De Mama Berraho, édition Persée, 2011, Contes
Résumé :
Dans la cabane, ne vivaient que deux petites orphelines, et le bon instinct de la chèvre, les a conduites à la fortune en se mariant aux fils du roi... Toute la nuit, la louve avait réchauffé le bébé. Les louveteaux n'en étaient pas jaloux, mais pourquoi leur mère se mettait-elle en danger ? Le petit garçon s'agrippait sur le dos du dauphin qui disparaissait dans les profondeurs. L'enfant faisait des promenades sous-marines et revenait à la surface, heureux... Dame Fourmi est prisonnière dans un bocal ; elle n'est pas seulement prévoyante, elle sait parler au roi ! L'homme et le chien sont solidaires, énergiques, et vont devenir de bons amis. Les deux amis se sépareront de manière tragique. L'un mourra, et l'autre sera emprisonné pour son acte impardonnable. Le paysan se mariera trois fois pour subvenir aux besoins de sa famille et devenir riche !...
Attrayant et accessible à tous, illustré de contes et fables ancestraux, ce recueil permet de s’attarder sans difficulté sur les faiblesses de la vie quotidienne et d’en tirer des vérités importantes. Il propose une lecture divertissante, aux schémas variés, et des morales incontournables. « La vie ressemble à un conte ; ce qui importe, ce n’est pas sa longueur mais sa valeur. » Sénèque
Mon avis :
Bercée par les contes des Milles et une nuits, les Frères Grimm ou encore les contes d'Andersen, rien de plus normal pour moi d'être encore aujourd'hui attirée par la magie et l'imagination née de ces histoires courtes.
Je vous présente ici 2 petits livres de Mama Berraho. Je vous les présente les deux en même temps car l'un n'est que peu dissociable de l'autre : les deux contiennent plusieurs contes. Les sujets traités en sont variés, étoffés de folklore et de superstition. Ils sont également durs, crus et ne laissent que peu de place à la douceur. Telle la vie elle même, ces contes traitent de sujets difficiles pour certains, mais la plume de l'auteur adoucit la sensation de dureté.
Les sujets traités :
Plusieurs sujets différents sont traités dans ces deux livres : la famille, le pouvoir, le rapport à la fortune, mais aussi le regard sur le monde. On se trouve baigné dans une atmosphère où sultan et vizir se côtoient, et où les Djinns, des génies, se tapissent dans l'obscurité. Cette ambiance n'est pas sans rappeller comme je l'ai présenté plus haut, celle de Shéhérazade et de ses Mille et une nuits.
La famille par exemple : dans "La chèvre et les deux Orphelines", les deux petites filles vivent dans une pauvre cabane après la mort de leur maman, veillées par leur chèvre. Cette dernière est devenu en plus de leur animal de compagnie, une protectrice. Le lien unissant les deux sœurs est puissant, et met en exergue le sentiment d'appartenance.
L'amitié : dans "Chien et Chat", le chien est jaloux du chat, car celui ci peut rester dans la maison, bien couvé. Une mauvaise blague du chien interdit l'entrée dans la maison au chat. Mais ce dernier fait une action qui est à la fois intelligente et gentille pour qu'il puisse retourner au chaud dans la maison.
La trahison : dans "Les deux Amis", on voit le mauvais côté de l'être humain ressortir, et également sa cupidité. Mais la trahison ne reste pas impunie, car toute vérité finit par sortir.
Dans chaque sujet, une moralité importante, car même cruelles, les actions ne restent pas impunies.
L'écriture :
On apprécie le style littéraire de l'auteur pour sa simplicité et son sens du verbe : peu de mots compliqués, des situations toujours pertinentes racontées avec application. La façon de raconter les histoires est intéressante, car on imagine aisément un conteur déclamer les mots pour une assistance curieuse.
Parfois durs, cruels, les contes ne se veulent pas hautains : ils esquissent une réalité cruelle, injuste parfois. Le fait d'avoir une atmosphère différente des contes les plus connues hormis les Mille et une Nuits, permet une mise à distance des événements tragiques : en effet, on ne rencontrera pas d'ogresse, de puits asséchés ou de Sultan dans nos pays occidentaux. Mais on peut transposer aisément les situations à ce que l'on connaît chez nous : il ne sert à rien d'amasser de fortune car on ne l'emporte pas dans sa tombe, que l'on soit postier, Vizir, Sultan, ou pêcheur.
La profusion des contes permet de profiter d'une imagination intéressante. Je le déconseillerai personnellement aux plus jeunes, car il faut avoir une certaine distinction du bien et du mal pour comprendre les nuances et actes des personnages. De plus, certaines situations sont malgré tout difficiles, voire choquantes, et du coup non adaptées à un tout jeune public. Mais on y trouve des histoires très courtes et abordables.
L'édition :
Le point faible. Je n'ai pas compris la présentation de l'éditeur, le tout aurait pu être tellement plus agréable avec de petites illustrations et un format moins "scolaire". Les pages de garde ne reflètent pas non plus l'imaginaire des contes, ce qui est regrettables car si on n'est pas attiré par l'esthétique du livre, on passe à côté d'histoires passionnantes! En espérant peut être de nouvelles éditions plus adaptées à l'univers des contes. On peut en apprécier la lecture dès 7 ans.
En bref :
Plonger dans l'imagination débordante d'une auteur avec du talent de conteuse : on retrouve avec plaisir l'univers orientale des Mille et une Nuits, aux côtés de personnages aussi hétéroclites que les situations contées.
A découvrir et partager!
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