vendredi 19 août 2016

"Fils du feu" - Guy Boley


Merci aux éditions Grasset et à NetGalley pour la découverte de ce livre.

De Guy Boley, éditions Grasset, sortie prévue le 24 août 2016, Contemporain, Deuil, Famille.


Résumé :


Nés sous les feux de la forge où s’attèle leur père, ils étaient Fils du feu, donc fils de roi, destinés à briller. Mais l’un des deux frères décède précocement et laisse derrière lui des parents endeuillés et un frère orphelin. Face à la peine, chacun s’invente sa parade : si le père s’efface dans les vagues de l’ivresse, la mère choisit de faire comme si rien ne s’était passé. Et comment interdire à sa mère de dresser le couvert d’un fantôme rêvé ou de border chaque nuit un lit depuis longtemps vidé ? Pourquoi ne pas plutôt entrer dans cette danse où la gaité renait ? Une fois devenu adulte et peintre confirmé, le narrateur, fils du feu survivant, retrouvera la paix dans les tableaux qu’il crée et raconte à présent. Ainsi nous dévoile-t-il son enfance passée dans une France qu’on croirait de légende, où les hommes forgent encore, les grands-mères dépiautent les grenouilles comme les singes les bananes, et les mères en deuil, pour effacer la mort, prétendent que leurs fils perdus continuent d’exister.
Dans une langue splendide, Guy Boley signe ainsi un premier roman stupéfiant de talent et de justesse.


Mon avis :


    Dans un village de province, un jeune garçon nous raconte son quotidien, l'émerveillement du travail de forgeron de son père et ces volutes de feu, de flammes et de fer rougi qui l'entourent. Il raconte également le quotidien de sa famille et de ses voisins, la façon qu'ont les femmes de laver le linge, dans des grandes mannes avec de l'eau bouillante.
    Mais le quotidien change : le petit frère meurt, la maman en est quasi inconsolable et entre dans une folie pour oublier sa souffrance : elle vivra comme si son fils était toujours là, laissant son assiette à table, achetant des manuels scolaires pour la rentrée, l'accompagnant dans sa croissance... La sœur quitte le foyer lorsque le père se met à boire. 
Le garçonnet grandit, se pose des questions sur sa propre identité, évoque sa mère et cette relation qu'elle maintient avec son petit frère.


    Ce roman est particulier : un début étrange où les souvenirs de la forge et de la puissance du père et de son employé abattant leur marteau sur l'enclume se mêlent à des événements plus tristes. Je n'y ai pas senti de voyeurisme, mais plutôt une mise à distances des sentiments rendant le récit plus neutre. Pas d'extravagance, mais un fond mélancolique.


    Le fait de positionner l'histoire dans une ville de province sans la nommer permet au lecteur une plus large ouverture. On ne va pas parler d'une famille, mais de plusieurs : toutes celles qui ont connu ce boom durant les années d'après-guerre à partir des années 60 où la modernisation a modifié les emplois, les habitudes de vie. J'ai aimé d'ailleurs qu'il ne s'agisse pas purement d'un livre historique, mais expliquant avec simplicité certaine modification.


    Le plus marquant dans le livre à mes yeux est cette relation entre la mère et ses fils : perdre un enfant est une douleur et épreuve inimaginable. Le narrateur raconte comment sa mère lui a appris la nouvelle, mais surtout comment elle a survécu à sa douleur, en plongeant doucement dans une folie douce, faisant comme si son fils était toujours en vie : elle achète des manuels scolaires, des vêtements. J'ai eu beaucoup de tendresse envers cette mère.


    Les relations à l'autre sont importantes dans ce livre, et avec une écriture simple et fluide, l'auteur arrive à nous maintenir dans une impression de tristesse tout au long du livre, une mélancolie. Avec tout de même de l'espoir.


En bref :


Un livre sur la famille, sur la modernisation, sur le deuil et la façon que chacun a de faire face à ces événements. Un roman fort en émotion.

1 commentaire:

  1. Que j'ai aimé ce roman ! Je ne pouvais plus le lâcher. Le récit est d'une force incroyable et c'est un drame familial rondement mené. Chapeau pour un premier roman. Et l'écriture... quelle poésie !!!

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