lundi 29 juin 2015

"Les heures souterraines" - Delphine de Vigan

Les heures souterraines

De Delphine de Vigan, édition le livre de poche, 2011, (JC Lates 2009) Roman, harcelement moral

Résumé :

Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de mai. Autour d'’eux, la ville se presse, se tend, jamais ne s’'arrête. Autour d'’eux s’'agite un monde privé de douceur. Les heures souterraines est un roman sur la violence silencieuse. Au cœur d'’une ville sans cesse en mouvement, multipliée, où l’'on risque de se perdre sans aucun bruit.

Mon avis :

Mathilde est une femme active, pleine de vie, d'entrain et d''énergie. Maman de 3 enfants, elle gère son travail et sa vie de famille sans que rien ne perturbe son quotidien. Mais progressivement, elle s'enlise, en elle et autour, le silence et la solitude. Elle essaye de comprendre, de chercher là où tout a commencé, et se remémore cette réunion. Depuis, une situation pernicieuse s'installe : isolement, mise de côté, Mathilde est dépossédée de son travail, d'elle même. Elle tient, sans savoir pourquoi, sans savoir comment, mais elle tient, malgré les non dits, les mensonges et les humiliations.
Thibault est médecin. Il se sent vide, vit du vide entouré de mouvement et d'agitation urbaine. Il aime, mais ne sait plus aimer, Il quitte sa petite amie, par défaut d'amour. Il essaye de comprendre sa relation, d'en sortir, d'y survivre.
Pour Mathilde, tout devrait changer un 20 mai selon une prédiction : elle fera la rencontre d'une personne qui changera tout à sa vie.
Entre harcèlement social au travail, désillusion face au sentiment amoureux, se fut une lecture difficile, compliquée par le sentiment d'impuissance auquel on fait face tout au long de la lecture : on voit un désastre se produire devant nos yeux sans parvenir à changer quoi que se soit à cette réalité.
Outre une vision réaliste et difficile du monde du travail, on perçoit le désarroi de la personne qui est harcelé, ne se rendant pas compte de la situation tout de suite, et plus encore, essayer de tenir jusqu'à un point de non retour. On peut d'avantage être outrée non pas par la réaction du chef qui harcèle, mais des collaborateurs, qui se taisent, éludent, évitent la confrontation, et conforte la victime dans sa solitude.
Les événements que vit Thibault sont plus compliqué à définir, le vide n'est pas dû à sa relation amoureuse, il vient de plus loin. L'introspection dont il a besoin n'est pas forcément la bonne car il tourne autour de ses pensées et de la situation de vie dans laquelle il se trouve.
Les deux personnages m'ont semblés absents à eux mêmes, comme un voile que l'on pose pour décrire des situations difficiles. On leur imagine d'autres événements, d'autres vies. Et cette date du 20 mai m'a déçue, en ce sens où on attend tellement de ce dénouement, et enfin de compte... Est ce peut être la volonté de l'auteur?
Delphine de Vigan a su m'éblouir par sa prose et me terrifier par la réalité des sensations que j'avais en lisant cette histoire. Elle m'a gênée, dérangée, heurtée, fait espérer. Elle a animée en moi des sentiments conflictuels me forçant à achever la lecture de ce livre en une soirée tellement je ne pouvais laisser ces vies en suspend dans leur souffrance et leur solitude.

En bref :

Une lecture qui fut difficile tellement elle a été animée par des sentiments terribles et sinistres : solitude, mélancolie, harcèlement. Mais une lecture riche d'enseignement sur une réalité que vit beaucoup de travailleurs, et une solitude que vit beaucoup d'être humain.

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