparable, laissant poindre une fin tragique.

    Il est toujours difficile de parler de style d'écriture lorsqu'il s'agit de traduction. Mais ici, je suis parfaitement entrée dedans : je ressentais bien la façon dont George et Lennie s'exprimaient. Une traduction facile à appréhender, une lecture fluide et agréable. J'ai aimé cette façon de ne pas en rajouter : les passages narratifs n'empiètent pas sur les dialogues et inversement. C'est parfaitement dosé. De plus, lorsque Georges et Lennie arrivent au ranch, la façon de parler de chacun des personnages qu'ils rencontraient, suffisait à donner de la consistance à leur personnalité. 
    La construction de l'histoire est en chapitre. À chaque début, l'auteur prend le temps de poser la scène, rendant la lecture très visuelle : il place le décor avant de laisser les personnages y interagir et vivre. Cet effet visuel donne une impression de réalisme. 

    Ce qui m'a fasciné dans l'histoire, c'est la façon dont on rentre directement dans le vif du sujet. Il n'y a pas de préambule. Une fois les premiers mots posés, la suite s'égrainent de façon facile, logique, et même poétique. Je n'ai pas retrouvé de déferlement de sentiments ou des longueurs. Le rythme était régulier, amenant le lecteur au final. 
    Au travers des dialogues, la relation humaine est mise en avant. J'ai aimé qu'il n'y ait pas de passage moralisateur sur les raisons de ci ou la façon de faire parce que cela. On y côtoie la pauvreté des uns, la richesse des autres, séparés en deux groupes distincts. Sur le côté, il y a les noirs. Un regard froid et lucide sur une réalité qui n'est pas si éloignée que cela.  


    Quant au titre, en refermant le livre, je me suis dis que oui, il suffisait de l'appeler ainsi.

En bref : 

Une expérience littéraire, un régal à la lecture dans cette Amérique profonde des années 30 dans un ranch : un regard vif et froid, une fin mettant un point final à des relations humaines fortes. À lire !! 



lundi 30 octobre 2017

"Je m'appelle Léon" - Kit De Waal


Merci NetGalley et Aux éditions Kero pour ce livre.

De Kit De Waal, éditions Kero, 2016, Roman, Histoire de Vie, Famille. 
Résumé :

Leon, 9 ans, est un garçon courageux. Quand un jour sa mère n’arrive plus à se lever le matin, il s’occupe de son demi-frère Jake. Quand l’assistante sociale emmène les deux garçons chez Maureen au gros ventre et aux bras de boxeur, c’est lui qui sait de quoi le bébé a besoin. Mais quand on lui enlève son frère et qu’on lui dit que chez ses nouveaux parents il n’y a pas de place pour un grand garçon à la peau sombre, c’en est trop. Heureusement, Léon rencontre Tufty, qui est grand et fort, qui fait du vélo comme lui et qui, dans son jardin, lui apprend comment prendre soin d’une petite plante fragile. Mais Léon n’oublie pas sa promesse de retrouver Jake et de réunir les siens comme avant. Le jour où il entend une conversation qui ne lui était pas destinée, il décide de passer à l’action…

Mon avis :

    Lorsque j'étais enceinte, j'avais découvert un livre de Cathy Glass. Je ne connaissais rien de l'auteur et ai découvert au fil de la lecture son travail en tant que mère d'accueil. Les témoignages sont affligeants, dramatiques et font réfléchir sur l'humanité de certaines personnes. Lorsqu'on touche à l'enfance, une part de moi a envie de hurler. Aujourd'hui maman, je suis encore plus sensible à ces histoires... 
 
    Léon est un garçon fort, courageux. Sans le savoir, il possède en lui une vraie force. Alors que sa maman sombre dans la dépression, il devient sa béquille, essaye de s'occuper d'elle, de lui et son petit frère Jake. Il fait de son mieux, mais arrive le moment où il doit demander de l'aide à sa tata Tina, la voisine du dessus, et de là, ils seront tous les deux retirés à leur maman par les services sociaux. Ils emménagent chez Maureen, femme au cœur grand comme ça qui va prendre soin de lui et de son petit frère. Une fois Jake adopté, il se retrouvera seul. Maureen tombe malade et Léon ira vivre avec la sœur de celle-ci. Il y fera des rencontres importantes, et là se jouera son avenir. 

    Même s'il s'agit d'une histoire, d'un roman, je n'ai pas réussi à le lire sans me dire que cela est vraiment arrivé. Il émane des sentiments différents de ma lecture : de la tristesse, de l'inquiétude, la fameuse ride du lion, et de l'espoir. Je suis maman, j'ai eu cette envie de "protéger" ce petit garçon. En cela, le livre est réussi : on s'immerge, on accompagne ce petit garçon. L'écriture, et sa traduction, y aide beaucoup : le ton est tout d'abord enfantin, puis il mûrit doucement à mesure que Léon grandit. 
    Il y a aussi beaucoup d'espoir : il y a beaucoup de non-dits, de choses qui sont cachées à l'enfant pendant ces périodes ou tout du moins qui ne sont pas expliqués de façon suffisante. On ressent bien le questionnement de l'enfant, les incertitudes. 

    Les liens qui unissent les personnages sont différents. Il y a la famille qu'on quitte, et celle qu'on se fait. Lorsque Léon retrouve Tufty dans un grand jardin, celui-ci lui apprend les rudiments du travail de la terre, des plantes. Ces rencontres seront simples, mais importantes pour l'enfant qui y côtoiera d'autres hommes. Il y a ici la recherche de la figure paternelle, une figure masculine qui est aussi importante pour un enfant pour se développer. 
    L'équilibre que Léon trouvera sera toujours fragilisé par ses incertitudes, ses envies de revoir son frère, parfaitement légitime, son inquiétude d'être seul. 

    Le style de l'écriture m'a gêné au début de la lecture. Je pensais que cela durerait quelques chapitres, mais il y a eu des passages laborieux, dense, répétitifs. Cela a alourdi ma lecture.
    Cependant, dans un sens, cette façon de raconter l'histoire par les yeux de l'enfant est un parti-pris que je respecte : il y a besoin de parler de l'incertitude et de ce vide ressenti pendant ces expériences. 

    Enfin, une partie du livre raconte le racisme : Léon a un papa noir, il est donc métisse. Son petit frère blond aux yeux bleu d'un autre père. Ce dernier a trouvé une famille pour la vie. Léon patiente pour trouver sa place. Vers la fin du livre, l'auteur y raconte une émeute. Le rythme était soutenu, et en parallèle il y avait la souffrance de ce jeune garçon dont je vais taire les circonstances ici. Ce passage aurait mérité d'être davantage étayé à mon goût. 
    Je ressors de cette lecture heureuse de cette fin, même si mes pensées vont directement aux enfants qui n'ont pas la chance de trouver un dénouement heureux. 

En bref :

Une histoire racontée par les mots d'un enfant, avec autant d'incertitudes que de bons sentiments. La question de sa place, de faire partie d'une famille, même si celle ci ne ressemble à aucune autre, résonnent encore. 

dimanche 29 octobre 2017

"La loi du Phajaan" - Jean-François Chabas


Merci à NetGalley et à Didier Jeunesse pour cette opportunité. 

De Jean François Chabas, éditions Didier Jeunesse, 2017, Jeunesse à partir de 12 ans, Animaux, Roman.

Résumé :

Dans la famille de Kiet, on est dresseur d’éléphants de père en fils. Le jour de ses dix ans, Kiet part avec son père et des chasseurs pour capturer son premier éléphanteau. Pendant plusieurs jours, l’enfant participe au « Phajaan », une méthode de dressage traditionnelle particulièrement cruelle qui marquera à jamais le jeune garçon…
Didier Jeunesse soutient EVI (Eco Volontaire International), une association dont le but est d'intervenir pour la protection des animaux sauvages et de l'environnement dans le monde, ainsi que de consolider un lien respectueux entre les humains et la nature.

Mon avis :

    J'aime les animaux. J'ai 3 chats, tous sauvés petits.
Depuis toujours j'ai une vraie sensibilité pour ces êtres si impressionnant. Tous les animaux me fascinent pour différentes raisons, j'ai aussi mes animaux préférés. Pendant longtemps quand j'étais plus jeune, je regardais les documentaires animaliers. J'étais admirative de leur capacité à survivre. J'étais terriblement triste de voir la Nature agir lorsque les animaux carnivores dévoraient les autres. J'étais triste de les voir mourir. Je suis triste de voir ce que l'Homme a pu faire à leur écosystème. 

    Kiet est âgé aujourd'hui. Mais il se souvient de ce moment. Il se souvient de ces cinq jours qui ont suffit à lui laisser dans l'âme une cicatrice à vif. Il a dix ans quand son père, le mahout comme ses ancêtres avant lui, l'emmène avec d'autres hommes du village pour lui chercher un éléphanteau. Une fois trouvé, la ruse, l'adresse et la cruauté du mahout seront indispensables pour attraper cet animal, malgré la protection de la matriarche et des autres éléphants. Une fois attrapé, il nous raconte les cinq jours qui seront utiles au phajaan, technique pour "briser" l'animal et le rendre docile. Malgré les atrocités, malgré la culpabilité, Sura, l'éléphanteau et Kiet tisseront un lien fort.

    Je suis adulte. Je connaissais cette pratique pour avoir découvert des reportages affligeant sur le tourisme. Je suis aussi très sensible. Alors oui, c'est de la littérature jeunesse, et oui, ce livre m'a ému. J'ai lu avec de la rage en moi. J'ai lu avec les larmes aux yeux pendant certains passages. J'ai lu avec de la colère et de l'incompréhension mêlée. J'ai lu avec peine les cinq jours d'enfer que vivront Sura et Kiet. Les émotions sont vives, car ce livre raconte la réalité de ce qui fut, est et sera encore si rien n'est fait. 
    L'écriture est efficace. Il y a des passages très difficiles, mais utiles dans la compréhension de l'histoire. Cela fait un effet électrochoc, et peut être difficile à lire. Mais cela dépeint une réalité. J'ai apprécié que le phajaan soit décrit. J'ai apprécié la façon dont l'auteur nous a montré la relation naissante entre Sura et Kiet, cette complicité. Il y a des passages dont l'émotion est importante. 

    La force de cette histoire, c'est aussi la prise de conscience de Kiet. Il refuse de porter les coups, mais les actes posés lui sont imposés par son père. Comme il le dit, à dix ans, il ne peut pas aller contre la décision du père. Cela le hantera longtemps. J'ai beaucoup aimé la façon dont Jean-François Chabas nous a fait suivre son éprouvante expérience. La force des émotions est une part importante de ce livre. 

    Le phajaan est une cruauté. Une de plus dans le monde "intelligent" de l'être humain. Le fait de le mettre en lumière est important : cette technique, qui a évolué et qui est bien explicitée dans le livre, est utilisée aujourd'hui pour "dresser" et asservir les éléphants pour que les touristes montent sur leur dos. Des exemples de cruauté dans le but de faire des bénéfices avec le tourisme sont légions. Bien trop nombreux. 
    L'éléphant est un animal imposant, doué d'intelligence, de mémoire, de sentiment. Un animal qui est aujourd'hui décimé pour servir les besoins avares de personnes dénuées de sentiments, ou pour leur ivoire. S'il y a une offre, c'est qu'il y a une demande. Ce livre est donc utile : prendre conscience que ces pratiques ne doivent pas être tolérées. Ni ici, ni ailleurs. 

    Une action n'a pas à être grandiose. Une action, même minime, jouera de son poids. 

    Instruire la jeune génération, c'est lui donner les clefs pour que ce qui fut cruel ne se reproduise pas
     Merci Didier Jeunesse. Merci Jean-François Chabas.

Plus d'informations : EVI ; Wildlife and Environmental protectetion Worldwilde  



En bref : 

Un livre qu'on lit avec une forme de rage mêlée à de la tristesse. Un plaidoyer pour la protection des animaux, une prise de conscience pour un rituel qui n'aurait plus lieu d'être. Une réflexion sur la protection des animaux.
 


mercredi 25 octobre 2017

"Jeff Madison et la malédiction de Drakwood - Tome 2" - Bernice Fischer


Merci Laure Valentin pour m'avoir permis de me replonger dans cette aventure. 

De Bernice Fischer, traduit par Laure Valentin en autoédition disponible sur Amazon, 2016, Jeunesse, Aventure, Roman.

Résumé :

« Frappe la peur en pleine poire. Sois un véritable ami. Accomplis ton devoir. »
Jeff Madison attrapeur de rêves, ami fidèle et adolescent intrépide – doit sauver son meilleur ami Rhed d’un sort dévastateur qui lui a été lancé lors de leur dernière visite à Drakmere. Mais depuis ce sombre royaume, deux sorcières maléfiques libèrent sur eux leurs horreurs innommables. Jeff peut-il vaincre les affreuses criatures de Wiedzma et les spectrifiés mangeurs d’hommes de Zorka ? Alors que les criatures de Wiedzma menacent la famille de Jeff et que les zombies de Zorka réclament leur sang, la malédiction de Rhed met sa vie en danger… Le temps lui est compté. En mettant à profit ses dons d’attrapeur de rêves pour sauver ses amis qui ont entrepris le voyage vers la forêt de Drakwood à la recherche d’un remède pour Rhed, Jeff s’enfonce sans le savoir dans les ténèbres profondes. Dans cette nouvelle aventure fantastique pleine d’action, nous retrouvons les courageux guerriers sandustiens, Rig et Madgwick, accompagnés de la sorcière Angie, hilarante et bougonne, et nous faisons la connaissance des nouveaux guerriers Khrow et Horrigan, ainsi que de Watroc, un dragon affamé. En fin de compte, c’est à Angie que reviendra la tâche de négocier pour la vie de Rhed. Réussira-t-elle ou Rhed sera-t-il abandonné à jamais auprès du prince de la forêt de Drakwood ?

Mon avis :

    Lorsque je lis de la fantasy, la sensation est différente que lorsque je lis un roman plus "classique". Vous le voyez aux livres que je présente, je lis vraiment toute sorte d'univers. La fantasy me ramène à une époque où l'imaginaire pouvait sembler réel. L'enfance et l'adolescence sont des moments dans une vie où on a besoin de se réfugier dans une lecture, d'avoir des héros auxquels on peut croire, espérer des aventures mystérieuses et haletantes. Jeff Madison réussit à transporter son lecteur dans son univers. Le public cible est le jeune adolescent. 
   Oui bon, je ne suis pas si vieille après tout... Quoique... :-) 

    Nous retrouvons dans ce second tome les deux amis Jeff et Rhed.. Du retour de Drakmere, Rhed est tombé malade. Si rien n'est fait pour le guérir, il sera changé en arbre à tout jamais. Pour trouver le remède, Jeff décide de retourner sur les terres sombres et mystérieuses. Dans ce nouveau voyage, il sera accompagné de Rhed et Phoebe. Il retrouve les amis et guerriers qu'il a connu et quitté lors de son précédent voyage, et leur aventure est lancée. 

    Il est toujours délicat de parler d'un second tome, car j'ai toujours peur d'en dévoiler trop ou trop peu. Malgré tout, il s'agit de littérature jeunesse, donc on se doute que oui, nous y trouverons de l'aventure, de la magie, des rencontres mêlant humour et action. J'ai eu le plaisir de lire le premier tome, "Jeff Madison et les ombres de Drakmere", que j'avais beaucoup aimé.
    Je retrouve ici ce que je vous disais du premier tome : le traitement des personnages de façon parfois trop "lisses". Cependant, encore une fois, je ne suis pas le public cible, donc il n'y a pas l'utilité d'approfondir de la même manière la psychologie des personnages. Du fait d'avoir vécu des aventures dans le premier tome, les adolescents gagnent en maturité. Ce qui montre qu'ils avancent aussi sur leur chemin, qu'ils ont appris, grandis. 

    L'univers de Drakmere est toujours aussi agréable, bien mis en valeur, et les descriptions ne souffrent pas de longues pages de détails. L'auteur a su doser ce point. Elle a également pris le pli de nous replonger directement dans l'aventure. Bernice Fischer joue avec les intrigues dans ce tome, l'agrémente de réflexion en semant, je pense, des indices pour le prochain tome. Elle garde en haleine le lecteur sans alourdir le texte. 

    On retrouve des thèmes importants dans la littérature pour adolescents : on parlera de dépassement de soi, de courage, de culot aussi, car Jeff usera de malice envers ses adversaires. Cela prête à ridicule, fait rire, mais grincer aussi. L'amitié est importante dans ce tome, plus encore que dans le premier, je trouve : Rhed est en danger, Jeff se surpassera pour l'aider. 
    Enfin, j'ai apprécié le rythme du livre : l'action est savamment dosée, les intrigues se résolvent ou s'amplifient progressivement. L'écriture de Bernice Fischer est agréable, et encore une fois, cela me ramène à une époque révolue : lorsque les sorcières et les personnages de ces livres venaient hanter mes rêves quand j'étais enfant. 

Ah, nous sommes bientôt Halloween... 

En bref :

Un second tome réussi, mélangeant les créatures fantastiques au courage du héros. Une lecture jeunesse mêlant la tension et l'humour. À recommander !