mardi 8 décembre 2015

"Le découvreur de trésors" - Christine d'Erceville



Merci à Babélio ​et aux Editions Salvator pour ce beau partage

De Christine d'Erceville, édition Salvator, 2015, Jeunesse, Conte

Résumé :

J'étais bien seul dans ma maison, quand un drôle de bonhomme surgi de nulle part me dit : « Pourquoi caches-tu cette pierre précieuse dans ta cheminée ? » Puis il disparut, avec la pierre dans sa main ! Vite, je courus à sa recherche, à la poursuite de mon trésor. Les chapitres sont tous de la même longueur pour faciliter le découpage de la lecture du conte en plusieurs fois.
Illustration de la phrase d'Évangile « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Évangile selon saint Matthieu),

Mon avis :

Le découvreur de trésor... Un titre qui donne à l'imaginaire le goût du voyage, du plaisir et de la découverte.
Le personnage se remémore et nous conte son aventure avec un petit bonhomme qui a trouvé un trésor dans sa maison. Ce jeune garçon, un ramoneur, était tombés dans sa cheminée. Interloqué, l'homme a réfléchi au contenu de ce trésor, mais surtout à sa véracité. En pensant avoir trouvé ce dont il s'agissait, il décide de poursuivre le jeune ramoneur afin de lui reprendre son trésor.

Il rencontre des personnages atypiques et attachant et révèlent eux aussi leur rencontre avec ce jeune garçon, mais aussi de leur propre trésor. Il finit par retrouver sa trace, et à comprendre l'importance de ce trésor.

Il est facile en achevant cette lecture de faire un parallèle avec St Exupéry : tel un enseignement de vie, nous savons tous que "l'essentiel est invisible pour les yeux". Ce petit conte nous révèle la force de cette croyance et de cette vérité : nous sommes encore trop impliqué dans un formatage de cette société de consommation. Nul doute d'ailleurs que nous perdons tous quelque chose de cette authenticité à apprécier les choses simples de la vie : nous sommes habitués à notre confort et au plaisir de celui-ci.

Ce conte jeunesse nous montre qu'il y a bel et bien un autre chemin possible : celui de la simplicité. Le trésor découvert par le petit ramoneur n'est pas un trésor d'une grande richesse financière, ou donnant accès à des sphères importantes de la géopolitique. Il permet simplement de se rendre compte que les choses qui nous rendent heureux sont parfois des objet dont la richesse est émotionnelle, ou alors nous permet de nous révéler dans nos aspects créatifs : nous rend vivant.

Faisant partie de la collection Famille, "Le découvreur de trésors" fait partie d'un cycle de "contes pour bien grandir". En ces temps de fêtes, il est important de se remémorer ces moments simples de nos vies ou ces objets qui nous font du bien : apprends à nos enfants que l'essentiel n'est pas dans la recherche effrénée de pouvoir et d'argent est une chose importante. Il s'agit de les centrer sur les trésors qui les habitent et qui font partie d'eux-mêmes.

Nous sommes tous en recherche de ce trésor, et cette lecture a achevée de me faire sourire jusqu'à la dernière ligne, car trouver le bonheur est parfois aussi simple que regarder en soi et voir qu'on n'abrite non pas un, mais sans doute des milliers de trésors.

Encore un peu jeune, car il n'a que 2 ans et demi, je sais que je lirai ce livre à mon fils, pour qu'il comprenne qu'à mes yeux, il a tout d'un trésor, mais qu'il comprenne aussi que ce qu'il a en lui est beau.

En bref :


Une lecture qui laisse un goût d'apaisement après lecture... A lire et relire, et à partager avec nos enfants!

mercredi 4 novembre 2015

"Sept Hiboux" - Gyula Krúdy


Sept Hiboux

De Gyula Krúdy, Editions des Syrtes, 2015, Roman, littérature hongroise
Un grand merci à Babélio et aux Editions des Syrtes pour ce partenariat et la découverte de ce livre.
Résumé :
Jozsias, jeune écrivain, vit à Budapest au moment où la ville entre dans la modernité. Il tente de finir son premier livre mais il est tiraillé entre trois femmes, Leonora, Fruzsina et Adalska. Ces passions féminines le conduisent à un voyage initiatique aux frontières de l'érotisme et de la mort. Une évocation de la vie culturelle et littéraire dans la capitale hongroise à la fin du XIXe siècle.
Mon avis :
Bienvenue à Budapest à la fin du 19ème siècle, découverte au fil de la lecture aux côtés de Jozsias, un écrivain romantique qui dresse le portrait des femmes qui ont comptées dans sa vie. Accompagné de son ami, Guszti Szomjas qu'il aide à la diffusion de certains messages à ces dames, nous découvrons les ruelles, les enseignes et l'atmosphère d'une vie riche et vivante.
Telle est la trame du livre, dont le résumé n'est pas chose facile, tant le mouvement dans la lecture est constant : nous évoluons dans une ville, entre découverte, recherche d'amour, de connaissance.
Les difficultés premières concernent la fluidité dans la lecture : d'innombrables bas de page viennent hacher la lecture, mais ils ont leur importance tant les référence à des personnages existant sont nombreuses : mais est ce un témoignage de vie ou un témoignage de ville? Ces informations se diluent progressivement, car nous avons par moment une impression de déchiffrer une carte, par exemple, lorsqu'on nous signale que telle rue se trouve à tel endroit près de telle ruelle.
La seconde grande difficulté porte sur l'exactitude des noms : hormis les prénoms des personnages principaux, il m'est arrivé de ne faire que survoler des Noms de rues, de lieux ou de personnes tellement j'avais des difficultés à les retenir voir à les prononcer. L'exotisme de la nouveauté est plaisant, et on s'amuse parfois sur la prononciation, mais revenir plusieurs fois de suite sur ces même noms alourdit la lecture et la compréhension du texte.
L'ambiance générale du livre est terriblement mouvante : à la fois romantique et romanesque, le style de l'auteur est très agréable. Les descriptions sont nettes et bien étayées, pour certains, elles n'auront peut être que peu d'intérêt au vue de la richesse narrative. Mais j'avoue avoir pris gout à la découverte de ces lieux, chargés d'histoire et de vie.
Les personnages sont bien décrit, et on les imagine aisément évoluer, s'aimer, se déchirer, se retrouver, se chercher. Une sensation parfois que la complexité est poussée à l'extrême : j''aurais aimé garder une part de mystère chez certains. Et à contrario, d'autres ont été trop esquissé, manquant de profondeur et de couleur : j'aurais aimé savoir ce que renfermait ces silences.
Les Sept Hiboux renferment plus qu'un simple logement : centrale dans la vie de Jozsias, il l'est aussi à la lecture du livre, revenant régulièrement à ce point de départ rassurant.
L'amour est sans doute ce qui nous berce durant cette lecture : l'amour passion, l'amour de la ville, de l'ivresse de ce sentiment qui va, vient et nous tire vers de nouvelle découverte. Mais plus encore, J'ai aimé non pas la fraicheur de ces histoires d'amour, mais leur complexité et leur mélancolie parfois : une part de réalité dans un sentiment qui est trop souvent idéalisé dans la littérature.
En bref :
Un voyage, une découverte d'un auteur dont la plume m'a ravie. Malgré certaines lourdeur, une fois prise dans la vie des personnages, je me suis sentie proches d'eux, animées de cette même impression de mouvement perpétuel, comme le veut la vie.

lundi 12 octobre 2015

"Le liseur du 06h27" - Jean-Paul Didierlaurent


Le liseur du 06h27

Merci aux Editions Folio de m'avoir permis de découvrir ce livre.
De Jean-Paul Didierlaurent, Edition Folio, 2015, roman
Résumé :
Employé discret, Guylain Vignolles travaille au pilon, au service d'une redoutable broyeuse de livres invendus, la Zerstor 500. Il mène une existence maussade mais chaque matin en allant travailler, il lit aux passagers du RER de 6h27 les feuillets sauvés la veille des dents de fer de la machine ... Dans des décors familiers transformés par la magie des personnages hauts en couleurs, voici un magnifique conte moderne, drôle, poétique et généreux : un de ces livres qu'on rencontre rarement. "Peu importait le fond pour Guylain. Seul l'acte de lire revêtait de l'importance à ses yeux. Il débitait les textes avec une même application acharnée. Et à chaque fois, la magie opérait. Les mots en quittant ses lèvres emportaient avec eux un peu de cet écœurement qui l'étouffait à l'approche de l'usine."
Jean-Paul Didierlaurent vit dans les Vosges. Le Liseur du 6h27 est le premier roman de ce nouvelliste exceptionnel, lauréat à deux reprises du fameux Prix Hemingway.
Mon avis :
Un grand merci aux éditions Folio pour cette belle découverte !
Guylain Vignolles a un nome peu usuel et sujet à raillerie. Il est responsable du bon état de marche de la Zestor 500 : une machine destinée à broyer les livres invendus dans ses entrailles. Un peu métier qui ne l'attire pas, qui est à la fois répétitif et ennuyeux. Entre des collègues et un chef peu agréable, il retrouve un semblant de bien être lorsqu'il doit descendre dans la broyeuse : il y récupère quelques feuilles qui sont attachées à la machine et qui ont évitées d'être déchiquetés.
Loin de les délaisser, il décide de donner une seconde vie à ces feuilles : chaque matin dans son RER, il lit à haute voix une page, puis une autre, même si elles n'ont rien en commun les unes aux autres. Simplement déclamer les mots les uns après les autres...
A la fois amusés et interloqués, les différents voyageurs sont tout de même à l'écoute de ces recettes de cuisine, de polar ou alors de roman à l'eau de rose, subitement commencé et subitement achevé.
Son seul amis a eu les jambes tranchés alors qu'il nettoyait la même machine que lui. Les rencontres avec celui ci revêtent un parfum de camaraderie. Il rencontre également deux dames qui l'invitent à déclamer ces mots chez elles. Les oreilles attentives ne maquent pas.
Mais un jour il tombe sur une clef USB et découvre dessus une série de pages rédigées par une jeune femme. De lectures en interrogations, Guylain va tout mettre en œuvre pour découvrir qui elle est.
Sans contexte une sacré découverte, un roman à la fois simple, mais empli d'une grande profondeur d'esprit. Que de temps ne passons nous pas dans les transports en commun : résonne en nous les mots "métro, boulot, dodo". Ils possèdent à eux seuls ce que nous ne supportons plus dans ces trajets parfois interminables : une routine triste et sans intérêt. Et pourtant, nous sommes nombreux, multiples... Et échanger devient vitale, agréable, reposant. Bien des fois nous sommes isolés dans notre bulle. Mais les mots ont cela d'incroyables d'éveiller en vous l'imaginaire : rien de plus agréable que d'entendre quelqu'un lire une histoire.
L'amitié et le sens du partage sont également des éléments importants de l'intrigue. Sans fioritures ni essais de style, l'auteur nous parle quasi à cœur ouvert : la simplicité du texte permet de se frayer un chemin directement dans les émotions. Et on aime véritablement ce lien entre les mots et les sensations.
L'histoire d'amour quant à elle est à l'image de ce que j'éprouve avec les mots : les mots ont une puissance et un attrait particulier : Guylain devient irrémédiablement attiré par cette jeune femme car il la découvre à travers un quotidien et des pensées personnelles, il s'immisce dans sa vie.
L'envie devient plus prégnante pour la découvrir.
En bref :
A la fois frais et léger, cette lecture porte en elle une profondeur et une subtilité que l'auteur a su me faire partager.

lundi 14 septembre 2015

"La vie quand elle était à nous" - Marian Izaguirre. Coup de coeur



La vie quand elle était à nous, Coup de coeur

Merci Babélio et aux Editions Albin Michel pour ce partenariat via une masse critique durant l'été. Merci de m'avoir fait découvrir ce petit bijou!
De Marian Izaguirre, Edition Albin Michel, 2015, Roman
Résumé :
Le titre évoque la nostalgie qu'éprouve Lola au souvenir de l'époque, il y a plus de quinze ans de cela, où avec son mari Matias, un amoureux des livres comme elle, elle travaillait dans l'édition et contribuait à construire une Espagne démocratique et culturelle.
Puis la lutte en 1936 et la survie chèrement payée sous le régime franquiste ont détruit leur maison d'édition. Décidé cependant à ne pas renoncer à sa passion, le couple tient désormais une modeste librairie dans le cœur de Madrid.
Leur quotidien est bouleversé lorsqu'’Alice, une Anglaise quinquagénaire, pénètre dans leur petite librairie. Elle prend rapidement l’'habitude d'y retrouver Lola, qui à sa demande, accepte de lui faire la lecture d'un manuscrit intriguant, La fille aux cheveux de lin, qui trône dans la vitrine. Une amitié sincère voit le jour à mesure que les deux femmes découvrent ensemble les aventures de Rose, une jeune orpheline élevée dans la campagne normande et qui se révèle être la fille illégitime du duc d'Ashford.
Lola et Alice l'’ignorent encore, mais cette histoire pourrait bien lier leur destin pour toujours...
Mon avis :
Alice est une vieille dame qui, un jour, décide de suivre un homme qui porte une pile de livre dans les bras. sans se poser de question et poussée par une force étrange, elle découvre qu'il fait plusieurs arrêt, semblant connaître les différentes personnes qui lui ouvrent la porte. Elle poursuit la filature jusqu'à le voir entrer dans une petite librairie, cachée au fond d'une petite ruelle. Alice entre à sa suite et se rend compte que c'est là, entourée de ses livres que le destin à choisit de l'amener. Au bon endroit.
Le jeune suivi est Matias, un ancien éditeur et tient sa librairie avec sa compagne, Lola, qui est son ancienne traductrice. Leur vie connaît des hauts et des bas sur fond d'Espagne franquiste. Leur amour des livres les rapprochent, leur regard s'illuminent à la vue de l'autre. Les épreuves sont multiples depuis l'arrivée de Franco au pouvoir, la plus dure étant la perte de leur travail qui était pourtant leur passion. Un jour, Matias se décide à présenter un livre sur la devanture de sa librairie qui l'a beaucoup intrigué. Il propose d'offrir en cadeau le livre à la personne qui l'aura lu : il souhaite proposer chaque jour 2 pages du livres, tournant les pages au rythme des jours.
Alice, en observant ce livre, est apostrophée par Lola qui lui propose la lecture à voix hautes des premières pages. De fil en aiguille, de rencontres en lecture, les deux femmes se lient d'amitié et nous invite également à la découverte de ce livre retraçant la vie de Rose dans les années 20 : on voyage ainsi de Paris à Londres en passant par l'ouest de la France.
"La fille aux cheveux de lin" est le livre qui les rapproche, et petits à petit, leur amitié grandit et s'épanouit. Ce rendez vous livresque n'a lieu qu'en l'absence de Matias : cette rencontre va les bousculer, les bouleverser et les rapprocher.
La plume de l'auteure est absolument incroyable. Le livre m'a tenu en haleine avec passion et compassion. Marian Izaguirre dresse le portrait de femmes fortes, volontaires, mais qui sont également animées par une passion autour du livre. L'une est l'autre sont sauvés par la lecture et tiennent par les livres et le pouvoir qu'ils renferment.
L'originalité première de ce livre tient en la lecture en 3 volets :
- Alice livre son histoire à la première personne, et on s'imbrique dans ses sensations, ses souvenirs et on aperçoit le monde à sa vision : il n'y a pas d'apparat et elle livre ses souvenirs, parfois tronquée à l'écoute de Lola. De plus, on prend plus facilement possession du livre car le basculement de scène est rythmé, sans mélange : la trame du livre se suit très facilement. Alice nous livre également ses sensations.
- Matias et Lola sont un couple heureux en amour. Leur histoire est conté à la troisième personne. Cela incite à prendre de la distance car leur histoire est très liée au règne de Franco et à ses années difficiles pour l'Espagne : les livres sont tellement censurés qu'on perd le plaisir de la lecture. Leur relation est également intéressante du fait de cette pesanteur liée à leur travail : certes ils poursuivent leur travail dans une librairie, mais leur "vrai travail" (éditeur et traductrice) leur manque, leur vie manque de saveur.
- La vie de Rose à la beauté de la littérature romantique anglais : les méandres amoureux et les complications amoureuses reflètent beaucoup ces livres parlant d'amour dans les campagnes anglaises. Ce charme "à la Jane Austen" m'a énormément plu : l'impression de lire un livre dans le livre.
Ce qui m'a beaucoup frappé dans ce livre, c'est l'omniprésence des livres, les références à certains grands auteurs. Je me suis déjà surprise à rechercher quelques lectures ne connaissant pas les auteurs cités.
Le côté historique n'est pas expliqué dans le détail, il est esquissé par endroit : on fait référence aux terribles guerres, au franquisme sans que l'Histoire ne soit le personnage centrale du livre. C'est un mélange subtil : Matias, Alice et Lola revêtent une part de leur époque, mais ils portent en eux espoirs et désillusions, un vrai paradoxe mais esquissé avec brio par l'auteure.
En bref :
Ce livre paraitra le 1er octobre et est pour moi un livre qui vous plongera dans différentes époques, différents lieux, et mélangera différents passés pour construire l'histoire... Un vrai plaisir !

samedi 12 septembre 2015

"L'être de sable" - Sonia Frisco


L'être de sable



De Sonia Frisco, édition Slatkine, 2014, Témoignage

Résumé :


Hommage à son père Ce livre est le témoignage d'une tranche de vie d'un être de sable. Il raconte l'histoire triste et belle d'un jeune homme que le destin toucha un jour à jamais. Ses combats étaient bons, ses rêves simples; sa vie était une merveilleuse tragédie. Le sort continuait sa course folle et ravageuse, soutenu par les mains de complices qui exécutaient ses volontés.

La marée de la souffrance avec ses flots violents et dévastateurs continuait à s'abattre sur cet homme. Ainsi, à chaque vague, la corrosion de la roche s'accentuait, dans un mouvement perpétuel, permis et rendu possible par les actes des personnes qui servaient l'infortune. Ce n'est souvent qu'en revenant des endroits les plus sombres que nous sommes éblouis par la magnifique lumière du soleil.

Mon avis :


Qu'y a-t-il de plus beau et doux qu'un hymne à l'amour ? En réalité peu de choses. Ce roman, en plus d'être un témoignage bouleversant de Sonia Frisco, est une ode à l'amour paternel.

Difficile de résumer son histoire. Elle a imbriqué l'histoire de son père au travers de ses derniers jours. Sans "Je", sans "Il", elle dresse ses personnages, comme éloignée d'elle-même pour mieux porter leurs voix : elle se présente elle-même sous le nom de Giada. Petite fille qui découvre le monde sous les yeux de ses parents. Elle parle sans véhémence, sans violence, expliquant l’enchaînement des événements jusqu'à la décision tragique de son père. Avec le recul qu'elle met dans son écriture, les mots sont plus fort, on sent la retenue, la douleur, on sent également par moment des pauses, comme pour retrouver ce souffle perdu dans les méandres des souvenirs.

Le récit est centré sur trois jours importants : du 25 au 27 octobre 1975. On fait connaissance de Michel, de ses doutes et tiraillements dans ses décisions. On apprend à le connaître par des flashs back de sa vie, jeune garçon, jeune homme et des épreuves qu'il a vécu : du manque de communication avec son père, l'autorité sadique de sa mère.

Il rencontre Nadia, la femme de sa vie, celle avec qui partagera un déménagement vers la Suisse, la naissance leur petit trésor, les épreuves de la vie, toujours soudée par leur amour. Dans les moments de doute, où certains sentiments négatifs prennent le dessus, Giada devient son rayon de soleil, sa joie de vivre, sa raison d'être. Celle-ci comprenait sans comprendre, trop petite alors, mais elle réussissait à faire de ses découvertes des événements dont son papa était à la fois fier et heureux.

Mais les vieux démons sont tenaces, ils restent agrippés tels de vilaines sangsues. Michel tient aussi bon qu'il le peut, mais chavire parfois, souvent.

Sonia Frisco signe ici un ouvrage sensible, poignant de par sa pudeur et l'espoir qui naît dans ce livre. Car malgré la profonde tristesse que j'ai ressentie, j'ai été happée par sa mélodie : les mots fredonnaient à mon oreille une mélodie mélancolique, mais qui tirait inexorablement vers l'avenir, là où l'auteur semble également nous emmener.

L'écriture, comme je l'ai souligné plus haut, est fluide, propre, avec un soupçon de méandre que j'ai apprécié : le fil conducteur changeait régulièrement de direction, comme lorsque les souvenirs nous assaillent et nous obligent à les affronter. Le vocabulaire est riche, par moment certain tournures de phrase sont développées avec profondeur et d'autres avec légèreté. J'ai énormément apprécié ce mélange, cela m'a d'autan plus rapproché avec empathie et sympathie de sa propre douleur.


Témoignage difficile, mais empli d'amour. À tel point qu'on en ressort avec l'envie d'étreindre l'auteur pour la soutenir, mais en même lui sourire et se fixer sur l'avenir.


Il y a une poésie toute particulière dans ce livre. La dépression est un sujet encore tabou, car méconnu dans son ensemble. Maladie à part entière, elle isole, broie l''être humain de l'intérieur, sans raison ni patience. Michel, homme gentil, hypersensible, était atteint de cette maladie. Ce livre permet d'aborder ce sujet, et d'encourager les personnes à ne pas rester prostré dans leur silence.


Merci Sonia Frisco pour ce livre poignant et de nous avoir invité à partager ce moment de votre vie. Avec toute ma gratitude et mon affection.

En bref :

Un livre fort, qui vous étreint les tripes par son style à la fois simple mais complexe, une écriture poétique et un sujet traité avec douceur et compassion.

jeudi 10 septembre 2015

Once upon a book : Mystère et étrangeté

Once upon a book : Mystère et étrangeté
Bonjour à tous!
Aujourd'hui, réception de ma boite Once Upon A Book : Mystère et étrangeté. Un hème qui permet de se plonger dans les méandres de lectures frissonnantes.
Ce mois ci, je trouve avoir été plutôt gâtée, car il faut le dire, la somme totale des livres est largement supérieur à la somme de la box FDP compris. Donc, je suis doublement contente :-).
- "La nuit du solstice : Tome 1 et 2" de L.J.Smith, chez Michel Lafon
- "La rivière du temps" de Bee Ridgay chez Calmann-lévy
- "Nostradamus, les 100 prophéties les plus importantes" par Mario Reading, chez Guy Trédaniel Editeur
- sachets de thé
- popcorn
- 2 cartes
Vous pouvez retrouver leur site Facebook pour voir les différentes box que ce duo propose. Entre les boc familles parents-enfants, les box anniversaire ou box beaux livres, il y a de quoi contenter tout le monde!
Sans plus tarder, voici les photos!
A bientôt.
Once upon a book : Mystère et étrangeté
Once upon a book : Mystère et étrangeté

dimanche 6 septembre 2015

"Blasmusikpop" - Véa Kaiser


Blasmusikpop

De Véa Kaiser, édition Les Presses De La Cite, 2015, Roman
Résumé :
Johannes se destinait à autre chose qu'à cette vie de villageois à moitié attardé. Son grand-père, déjà, avait quitté Saint-Peter-sur-Anger pour aller étudier la médecine en ville – et plus particulièrement le développement des vers solitaires ! – avant de revenir pour s'y établir comme médecin. C'est lui qui a communiqué à Johannes son goût du savoir et sa passion pour Hérodote, qui font de lui un parfait original dans ce microcosme alpin où lire un livre est considéré comme hautement suspect. Ainsi, lorsque Johannes, qui est parvenu lui aussi à partir, rate son baccalauréat, c'est le drame : il doit retourner au village, parmi les « barbares ». Et le jeune homme ne tarde pas à se faire embrigader, bien malgré lui, dans l'un des événements majeurs de la vie de Saint-Peter : la venue du grand club de foot hambourgeois Sankt Pauli
Mon avis :
Merci à Babélio et aux éditions Presse de la Cité pour ce partenariat dans le cadre de la masse critique sur le site de Babélio.
Dans un coin reculé d'Autriche, dans les montagnes, se trouvent Saint Peter sur Anger : la population, vivant quasiment recluse, se protège du monde extérieure par une soif d'appartenance au village, au groupe, très importante.
Un jour, Johannes Gerlitzen se décide à se débarrasser d'un ver solitaire qui lui cause moult soucis physiologiques. Cet évènement est un déclic pour lui et il se décide de quitter sa femme, sa fille venant de naitre et son village pour aller à la ville et étudier la médecine. Cette étape est vécu par le protagoniste comme salutaire et bénéfique pour son village : en effet, il y reviendra quelques années plus tard en tant que médecin, et s'installera dans ce village.
Sa fille grandit, et il souhaite pour elle un mariage heureux, mais pas avec n'importe quel villageois : toutefois le cœur à ses raisons que la raison ignore, elle épousera l'homme dont elle est amoureuse. Naitra alors Johannes : un petit garçon réservé, dont l'éducation sera prise en charge par son grand père.
Docteur Papi, comme l'appelle affectueusement Johannes, tente de lui apporter les clefs pour vivre en "civilisé" : les leçons d'histoire naturelle sont aussi importantes que le vocabulaire : le grand père refuse que son petit fils ne s'exprime qu'en patois, car il n'y a que les barbares qui s'expriment ainsi.
Johannes grandit, avec un sentiment d'incompréhension et de distance entre ce village et lui. Son entrée au Lycée le transporte de joie. Mais lorsqu'il rate son baccalauréat, une flamme s'allume en lui et son historien préféré, Hérodote, devient son mentor.
J'aurais sans doute eu quelques réticences à lire ce livre de moi même en furetant en librairie. Je suis d'ailleurs bien heureuse de m'être aussi bien laissée transporter par la plume de l'auteur. Il ne s'agit pas uniquement d'un livre sur les péripéties d'un village niché en haute montagne, il y a une vraie interrogation sur l'idée d'appartenance, l'identité par rapport au groupe et dans le groupe.
La plume de l'auteur est ici bien différente de ce que j'ai déjà rencontré : parfois haché, on a cette impression d'entendre l'histoire racontée par les villageois, attablés au café, égrenant chacun son tour les souvenirs. Le phrasé est riche, parfois un peu trop discontinu et on s'oblige à relire quelques phrases pour être sûr de l'avoir bien comprise. Cependant, cette façon toute scientifique de raconter l'histoire permet en même temps de donner sens à ce que vit le jeune Johannes sur la fin du livre : on lit ce livre comme si nous même étudions les us et coutumes de ce village.
Le petit bémol, mais cela me concernant personnellement, c'est l'énonciation continue des noms de famille et des liens parentaux entre tous les protagonistes. S'y retrouver devient difficile, mais les répétitions aidant, on se repère.
Le sentiment d'appartenance, l'identité sont des thèmes majeurs du livre. Les personnages se posent également cette question : la volonté de Docteur Papi de rester dans son village en tant que médecin n'est aucunement pour montrer sa réussite : mais principalement parce que le village a besoin d'un médecin.
On fait partie d'une famille par un père, une mère, grands parents, oncle tante et ainsi de suite. Ici, on nous démontre que la famille peut être élargit au village entier : les fêtes et rassemblements servent à consolider les liens, ainsi que les différents mariages.
Mais quelle en est la limite? Ne pas s'ouvrir au monde et se rassurer en s'entourant de personnes que nous connaissons et aimons et qui partagent nos idées, cela s'apparente à du communautarisme. J'ai d'ailleurs eu cette impression que cette jeune auteure pointe du doigts ces dangers : on peut être proche de sa famille, de son village, de ses convictions, mais il ne faut pas oublier de s'ouvrir au monde. C'est doute cela la clef du partage, de la connaissance et de la tolérance : il suffit d'une personne pour changer les choses, en bien ou en mal.
En bref :
Une vraie admiration pour le talent de cette auteur. Véa Kaiser signe un premier roman captivant, étrangement intéressant, dressant le visage d'un village attachant. Original et créatif dans son ensemble, ce livre ne passera pas inaperçu!

lundi 17 août 2015

"L'Epouvanteur, tome 1 : L'apprenti-épouvanteur" - Joseph Delaney

L'Epouvanteur, tome 1 : L'apprenti-épouvanteur

De Joseph Delaney, édition Bayard Jeunesse, 2005, Jeunesse, fantasy, héroic fantasy

Résumé :

" L'Epouvanteur a eu de nombreux apprentis, me dit maman. Mais peu ont achevé leur formation. Et ceux qui y sont parvenus sont loin d'être à la hauteur. Ils sont fragiles, veules ou lâches. Ils se font payer fort cher de bien maigres services. Il ne reste que toi, mon fils. Tu es notre dernière chance, notre dernier espoir. Il faut que quelqu'un le fasse. Il faut que quelqu'un se dresse contre les forces obscures. Tu es le seul qui en soit capable. " Thomas Ward, le septième fils d'un septième fils, devient l'apprenti de l'Epouvanteur du comté. Son maître est très exigeant. Thomas doit apprendre à tenir les spectres à distance, à entraver les gobelins, à empêcher les sorcières de nuire... Cependant, il libère involontairement Mère Malkin, la sorcière la plus maléfique qui soit, et l'horreur commence...

Mon avis :

Dans la digne lignée des livres d'aventure, celui ci nous transporte dans un univers emprunt de légende et de mythe. Une plongée direct dans l'imaginaire de Joseph Delaney : à la fois prometteur et addictif.
Découvert il y a peu, je m'étonne encore une fois de ne pas avoir eu l'occasion de lire ce livre plus tôt : placé dans la catégorie jeunesse, je me suis surprise à rester attachée à mon livre jusqu'à en connaître le dénouement. Avec une plume à la fois fluide et pertinente, je ne me suis pas alanguie durant certain passages, et les moments de tensions étaient contés avec brio car je ne me suis pas sentie lésée au moment de ma lecture. Bien au contraire, j'apprécie la fin de ce premier tome pour l'ouverture vers d'autres aventures mais pour avoir su clore une partie de l'intrigue en laissant l'imagination faire le reste.
Nous suivons Thomas Ward, appelé Tom, qui est le septième fils d'un septième fils. Ce détail a par ailleurs toute son importance dans l'histoire. Il est choisit pour devenir l'apprenti Epouvanteur, et possède également une particularité : voir ce qui ont par exemple trouvé la mort, en face de chez lui sur la colline du Pendu.
Il va suivre son maître jusqu'à la ville de Chippenden et débuter son enseignement par la découverte d'une vie solitaire, en reclus malgré l'appréciation du travail de l'Epouvanteur : à la fois respecté et craint, personne ne s'approche de sa maison qui fait à la fois office de maison, mais aussi de "prison" aux sorcières se trouvant enterrée dans son jardin.
Il rencontrera une jeune fille, du nom d'Alice qu'il pense être une sorcière qui l'aide lorsqu'il se retrouve en mauvaise posture auprès des garçons du village. Mais la contrepartie est terrible et oblige le jeune apprenti à mettre en pratique ses premiers enseignements. Son maître a commencé à lui enseigner les prémices des connaissances nécessaires à être Epouvanteur. Mais plus important, il lui offre un cahier relié en cuir où il notera lui même ses propres découvertes. Ainsi, les leçons théoriques trouvent un écho à ce que va vivre Tom.
Bien que le livre soit catalogué "livre jeunesse", j'ai trouvé un plaisir non dissimulé à me plonger dans un univers épique, rempli de songes hantés, de sorcières fantômes et autres créatures étranges. Le plus de ce livre est en effet d'éviter de raconter une histoire "propre" : on traine dans la boue, on survit durement et on fait face aux intempéries. Livré aux affres de la Nature, on en fait une alliée lorsqu'il s'agit de survivre, ou de combattre.
La mise en place de l'intrigue est menée de telle façon qu'on a l'impression d'en être le héros : on suit Tom, on devient nous même un peu son compagnon.
L'apprentissage n'est pas linéaire, et j'ai apprécié la façon dont l'auteur a su montrer l'importance du courage et de la force intérieure : même munie de la meilleure arme, si nous ne montrons pas de logique ou de réserve, la force brut ne sert à rien. Joseph Delaney pose les premières pierres d'une épopée, et je pense prendre plaisir à découvrir les aventures de Tom : ce premier tome laisse plusieurs questions en suspend, et la suite de la lecture promet d'être remplie de surprises.
De plus, la tension du livre m'a souvent nouée l'estomac et j'ai fébrilement tourné les pages, espérant en mon for intérieur découvrir encore plus de cet univers incroyable.

En bref :

Une découverte très agréable, un univers mystique rempli de sorcières et de magie noires. Un livre jeunesse qui a tout d'un grand!

lundi 10 août 2015

"Jane Austen et moi" - Emma Campbell Webster

Jane Austen et moi, Illustration de Pénélope Bagieu


De Emma Campbell Webster, Illustration de Pénélope Bagieu, édition Danger Public, 2008, Romance.

Résumé :

Votre nom: Elizabeth Bennet. Votre mission: faire un mariage de raison et d'amour, tout en évitant les scandales de famille. Vous n'avez pour vous que votre esprit vif, votre bon sens, votre beauté "passable", et vous devez vous frayer un chemin à travers une infinité de choix qui détermineront votre propre destin romantique (et financier). Ne vous êtes-vous jamais demandé ce qui serait arrivé si Elizabeth avait accepté la proposition de Mr. Darcy, d'Orgueil et Préjugés, dès leur première rencontre? Ou si elle s'était sauvée des bras de Mr. Darcy pour se jeter dans ceux du capitaine Wentworth, de Persuasion? Voici l'occasion de le découvrir. Jane Austen et moi est ancré dans Orgueil et Préjugés, mais les choix proposés tout au long du livre vous mèneront au cœur des autres romans de Jane Austen, et dans un territoire imaginaire. Jane Austen et moi est un labyrinthe d'amours et de mensonges, de séductions et de scandales, de mésaventures et de mariages, un véritable défi et un ravissement pour tous les amoureux de Jane Austen. La mission d'Elizabeth réussira-t-elle? Son destin est entre vos mains.

Mon avis :

Emma Campbell Webster est une spécialiste de Jane Austen et connaît très bien le sujet de son livre. Elle revisite l'histoire de "Orgueils et préjugés" en faisant du lecteur le héros. Permettant des choix multiples, le livre est amusant à prendre en main, et on aime avoir parfois le choix en fonction de ce que l'on est et de comment on envisage la situation.
Considéré comme l'une de ses œuvres les plus importantes et aussi la plus connue du grand public, le livre a donné lieu à plusieurs adaptation, qu'elle soit cinématographique ou télévisuelle. Drôle et romantique, on aime à suivre les aventures sentimentales des sœurs Bennet. On perçoit aisément les mœurs plutôt rigides de l'époque, où seul un bon mariage pouvait prémunir de la pauvreté, parfois sans amour.
Le livre est célèbre pour la force et la personnalité des personnages : profond, bien marqué, ils mettent en lumière les possibilités que s'offrent aux protagonistes, malgré une certaine réserve. Et qui, secrètement, n'a pas eu envie de secouer comme un prunier ce cher Mr Darcy! (ah vous pensiez que j'allais dire embrasser ;-) ) Et que dire de cette Elizabeth, femme à la fois forte et fragile que l'on suit avec attendrissement.
La prouesse de Jane Austen dans son œuvre est de relater une histoire d'amour improbable dans une société anglaise qu'elle décrit avec pertinence et sans omettre parfois les descriptions des lieux, allant jusqu'à donner la durée des voyages parfois. Sans alourdir le texte, l'auteur a su donner assez d'informations sans rendre son œuvre indigeste.
Alors que dire de cette version dont on est le héros?
Je l'ai trouvé amusante, sympathique et innovante. Mais malgré tout j'ai été déçue par la complexité et les choix offert car ils n'offraient pas vraiment de choix ludique ou intéressant à mon sens.
De plus, une erreur de pagination m'a recommencer le livre 5 fois en faisant un tas de changement dans mes choix, jusqu'à ce que je découvre que le choix pour arriver à une partie était mal retranscrit. Cela m'a semblé du coup long, et m'a même un peu interloquée.
Je n'ai pas vraiment savourer cette lecture, m'attendant peut être plus à une version plus humoristique ou en tout cas moins linéaire. De plus, l'illustration de la page de garde me laissait espérer un grand nombre de dessins... Mais il y en avait fort ^peu et je n'ai pu véritablement profiter des illustrations de Pénélope Bagieu.

En bref :

Cela reste malgré tout une belle découverte, mais je ne pense pas être le public cible... J'ai aussi eu beaucoup de mal à me séparer de l'œuvre originale je pense...