mardi 31 mars 2015

"Le maitre des livres (Tome 1 à 4)" - Umiharu Shinohara






De Umiharu Shinohara, éditions Kommiku, Manga.
Résumé :
À la bibliothèque pour enfant "La rose trémière" vous êtes accueillis et conseillés par Mikoshiba, un bibliothécaire binoclard célèbre pour son caractère bien trempé. Mais contrairement à ce qu’il peut laisser paraître, c’est un professionnel de premier ordre. Aujourd’hui encore, adultes comme enfants perdus dans leur vie viennent à lui en espérant qu’il leur trouvera le livre salvateur.
Une histoire passionnante centrée sur la littérature et Mikoshiba, le "sommelier du livre pour enfant".
Mon avis :
C'est après une soirée bien arrosée que Myamoto se retrouve dans une petite bibliothèque pour enfants située au fond d'un parc : "La Rose Trémière". Mikoshiba, le bibliothécaire, le reçoit de façon plutôt froide, normale après tout, Myamoto se met à vomir. Mais il ne le chasse pas pour autant de l'établissement et il va se sentir bien dans cette bibliothèque.
Manga + livres + bibliothèque + bibliothécaire qui donne envie à des enfants de lire + discussion autour de contes et histoires pas uniquement pour les enfants.... = ravissement intense pour moi !
Mes propos sont purement subjectif, et pour cause, je n'ai pas de superlatif assez bon pour exprimer mon contentement de lire un tel manga. Celui ci n'est pas une histoire continue avec une seule intrigue, mais il consiste en plusieurs chapitres abordant à chaque fois un personnage, mettant en avant les obstacles qu'il rencontre, et les solutions qu'il peut trouver grâce à ce bibliothécaire taciturne, mais terriblement attachant.
Umiharu Shinohara parvient à mettre en exergue des contes et des histoires dites pour enfant, mais avec une morale accessible à tous : l'adulte qu'on est oublie souvent les blessures de l'enfance et se forge une carapace tout autour, mais celles ci se ravivent, on se remémore un livre, un conte et nous voilà transporté dans l'univers des mots.
Il rempli un challenge difficile tout de même : car parler de livres dans un manga qu'on va lire, cela peut paraître monotone. Mais on ne ressent ni langueur, ni monotonie à la lecture de ces tomes.
Ici, on ne trouve pas de "blablatage" pour dire : "oh oui il faut lire les enfants, vous devez apprendre pleins de choses avec les livres". Non bien au contraire, il ne FAUT pas lire par obligation, mais prendre plaisir à le faire, peut importe ce qu'on lit, de la littérature ou des contes, on parvient toujours à s'évader et à se retrouver au travers des différents personnages.
Mikoshiba
C'est le personnage le plus charismatique, car malgré ses remarques, malgré son air strict, tout le monde ressent son amour et cette passion pour les livres et la lecture, mais surtout la transmission. Car lire un livre sans avoir envie de le faire connaitre, sans voir de personne avec des pépites dans les yeux, cela ne correspond pas à son travail de bibliothécaire. La passion des livres ne suffit pas, le partage est la clef.
La qualité des dessins m'a rendu admirative : le trait est fin, les expressions proprement dessinées, et il n'y ni vide ni bulle mal associée. Il y a une fluidité à lire.
Il n'y a rien qui m'a déplu dans ce manga, il rempli tout ce que j'attends : évasion, rêve, morale, histoire... Bref, un livre qui pourrait vraiment donner envie à tout le monde de se replonger dans la lecture de notre enfance.
Une citation qui m'a touchée :
"Le rôle d'un bibliothécaire est de donner envie aux gens de lire...ainsi que de trouver les livres qui pourraient plaire aux gens !
C'est parce qu'il y a des bibliothécaires capables de ça que l'on se rend dans les bibliothèques ! "
En bref:
Très bon! Vivement la suite !

lundi 30 mars 2015

"L'Extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa" - Romains Puertolas






De Romain PUERTOLAS aux éditions livre de poche, inclassable (rocambolesque?).
Résumé :
Un voyage low-cost... dans une armoire Ikea! Une aventure humaine incroyable aux quatre coins de l'Europe et dans la Libye post-Kadhafiste. Une histoire d'amour plus pétillante que le Coca-Cola, un éclat de rire à chaque page mais aussi le reflet d'une terrible réalité, le combat que mènent chaque jour les clandestins, ultimes aventuriers de notre siècle, sur le chemin des pays libres.
Il était une fois Ajatashatru Lavash Patel (à prononcer, selon les aptitudes linguales, "j'arrache ta charrue" ou "achète un chat roux"), un hindou de gris vêtu, aux oreilles forées d'anneaux et considérablement moustachu.
Mon avis :
Je suis un peu mitigée. En règle générale, je ne me laisse pas embrigader dans un livre par les critiques que je lis de celui ci. Car en vérité, je ne lis que très rarement les critiques. Mais malgré tout, ce livre est un petit phénomène.
Bien entendu, il ne faut pas lire ce livre en attendant un nouveau Victor Hugo.
L'écriture est simple, mais non simpliste. Les enjeux cités dans ce livre sont importants et la société décrite est effroyable dans sa réalité.
Mais le voyage du Fakir Ajatashatru n'est pas censé être drôle. C'est ce qui m'a refroidit en lisant ce livre. Je n'ai pas ri, mais souri à divers endroits, mais les critiques encensaient tellement cette œuvre que je m'attendais à un moment léger et drôle. Les premières pages, on sourit volontiers à la façon qu'a l'auteur de nous présenter la phonétique des noms Hindous. Francophone que nous sommes, nous devons dire le nom à voix haute pour parvenir à le prononcer correctement, ou à trouver un diminutif qui nous satisfait assez pour nous simplifier la lecture.
Les personnages sont parfois un peu patauds, gauches, et même énervants. On ne peut pas s'y attacher car ils sont présentés comme une succession "d'étape" à franchir pour continuer le voyage. J'ai même parfois pensé au burlesque de Benny Hill en imaginant les courses poursuites. Et cela sans doute à cause de la personnalité hors norme d ' Ajat ( je lui ai donné un petit surnom).
Mais le voyage du fakir, passé le premier chapitre en France, dépeint une société disparate, injuste, et dérangeante encore une fois, car la réalité y ait dépeinte simplement et avec légèreté, malgré l'abomination que vivent les clandestins. Car il s'agit bien ici de dénoncer le calvaire que vit ces personnes dans leurs pays d'origine.
Par exemple la pédophilie qui est citée ici avec je dirais une innocence troublante : nous adulte on connait l'horreur de ces crimes, alors que la victime elle même n'a pas le même degré de conscience lorsque cela est expliqué. Ce n'est évidemment pas le thème du livre, et il en est question vers la fin.
Le paradoxe entre nos sociétés riches et ces pays en voie de développement où le fossé devient abyssal.
La clandestinité, et le calvaire que vivent ces hommes, femmes et enfants qui luttent pour sortir de leur pauvreté et cherchent dans nos pays un eldorado. Mais l'attachement aussi à leur pays d'origine, viscérale : la porte de sortie c'est simplement de trouver une solution pour que les personnes qu'on aime vivent dans la dignité.
Du coup, j'ai lu ce livre aujourd'hui en recherchant à l'intérieur une légèreté et un humour que je ne pensais pas aussi caustique et je dirai même cynique. Car lire le voyage du fakir, c'est se plonger la tête la première dans une atmosphère différente que le simple livre d'humour ou le livre très sérieux traitant de migration de populations ou de lois sur la territorialité.
Un livre plus humain que drôle, qui dresse en profondeur un questionnement sur notre société, mais avec un enrobage plus acidulé que doux.
En Bref :
Bon.
Un questionnement m'habite : j'ai lu plusieurs critiques de lecteurs qui n'ont pas aimé du tout ce livre. Je pense qu'il ne faut pas en attendre trop, mais prendre juste ce qui est offert. La faute sans doute aux nombreuses critiques presse qui en ont fait l'éloge.
Mais encore une fois, mon avis est TOTALEMENT subjectif.

dimanche 29 mars 2015

"Sukkwan Island" - Didier Vann




De Didier Vann, aux éditions Folio, pollar.
Résumé:

Une île sauvage du Sud de l’Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C’est dans ce décor que Jim décide d’emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d’échecs personnels, il voit là l’occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu’il connaît si mal. La rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar...

Mon avis :

    En fermant le livre : "Non ce n'est pas possible... Quoi ? Mais c'est que... Enfin...!!!!"
Eh bien, oui, à la dernière phrase, j'ai pu reprendre mon souffle, car ce livre m'a tenu en haleine comme rarement un livre ne l'a fait.

    Une écriture réfléchie, un vocabulaire riche et foisonnant, des idées et sensations clairement exprimés et clairement ressentis. L’effet est là, on est sous la couette et on arrive plus à se réchauffer.

    On se retrouve avec Jim et Roy, sur l'île de Sukkwan. L'auteur dresse déjà le décor de ce huit clos entre Jim, le père, et Roy, le fils : de grands espaces, une nature et un décor glaçant pour un huit clos suffocant. La nature, froide, sauvage, vierge, n'est pas un élément hostile au duo, mais au contraire leur permet de survivre. Le séjour quant à lui est souhaité par le père, qui a acheté une petite cabane, et souhaitait emmener son fils pour vivre un an avec lui, et survivre à l'hiver. C'est même au début une obsession. Cela s'avère étouffant, épuisant : les terres glacées sont difficiles à apprivoiser. Mais à l'épuisement physique s'ajoute l'épuisement psychologique : le père se confie à son fils, 13 ans qui acquiert de la maturité au fil des pages.

    Mais l'histoire, dérangeante, est difficile à dépeindre sans faire de spoil,. Ces événements tragiques vont se succéder et nous amène sur le terrain du voyeurisme : on aimerait reposer le livre, on voit ces scènes qui se succèdent, tantôt brèves, tantôt soutenues. Mais la lecture est addictive et empêche le lecteur de quitter le trou de serrure devant lequel il s'est placé.

    On passe par différent ressenti tout au long du livre : énervement, compassion, questionnement malgré un début difficile. La solitude, l'enfermement sont ici très prégnants et éprouve le lecteur qui se retrouve comme transporté en acteur d'une scène à laquelle il ne pourra rien changer malgré l'envie de le faire.
Je n'ai pas lu les précédents livres de David Vann, mais j'avoue que celui-ci me donne une envie impérieuse de poursuivre la découverte.

    Le gros reproche ? Une lecture sans ponctuation de dialogue qui m'a par moment désarçonné quant à la prise de parole. On s'y fait progressivement, mais cela m'a empêché de me mettre de suite dedans.
    Un livre à lire, mais pas pour tout public : les thèmes abordés sont par moment choquants et dérangeants, et posent question quant à notre propre relation avec les membres de notre famille et nos comportements : les non dits et les actes manqués, mais aussi la profondeur des relations humaines.

En bref :

Excellent !

samedi 28 mars 2015

"Michelangelo et le banquet des Damnés" - Didier Convard



De Didier CONVARD, aux Éditions FAYARD, thriller

Résumé :


Milan, 1508. Un matin d'avril, la tête d'un architecte récemment installé en ville est retrouvés dans le baptistère de Saint-Ambroise.
Chargé d'enquêter sur cette affaire, le prévôt Vittore, pourtant connu dans toute l'Italie pour sa brillante intelligence, est bien en peine d'en démêler les fils. Ce célibataire endurci est-il à ce point troublé par la ravissante veuve de la victime, qui en sait sans doute plus qu'elle n'en dit ?
Rien dans ce meurtre n'est ordinaire. Ni l'attitude de l'évêque de Milan, qui semble redouter le pire des cataclysmes, ni l'arrivée subite du célèbre Michelangelo, qui a dû pour cela abandonner la fresque qu'il est en train de peindre à Rome, dans la chapelle de Sixte. Mais le plus troublant demeure ce plat d'argent où reposait la tête tranchée, et sur lequel sont grossièrement gravés ces trois mots : VENIT IUSTITIAE SOL - Le Soleil de Justice a brillé.

Mon avis :

Au début, compliqué de se mettre dedans car j'avoue avoir une certaine difficulté avec les noms italiens... J'ai eu tendance à les confondre. Mais plus l'intrigue prenait place, et plus chaque acteur prenait de sa singularité et cela permettait de les reconnaître par leur caractère.

En fermant les yeux, je voyais parfaitement le prévôt Vittore, son regard grave, le visage fermé dans ses réflexions. Son lieutenant, Menanzzo quant à lui m'apparaissait vraiment dans la force de l'âge, sa rapidité d'action et son envie d'en découdre.

Les différents protagonistes sont toujours bine amenés, et leur psychologie tout comme leur physique sont faciles à se former.

L'intrigue quant à elle m'a plu dès la lecture du résumé. Il n'en faut pas plus que mêler l'histoire à une enquête sur des meurtres infâmes. Elle est rondement menée, L'écriture de Didier Convard est précise, fluide, vive, mais sans se faire rapide. Il sait ménager le suspens, sait également faire partager les réflexions du prévôt, en nous obligeant cependant à nous poser nous-mêmes certaines questions.

De plus, trouver cette explication à la peinture de la Chapelle Sixtine... Le dénouement s'y prête parfaitement.

Durant ma lecture, je me suis surprise à me souvenir d'"Un monde sans fin", de Ken Follett. L'écriture, le vocabulaire choisi et maîtrisé. Tout pour passer un moment dans l'Histoire.

Un livre que je conseille, qui se lit vite, et qui donne envie de finir le voyage avec les protagonistes de l'Histoire.

En bref :

Très bon