lundi 2 octobre 2017

"Saison des ruines" - Bertrand Schmid


Merci aux éditions L'âge d'Homme ainsi qu'à la masse critique Babélio.

De Bertrand Schmid, aux éditions l'Âge d'Homme, 2016, Roman, Société.

Résumé :

Du haut de son alpage, un artisan vit pour le chant des choucas porté par les vents du matin. Dans les allées du Newhall Centre, la candeur d'une adolescence se heurte au désenchantement social.

Deux existences dont la durée des conditions n'a d'égal que le fantasme d'une vie meilleure. L'équilibre précaire, le refuge de fortune que chacun s'est construit, est fragilisé par les cruelles réalités de leur temps.

Au-dessus des prairies ou du bitume planent les menaces. Les jours passent, consument l'espoir, jusqu'à ce que l'unique saison de l'existence soit ruine.


Mon avis : 

    J'ai reçu ce livre il y a un moment déjà et je l'ai lu juste après sa réception. Je ne sais pas vous, mais je fais souvent des notes pour me souvenir de ce que j'ai ressenti ou pensé de l'histoire, des personnages. Etrangement, j'aime toujours l'atmosphère un peu sombre de ce livre. Cette année a été complexe pour moi, et sans rentrer dans les détails, je me retrouve dans ce livre, dans ce ton un peu mélancolique. Il y a des lectures qui nous ressemblent, parce qu'elles résonnent en nous ou nous font avancer

    Michel travail dans un alpage. Il aime la tranquillité de la montagne, il la connaît, la ressent. Jérémie travaille avec lui, Michel lui enseigne ce qu'il sait, parfois dans le silence, parfois dans le geste. Ils ont des habitudes, des bêtes dont il faut s'occuper. Cela leur convient. Michel est là où il doit être. Ces montagnes sont sa maison. 

    Annie est une jeune fille paumée, mais malgré tout emplie d'une réelle fragilité. On suit ses errements, ses sorties entre copines, ses expériences sur sa sexualité. Annie souhaite une autre vie, mais son modèle, sa mère, n'est pas le meilleur qui soit. Pourtant elle est faite d'espérance. Malgré la colère qui l'anime, l'espoir pointe parfois son nez. Mais l'avenir qu'elle choisit lui est quasi imposé par la façon dont elle a grandi. 

    Cette lecture secoue. Derrière une écriture fluide, qui ne cherche pas à faire des étincelles, on ressent l'absence. On ressent aussi le vide de l'instant. Les vies racontées sont tristes, mais tellement réalistes. On y parle de solitude, d'espérance, mais aussi de désillusion, de vie gâchée. Ces deux vies en parallèle dressent également la désolation de deux générations. Il n'y a pas d'âge pour voir la société gagner, et nos vies se perdre

    Les personnages sont à la fois énervant, on aimerait secouer le cocotier par moment de cette jeune fille, mais en même temps ils sont attachants. On a envie de voir les choses s'améliorer, on s'attend à la suite, on se doute même de la façon dont les choses vont évoluer. On est triste de les voir se réaliser pour, Annie surtout. Avec des peut être, sa vie aurait été tout autre... 

    La société n'est pas épargnée. Elle est présentée avec ce qu'elle a de plus injuste, mais aussi de nécessaire. Elle est présente à chaque instant, filigrane accompagnant la vie de ces personnages. Ce livre questionne également sur ce rapport que nous avons aux objets, à la possession, à qui on est dans ce système de façon détournée : qui je suis si je ne contribue pas à la société? 

En bref : 

Un premier roman réussi, qui donne au lecteur matière à réfléchir sur notre société de consommation d'aujourd'hui, notre identité, mais aussi le futur.

2 commentaires:

  1. Je prends également des notes et parfois je les laisse reposer longtemps, ça a l'avantage de renforcer ou d'inverser un ressenti sur l'instant.

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    1. J'aime bien reprendre mes sensations, certains livres cela me fait du bien de m'en détacher et de revenir ensuite dessus, il y a toujours des paragraphes qui sont importants à relire par exemple

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