De Paivi Alasalmi, édition Presses universitaires de Caen, 1997, Thriller, Huit Clos.
Résumé :
Deux destins parallèles, deux vies en alternance: Marianne, consultante en entreprise, qui a épousé Jali, son double, pour s'installer bourgeoisement dans l'existence des « gens heureux »; Ritva, la responsable d'un petit musée que sa peur de l'autre, ses angoisses obsessionnelles, ses phobies vouent à la solitude.
Jusqu'au jour où, son chemin croisant celui de Jali, l'horreur s'installe.
Dans cette Finlande moderne mais immuablement soumise à la loi des saisons, la rassurante quotidienneté des habitudes et des rites ne saurait empêcher le destin de basculer. Le banal n'est jamais loin du tragique, la cruauté n'échappe pas au grotesque et le vernis de l'homme civilisé ne met pas longtemps à se craqueler.
Mon avis :
Marianne est une jeune femme qui, même si elle se complaît dans la normalité de son quotidien, aime les sensations qui raniment la passion du couple qu'elle forme avec Jali : le retour à la maison à la fin de la journée se termine en course-poursuite au premier qui rentrera sa voiture dans le garage. Une vie rythmée par une routine, deux enfants. Ritva est une jeune femme qui souffre de troubles psychiques : angoisses, paranoïa, l'ensemble de ses troubles lui font vivre une vie solitaire, loin des rapports aux autres. Elle se protège autant qu'elle le peut des intentions qu'elle donne aux autres. Mais lorsque Marianne et Jali se disputent, leur destin changera.
Même si nous les suivons dans leur quotidien, ce livre est frappant par la pesanteur du huit clos qu'il installe. Le ton est froid, glacial par moment, égrenant les faits et les situations à mesure qu'on plonge dans la psychologie torturée des personnages. Nous sommes happés par la recherche d'une normalité qui n'existe pas. C'est le plus frappant dans cette histoire. L'auteur a pris son temps pour nous montrer chaque facette des personnages : et au final, même la normalité est étrange.
J'ai particulièrement apprécié le traitement des personnages : de façon méthodique, l'auteur nous permet de plonger dans leur tête. Marianne est une jeune femme équilibrée, avec une situation professionnelle équilibrée. Comme tout le monde, elle est en proie au doute et ses mécanismes de défenses lui permettent de faire face au quotidien. Elle réfléchit souvent après coup à ses comportements. Jali est comme elle, même si ses réflexions ne sont pas traitées avec la même profondeur. Il est plus effacé, plus absent, et fait face avec simplicité au quotidien.
Ritva est torturée par ses angoisses qui l'empêchent d'avoir une vie normale. Qu'il s'agisse de son travail ou de sa vie privée, tout tourne autour de rituels, de médicaments et surtout de la façon dont elle utilise les informations pour les faire tenir dans sa réalité acceptable. C'est le personnage que j'ai le plus apprécié et l'auteur prend le temps de nous expliquer son cheminement, son raisonnement.
Dans chaque thriller, il y a une disparition, une attente, un corps que l'on découvre. Tel un épisode de Columbo, nous connaissons l'auteur du crime, mais l'intérêt de ce livre ne tient pas à la résolution du crime, mais plutôt à la façon dont les personnages ont fait pour tenir, vivre, faire face. La façon d'écrire de Paivi Alasalmi capte notre attention sur ces réactions. L'histoire est courte, mais ne contient à mon avis aucune fioriture : elle va à l'essentiel pour nous faire profiter d'une lecture où l'esprit et le fonctionnement de celui-ci sont mis en avant.
Hormis les trois personnages cités plus hauts, plusieurs autres font leurs apparitions dans l'histoire, mais ils ne sont là qu'en filigrane. L'impression de huit clos est renforcée par le traitement de ces personnages secondaires. Il n'est d'ailleurs pas utile à l'histoire de les développer davantage.
Un personnage en particuliers est intéressant car il n'est important que par son évocation dans l'histoire : les traces dans la neige, car il porte une chaussure différente à chaque pied. Je n'en dirais pas plus, car il faut également découvrir le livre et la façon dont l'auteur a imbriqué tous ces personnages les uns aux autres.
En bref :
Un huit clos efficace que je ne peux que recommander pour celles et ceux qui aiment les histoires glaciales et cliniquement efficaces. Des personnages dont la psychologie est finement disséquée permettant à notre curiosité d'être assouvie.
Résumé :
Deux destins parallèles, deux vies en alternance: Marianne, consultante en entreprise, qui a épousé Jali, son double, pour s'installer bourgeoisement dans l'existence des « gens heureux »; Ritva, la responsable d'un petit musée que sa peur de l'autre, ses angoisses obsessionnelles, ses phobies vouent à la solitude.
Jusqu'au jour où, son chemin croisant celui de Jali, l'horreur s'installe.
Dans cette Finlande moderne mais immuablement soumise à la loi des saisons, la rassurante quotidienneté des habitudes et des rites ne saurait empêcher le destin de basculer. Le banal n'est jamais loin du tragique, la cruauté n'échappe pas au grotesque et le vernis de l'homme civilisé ne met pas longtemps à se craqueler.
Mon avis :
Marianne est une jeune femme qui, même si elle se complaît dans la normalité de son quotidien, aime les sensations qui raniment la passion du couple qu'elle forme avec Jali : le retour à la maison à la fin de la journée se termine en course-poursuite au premier qui rentrera sa voiture dans le garage. Une vie rythmée par une routine, deux enfants. Ritva est une jeune femme qui souffre de troubles psychiques : angoisses, paranoïa, l'ensemble de ses troubles lui font vivre une vie solitaire, loin des rapports aux autres. Elle se protège autant qu'elle le peut des intentions qu'elle donne aux autres. Mais lorsque Marianne et Jali se disputent, leur destin changera.
Même si nous les suivons dans leur quotidien, ce livre est frappant par la pesanteur du huit clos qu'il installe. Le ton est froid, glacial par moment, égrenant les faits et les situations à mesure qu'on plonge dans la psychologie torturée des personnages. Nous sommes happés par la recherche d'une normalité qui n'existe pas. C'est le plus frappant dans cette histoire. L'auteur a pris son temps pour nous montrer chaque facette des personnages : et au final, même la normalité est étrange.
J'ai particulièrement apprécié le traitement des personnages : de façon méthodique, l'auteur nous permet de plonger dans leur tête. Marianne est une jeune femme équilibrée, avec une situation professionnelle équilibrée. Comme tout le monde, elle est en proie au doute et ses mécanismes de défenses lui permettent de faire face au quotidien. Elle réfléchit souvent après coup à ses comportements. Jali est comme elle, même si ses réflexions ne sont pas traitées avec la même profondeur. Il est plus effacé, plus absent, et fait face avec simplicité au quotidien.
Ritva est torturée par ses angoisses qui l'empêchent d'avoir une vie normale. Qu'il s'agisse de son travail ou de sa vie privée, tout tourne autour de rituels, de médicaments et surtout de la façon dont elle utilise les informations pour les faire tenir dans sa réalité acceptable. C'est le personnage que j'ai le plus apprécié et l'auteur prend le temps de nous expliquer son cheminement, son raisonnement.
Dans chaque thriller, il y a une disparition, une attente, un corps que l'on découvre. Tel un épisode de Columbo, nous connaissons l'auteur du crime, mais l'intérêt de ce livre ne tient pas à la résolution du crime, mais plutôt à la façon dont les personnages ont fait pour tenir, vivre, faire face. La façon d'écrire de Paivi Alasalmi capte notre attention sur ces réactions. L'histoire est courte, mais ne contient à mon avis aucune fioriture : elle va à l'essentiel pour nous faire profiter d'une lecture où l'esprit et le fonctionnement de celui-ci sont mis en avant.
Hormis les trois personnages cités plus hauts, plusieurs autres font leurs apparitions dans l'histoire, mais ils ne sont là qu'en filigrane. L'impression de huit clos est renforcée par le traitement de ces personnages secondaires. Il n'est d'ailleurs pas utile à l'histoire de les développer davantage.
Un personnage en particuliers est intéressant car il n'est important que par son évocation dans l'histoire : les traces dans la neige, car il porte une chaussure différente à chaque pied. Je n'en dirais pas plus, car il faut également découvrir le livre et la façon dont l'auteur a imbriqué tous ces personnages les uns aux autres.
En bref :
Un huit clos efficace que je ne peux que recommander pour celles et ceux qui aiment les histoires glaciales et cliniquement efficaces. Des personnages dont la psychologie est finement disséquée permettant à notre curiosité d'être assouvie.
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