mercredi 31 janvier 2018

"L'Iliade T1 : La pomme de Discorde" - Luc Ferry, Clotilde Bruneau, Pierre Taranzano, Frédéric Vignaux, Didier Poli, Stambecco





lundi 29 janvier 2018

"La fille sous la glace" - Robert Bryndza


Merci à Babélio et à son opération Masse Critique en partenariat avec les Editions Belfond.

De Robert Bryndza, éditions Belfond, collection Noir, 25 janvier 2018, Polar, thriller.

Résumé :

La glace a immortalisé sa jeunesse, sa beauté et son mystère : qui était vraiment Andrea ? Victime ou manipulatrice ?

Encore marquée par la mort en service de son mari, l'inspectrice en chef Erika Foster découvre son nouveau poste dans un commissariat de Londres. Premier jour, première affaire et non des moindres : le corps d'Andrea Douglas-Brown, fille d'un riche industriel, a été retrouvé dans le lac gelé du Horniman Museum de Forest Hill. Que faisait la jeune femme mondaine dans ce quartier mal famé ?

Effondrée par la disparition d'Andrea, sa famille semble pourtant redouter ce que l'enquête pourrait dévoiler deux. Hasard ? Vengeance ? Crime passionnel ? Pour faire éclater la vérité, Erika Foster devra faire la lumière entre règne des apparences et sombres secrets.

Mon avis :

    Lorsque le corps d'Andrea Douglas-Brown est retrouvé sans vie dans l'eau glacée, plusieurs questions se posent : au-delà de connaître le responsable, que faisait-elle à l'opposé de l'endroit où elle avait prévu de rejoindre son frère et sa sœur ? L'enquête est confiée à la DCI Erika Foster venant de Manchester et ayant vécu récemment une épreuve difficile. C'est le responsable lui-même qui la veut sur l'enquête. Celle-ci prendra des tournures différentes à mesure que l'emploi du temps de la jeune fille, issue d'une famille très respectable, soit connu. Des bas-fonds des quartiers sordides au luxe des grandes propriétés, la DCI Foster se heurtera à la famille aux bonnes connaissances politiques. Mais elle est animée par une volonté : arrêter le meurtrier.

    La première partie du livre m'a paru longue. Les nombreux dialogues donnaient un peu plus de rythme à l'histoire. J'ai mis plus de temps à lire la première moitié du livre qu'à le finir presque d'une traite. L'intrigue en elle-même est intéressante, mais il m'a manqué du suspens. J'ai peut-être davantage ressenti les prémices de l'enquête : le temps d'échafauder des théories, de trouver des témoins et des indices exploitables. Bref, une réalité de terrain pour les inspecteurs.
    La seconde partie était bien plus profonde, instinctive et les personnages devenaient de plus en plus attachant.

    Le plus de la lecture réside indéniablement pour moi au personnage de la DCI Foster : une femme forte, fragile, humaine avec ses points forts et ses erreurs. Elle prend ses responsabilités lorsqu'elle décide d'orienter son enquête, ne lâche rien malgré certaines embûches. Le personnage est tout de même l'archétype de l'enquêteur qui est excellent dans son travail, mais vient de sortir d'une épreuve où tout a été remis en question. Je n'en dirais pas plus, car cela est une part importante de la vie du DCI Foster et sur sa façon de gérer la disparition de son mari.
    Son impulsivité sert son travail, mais pas forcément elle. Elle se heurte à la haute société, mais n'a cure de la pression qu'on essaye de lui imposer. Son objectif en tête, elle ne lâchera rien pour arriver au bout de son enquête.

    La prostitution, la drogue, la traite des femmes venant des pays de l'Est sont traités avec réalisme : des quartiers les plus sordides au plus riches, l'enquête nous fait voyager d'une couche de la société à une autre. Le fait que l'enquêtrice soit d'origine slovaque donne aussi du corps à l'enquête.
    Le travail de ces enquêteurs est important, mais les liens tissés sauront aussi aidéer notre enquêtrice : je pense à Moss et Peterson qui seront fidèles à leur "patron". Robert Bryndza a façonné ses personnages dans la diversité, allant de l'homosexualité à la solitude, leur donnant une texture, un contour et une identité propre.

    C'est à la fin du livre que j'ai apprécié les longueurs du début. On met un pied dans la baignoire pour prendre son bain avant d'y entrer le corps entier : l'histoire nous happe de la même manière. L'écriture est fluide et la tension ne vient pas de détails scabreux, mais plutôt dans la psychologie des personnages et cette chasse à l'homme.

En bref :


Un premier roman réussi, malgré certaines longueurs au début du roman qui n'empêchent en rien de rester accroché à la DCI Foster pour découvrir le meurtrier de cette jeune fille, voguant entre les bas fonds de quartiers sordides et la haute de la société londonienne. 


"Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler" - Luis Sepulveda


De Luis Sepulveda, éditions Métailié, 2012, première édition 1996, Roman, Ecologie, Chat.

Résumé :

Zorbas le chat grand noir et gros a promis à la mouette qui est venue mourir sur son balcon de couver son dernier œuf, de protéger le poussin et de lui apprendre à voler. Tous les chats du port de Hambourg vont se mobiliser pour l'aider à tenir ces promesses insolites.
À travers les aventures rocambolesques et drôles de Zorbas et Afortunada, on découvre la solidarité, la tendresse, la nature et la poésie.

" D'une écriture merveilleuse de poésie et d'humour, ce conte est une leçon de vol à partager avec les grands. " Lire

Prix Sorcière 1997 de l'Association des libraires spécialisés jeunesse

Mon avis :


    Les chats ont leur importance dans ma vie. Actuellement, j'en ai trois que j'ai recueillis et qui vivent paisiblement avec nous. Ils ont leur personnalité et leur caractère propre, des habitudes bien ancrées, et une façon d'interagir avec nous également. Ils sont emplis de douceur et sont adorables avec mon fils. Les animaux possèdent parfois plus d'humanité en eux que certains humains...

    Dans cette histoire résumée en un titre, Zorbas est un chat "grand, noir et gros" qui promet à une mouette ayant pondu son œuf qu'il lui apprendrait à voler. Cette petite mouette était recouverte de substance noire causée par une nappe de "peste noire". Elle a réussi dans son dernier souffle à faire promettre l'impensable à ce chat. Zorbas demandera conseil à ses amis chats, et prendra soin de l'œuf jusqu'à son éclosion. Afortunada, nom qu'il a donné à la petite mouette, se prenait souvent pour un chat. Mais l'appel du vol sera peut-être le plus fort.

    Ce conte philosophique n'est pas à destination unique de l'adulte, mais aussi des enfants. Une littérature jeunesse qui donne des notions en écologie, au respect des espèces et de la nature, mais aussi une approche humoristique des discussions entre chats. Car oui, ils miaulent, mais ils se comprennent très bien dans leur langage, et ceux qui ont ou ont eu un chat y trouveront beaucoup de délicatesse. Ces félins sont intelligents.

    Au-delà de l'écologie, il y a cette belle histoire d'amitié que l'on penserait impossible entre un chat, prédateur et une mouette proie. Et pourtant, au travers de cette belle histoire, Luis Sepulveda nous montre que la différence peut être dépassée, et qu'ensemble, en alliant différentes forces, un objectif peut être atteint.
    La lecture est empreinte d'une émotion teintée de tristesse et d'espoir, mais surtout de bienveillance et de respect envers les chats que l'auteur affectionne particulièrement. Une leçon sur la tolérance dans une écriture douce et émouvante. La fin m'a particulièrement touchée.

En bref :

Une histoire qui expose des notions d'écologie au travers d'une relation attachante entre une mouette, et du chat qui lui apprit à voler : de la bienveillance, de l'entraide et de la tolérance.

dimanche 28 janvier 2018

"Konbini" - Sayaka Murata


De Sayaka Murata, éditions Denoël, Janvier 2018, Roman, Japon, Différence.

Résumé :

Depuis l'enfance, Keiko Furukura a toujours été en décalage par rapport à ses camarades. À trente-six ans, elle occupe un emploi de vendeuse dans un konbini, sorte de supérette japonaise ouverte 24h/24. En poste depuis dix-huit ans, elle n'a aucune intention de quitter sa petite boutique, au grand dam de son entourage qui s'inquiète de la voir toujours célibataire et précaire à un âge où ses amies de fac ont déjà toutes fondé une famille. En manque de main-d'œuvre, la supérette embauche un nouvel employé, Shiraha, trente-cinq ans, lui aussi célibataire. Mais lorsqu'il apparaît qu'il n'a postulé que pour traquer une jeune femme sur laquelle il a jeté son dévolu, il est aussitôt licencié. Ces deux êtres solitaires vont alors trouver un arrangement pour le moins saugrenu, mais qui leur permettra d'éviter le jugement permanent de la société. Pour combien de temps...

Mon avis :

    Keiko Furukura est une trentenaire ayant un travail précaire à temps partiel dans une supérette. Depuis son enfance, elle ne se comporte pas "comme les autres". Elle prend alors le pli de "faire comme les autres" pour ne pas s'attirer l'attention d'autrui. Celui-ci lui permet tout juste de vivre. Elle se sent bien dans son Konbini, le quotidien s'écoulant au rythme des réductions et des nouveautés. Sa famille et ses amies lui font sentir le poids de son célibat, mais également de son choix professionnel. Mais Keiko se trouve très bien ainsi. Un jour, un nouvel employé arrive Shiraha. Ce dernier, également trentenaire, n'a pas de situation professionnelle, il n'est pas installé dans la société. Keiko et Shiraha trouveront un terrain d'entente qui vont les satisfaire tous les deux aux yeux des autres, de la société et de leur famille... Quoique...

    La portée de ce livre va au-delà d'une simple employée de Konbini. ces petites supérettes sont nombreuses au Japon. En y plaçant son histoire dans un lieu aussi commun, l'auteur en augmente l'humanité. La pression sociale au Japon est très grande et la puissance donnée aux hommes dans le statut sociale ou professionnel, très important. La plupart des employés des konbini sont des étudiants, des "freeters" (personnes accumulant des petits boulots souvent jeunes). À la trentaine, les hommes doivent avoir une bonne position au sein de la société pour entretenir leur foyer, femme et enfant. Le fait qu'à son âge, Keiko travaille toujours dans cet endroit est même suspicieux aux yeux de ses proches.

    La société japonaise a ses codes et son fonctionnement. Ce livre est plus une ode à la différence qu'une critique virulente de la société. Etre ce que l'on est, peut importe les diktats de la société, même si notre travail ne répond pas à l'hégémonie consensuelle, est parfois difficile même dans nos pays. Mais la culture japonaise donne au travail une importance capitale. Le personnage de Shiraha est plus virulent dans ses propos que celui de Keiko, et pourtant, j'ai ressenti beaucoup d'empathie envers eux. L'être humain est encore guidé par la place qu'il doit trouver dans la société. 
    Mais je ne dit pas pour autant que je n'ai pas ressenti une critique sur cette société très codifiée. Son succès au Japon vient peut être également de cela : cette histoire, même courte, met en évidence un malaise ressenti par beaucoup dans ce Japon alliant tradition et modernité. 

    Les personnages sont attachants, complexes et pourtant assez communs. Keiko, dans sa singularité, est un personnage qui montre bien la difficulté pour s'intégrer dans une société où la norme prime sur l'individu. La lecture est agréable, le livre se lit vite et le dépaysement total : cela ne demande pas de connaître la société japonaise : Sayaka Murata donne les clefs de sa compréhension par les dialogues et réflexions des personnages.

En bref :

Le droit à la différence prend les traits d'une trentenaire attachante dans ses réflexions face à une société japonaise dont le diktat de la norme prime sur son individualité.