jeudi 19 octobre 2017

"Les nouvellaires" - Sonia Frisco


De Sonia Frisco; éditions Equivox, 2002, Nouvelles.

Résumé :

Entre songe et réalité se situent Les Nouvellaires, dans le monde des sentiments.
Il est dit que Les Nouvellaires sont hors du temps et hors classement.
Et Les Nouvellaires existent, car un air nouveau a soufflé sur terre.
Quiconque les lira pourra sentir... Ce souffle neuf.

Mon avis :

    Lorsque vous appréciez la plume d'un auteur pour un livre, vous arrive-t-il de tout lire de lui ? Il y a parfois un sentiment étrange lorsque je découvre un livre parut il y a longtemps d'un auteur que j'affectionne : le plaisir de découvrir l'évolution de son écriture, ou alors ses points communs. J'aime beaucoup changer mes lectures, mais concernant les auteurs, certains sont plus présents que d'autres. 

    Le format "nouvelle" me plaît à la base parce qu'il permet d'inventer un univers en quelques pages et d'avoir un dénouement bref. Certains livres, lorsqu'ils sont trop longs, nous plongent dans un univers qu'on a même du mal à quitter. La nouvelle l'esquisse, et une fois rentré, nous en sortons quasi immédiatement. 
    Nous retrouvons l'un des premiers livres de Sonia Frisco dont vous trouverez ses ouvrages sur la page Index par auteur. Je l'ai découverte avec un livre très riche en émotion : "L'être de Sable". Dans celui-ci, l'émotion peignait les pages. Dans ces nouvelles, on découvre une autre facette de l'écriture de l'auteur : l'abstraction et la retenue. 

    Dans la première nouvelle, l'auteur met en scène les différents sentiments qui nous habitent et leurs contraires. On y voit l'orgueil que peut avoir la sagesse de se sentir toute puissance, la force de la fragilité et inversement. Cette façon de les mettre en scène tel des personnages m'a beaucoup plu. La nouvelle se suffit à elle-même. Elle montre la complexité qu'il peut y avoir en l'être humain : chaque sentiment ne va pas sans un autre. Entre l'humilité, l'impuissance, la force, l'orgueil, la pitié ou la compassion, Sonia Frisco met en évidence également la difficulté que nous pouvons avoir à vraiment nous comprendre nous-même. Un sentiment peut en cacher un autre. 

    La seconde nouvelle fait référence à ce sentiment qui nous fait sentir parfois invincible : l'Amour. Eva rencontre Andy, son monde change, elle change, mais elle l'aime, s'en rend compte. Débute une histoire qui connaîtra le jugement et la haine des personnes incapables de bienveillance. On se doute rapidement de la nature de leur relation et des enjeux de celle-ci. L'auteur nous montre ainsi les méfaits de l'effet de groupe au travail d'Eva : les fortes têtes parlent, la sympathie des autres reste discrète. Cette nouvelle m'a laissé perplexe, en attente, comme si l'histoire ne se finissait pas ainsi, ne pouvait pas se finir ainsi. Ainsi, Eva et Andy poursuivent leur chemin.

    L'imagination est ce qu'il y a de plus libre, mais aussi de plus destructeur. Dans cette troisième nouvelle, l'imagination des habitants d'un village va les conduire à une histoire aussi improbable qu'irréelle, sans jamais oser aller voir la personne concernée. C'est à la fois drôle et pathétique : ils inventent des histoires en faisant des suppositions et des raccourcis, mais n'ont peut-être aussi que cela à faire. J'y ai senti beaucoup de solitude.

    La vie d'Uma va changer, elle le sait, l'a lu dans un présage au fond d'un coffre en marbre. La quatrième nouvelle est empreinte de féerie, de fantastique et de romance. J'ai préféré les précédentes, plus terre-à-terre. L'ambiance par contre m'a énormément plu et il y aurait eu matière à développer la vie du village, de l'église dont le clocher doit être réparé. Cette quête d'amour met du temps à s'installer, Uma se cherche et en même temps redoute ce qui va lui arriver. J'ai par contre aimé la fin de la nouvelle : elle laisse la place au choix et aux conséquences de nos décisions. 

    Enfin, la dernière nouvelle me fait plutôt penser à une lettre. Elle est très courte, mais donne à réfléchir sur le sens de nos décisions : peut importe quel chemin j'aurais choisi, avec du recul, même s'il a été douloureux, j'ai pris une sage décision. Celle-ci m'a touchée. 
    
    J'ai beaucoup apprécié ce travail sur les sentiments, et également cette réflexion sur la notion de choix : les décisions que l'on prend ne sont pas toujours plaisantes, mais souvent nécessaires. Enfin, j'ai apprécié découvrir la plume de Sonia Frisco dans cet exercice. L'écriture est très épurée, laissant au lecteur de plaisir de s'imaginer la suite. 


En bref :

Des nouvelles mettant en scène les sentiments, ou les décisions que nous prenons en fonction d'eux. 

1 commentaire:

  1. Si les émotions sont plus présentes dans ses livres aujourd'hui c'est peut être avec tout ce travail. J4avais lu la première nouvelle. Je m'étais arrêté là. Elle avait résumé l'être humain et sa complexité.

    RépondreSupprimer