Bret Easton Ellis, 1987, littérature contemporaine.
Résumé :
Lauren, Sean et Paul, étudiants issus d'une jeunesse dorée en mal d'elle-même, vaquent d'une dérive à l'autre. Dopés par leur libido ou un rail de coke, chacun s'occupe à passer le temps. Au bout des désillusions les plus féroces, leur existence psychédélique se consume de rage et de désespoir. "La jeunesse occidentale s'ennuie, les happy few s'assomment au champagne, tout le monde débande, sauf le lecteur qui prend un pied monumental."
Mon avis :
Sur les conseille de la booktubeuse "Les chronique de Kiatoulu", j'ai mis les pieds dans cet univers déjanté et dérangeant écrit avec brio par Bret Easton Ellis que l'on connaît surtout pour "Amrican Psycho".
Ce livre commence au plein milieu d'un phrase, ce qui donne au lecteur une impression différente d'une lecture classique : on rentre dans le vif du sujet, dans une atmosphère volatile et en perpétuelle mouvement. Dés le début, on est transporté : le style littéraire est cru, choquant, et s'imprègne en même temps d'une réalité : cela se passe durant les années 80, mais on pourrait transposer ce livre à n'importe quelle période tant les sujet traités restent actuels. Chronique difficile tant ce livre laisse une trace sensitive que mnésique.
Les personnages :
On va suivre trois protagonistes : Lauren, Sean et Paul. Ils prendront la parole l'un après l'autre, abordant des thèmes semblables mais de leur point de vue. Ils sont à al fois perdu et très réalistes, voire défaitistes sur leur propre vie.
Abordant tantôt les sujets de sexe, drogue et de l'alcool, ils sont désabusés, ne croyant ni n'espérant rien de plus que ce qu'il ont devant eux.
Lauren aime Victor, mais sort avec plusieurs garçons, et enfin avec Sean qui lui l'aime profondément, malgré les tromperies. Il a eu une relation avec Paul, homosexuel qui aime Sean et qui finit par se rapprocher d'autres garçons. Ce "triangle amoureux" est compliqué par les protagonistes eux mêmes qui sont dans des univers et réalité différente. Sans discussions à cœur ouvert, les non dits font foi et les relations difficiles.
Le style :
Brut, ne prenant ni détour ni métaphores, le livre est raconté par les trois personnages principaux, et entrecoupés par des moments racontés par des personnages proches de ceux ci. Le ton est pour la quasi totalité de l'œuvre très monocorde, mêlant un style frisant parfois l'obscénité, et le familier.
L'ambiance générale est difficile à expliquer, à la fois troublante et persuasive, mêlant un imbroglio de sentiments basé sur les nos dits et les mensonges. Les personnages sont dans une autre réalité, sans normes ni règles. Dépeignant une jeunesse américaine désabusé et perdue, l'auteur laisse peu de place aux espérances pendant une période politique aux Etats Unis marqué par des dissensions importantes avec le bloc Soviétique.
Portrait d'une jeunesse américaine, ce livre dresse, à travers la vie quotidienne d'une bande d'étudiants sur le campus universitaire de Camden, les dérives liés au sexe, à l'alcool et à la drogue.
Les premières pages de se livre sont d'ailleurs très "perverses" : entre obscénités et vulgarité, Brett Easton Ellis ne laisse rien passé au lecteur, l'empoignant dans ses tripes à donner parfois des nausées dans les descriptions de scènes de viol ou de prise de drogue. Passer ces quelques pages, on s'habitue non sans malaise au style de l'auteur : cette vulgarité, cette prise de position sert parfaitement le livre et montre en fin de compte les sentiments des protagonistes.
Le corps et l'esprit réagissent face à la drogue et il est intéressant de voir comment l'auteur parvient à nous en montrer les affres et conséquences avec des conversations auto centrés sur les sentiments et besoins des personnages.
Déroutant par les scènes de crise d'identité, le quotidien banal faisant place aux scènes de fêtes bouillonnantes, le livre est extraordinaire par un suspens pesant : sont ils à ce point dévorés par l'inconscience et sont ils vraiment dépourvus de toute pincée d'intelligence? C'est justement intéressant de voir à quel point on ressent un vide à la fin de la lecture, et je me rassure en lisant diverses avis que je ne sis pas la seule à le ressentir : ces étudiants sont tellement acharnés à vivre de façon superficielle, en aimant le beau et l'attirant, sans creuser davantage, une vie dont les principes se tiennent au plaisir immédiat que l'on ressent sans entrer en profondeur dans les problèmes soulevés afin de les résoudre. Le mal être est évoqué sans même
Et cette impression de vacuité, l'auteur parvient parfaitement à nous le faire ressentir par cette écriture hypnotique. Un livre à lire pour l'innovation littéraire et surtout ne pas s'arrêter aux textes sans doute très crus, mais recelant une véritable réflexion sur une époque ou le slogan était : Sex Drug &rock'n roll !
En bref :
A la fois fascinant par son style d'écriture et les sujets traités, un livre qui se dévore par ce côté quasi hypnotique sur une jeunesse désabusée. Brillant!
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