lundi 18 mars 2019

"Et si les chats disparaissaient du mond..." - Genki Kawamura


De Genki Kawamura, éditions Pocket, Roman, Fantastique, 2018

Résumé :

A 30 ans, le narrateur de ce livre apprend par son médecin qu'il est condamné. Il ne lui reste plus que quelques semaines à vivre. Aussi, lorsque le Diable, cet étonnant visiteur en short, lui propose un marché, n'hésite-t-il pas longtemps. Les clauses du contrat ? Effacer, à chaque jour que Dieu fait, une chose de la surface de la Terre lui vaudra vingt-quatre heures de vie supplémentaires… Les téléphones, les montres : jusqu'ici, c'est à qui perd gagne… Mais lorsque le Diable lui propose de supprimer les chats, sa vie va basculer une deuxième fois…

Mon avis :

    Durant une consultation médicale, le narrateur apprend qu'il est condamné. Il ne lui reste que quelque temps à vivre. En sortant, il faut du temps pour encaisser la nouvelle et se rendre compte que son quotidien vient de changer irrémédiablement. C'est alors que le Diable apparaît chez lui pour lui proposer un marcher : vêtu d'une chemise à fleur et ressemblant trait pour trait au narrateur, il lui propose de gagner une journée de vie en retirant de l'existence une chose. Mais c'est le diable qui choisit ce qui va disparaître. Une montre, un téléphone, c'est encore envisageable. Mais lorsque le Diable lui proposera d'effacer l'existence des chats, le narrateur se devra de faire un choix décisif…

    Un livre qui tape dans l'œil uniquement parce qu'il y a un chat sur la couverture ? Aucune preuve, hormis savoir que j'aime à la fois les chats et la littérature japonaise. Blague à part, c'est un roman court, un conte initiatique ou une réflexion sur la vie et sa valeur. Résumer ainsi, il y a de quoi sourire, et quelques dialogues s'y prêtent d'ailleurs. La rencontre avec le Diable, se rendre compte que ce qui arrive est réel. Genki Kawamura nous propose une histoire riche, le pacte avec le diable ayant été mainte fois traité dans la littérature ou le cinéma. Mais être responsable de la suppression d'éléments contre un jour de vie supplémentaire ? Se faire juge et partie, peser le pour et le contre, prendre le temps de la réflexion.

    Mais l'histoire, bien qu'elle s'articule autour de ce pacte avec le diable, est une véritable réflexion sur la valeur de la vie, le monde qui nous entoure, le sens même qu'on peut donner à la sienne. C'est l'occasion pour le narrateur de se remémorer son passé, sa mère et son père, les relations familiales compliquées, le décès de sa mère, les chats qui ont fait leur entrée dans leur vie et comment ils l'ont changé. Et puis à l'aube de la mort, avons nous tout réalisé ? Allons-nous quitter la Terre en ayant accompli ce que nous voulions ?

    Le livre se lit avec fluidité, sans empressement, la traduction permet de s'immerger complètement dans l'histoire, comme si nous en étions le héros et donner une dimension encore plus personnelle à ce genre de lecture. Je ne vais pas dire que ce livre à changer ma vie, il nous remet à la place de simples mortels. Quant à décider ou non de faire disparaître les chats de monde… J'ai fait mon choix.

En bref :

Une belle lecture, avec un brin d'humour et beaucoup de réflexion sur le sens de la vie.

"Pavor Nocturnus" - Marilina Cavaliere, Letizia Iannaccone





dimanche 17 mars 2019

¨"Le silence des rives" - Leïla Sebbar


De Leïla Sebbar, éditions Elyzad, Roman, 2018, première édition 1993.

Résumé :

Quelque part, dans le Sud de la France, un homme remonte le cours du fleuve comme on remonte le cours de sa vie. Reviennent les couleurs et les mots de "là-bas", ceux de la terre natale, sur la rive de la Méditerranée. Mais l'exil, c'est, au moment du Dernier Voyage, l'absence de ces rites immémoriaux que, dans le livre, trois sœurs mystérieuses et fatales dispensent à ceux qui sont restés au pays.
Le silence de rives est une très belle parabole sur l'exil et la mémoire.

Mon avis :

    L'homme vit sur la rive nord de la Méditerranée. Les femmes, les sœurs, sa mère sur la rive Sud. Elles sont là, dans une atmosphère à la fois étouffante et solitaire, pendant que les hommes sont partis, en exil. L'homme pense à la rive sud, à sa mère qui lui manque, à qui il a promis une présence pour les derniers jours. Mais entre les deux rives, cette étendue d'eau, cette solitude et ce silence.

    J'ai eu du mal à rentrer dans le livre. Le phrasé était comme haché, comme une litanie : "il a disparu un matin, elle ne sait pas où elle ne l'a pas revu, elle l'attend." J'ai eu du mal avec ce rythme, ces petites portions de phrases, ces nombreuses virgules entrecoupant des idées différentes dans une même phrase. Mais au fil de la lecture, ce rythme m'a emmené, non pas emporté, mais j'ai pris un rythme de lecture dans ma tête et je l'ai gardé. Ce que je dis est étrange, je lis les mots, l'histoire, mais le rythme change l'expérience de lecture à mon sens.

    Cette histoire, sans quasiment un seul nom ou prénom prononcé, a été publié en 1993 alors que l'Algérie connaissait des troubles liés à des attentats. Une époque difficile où beaucoup ont choisi de traverser la mer et venir s'installer sur la rive nord de la Méditerranée, en France. Et il y a ces absences, ces silences qui alourdissent et éloignent. L'espérance aussi de revoir ses proches.

    Ce livre est une histoire de femmes. Leïla Sebbar lui rend hommage, à celle qui patiente dans une maison qui tombe en ruine, celle qui attend son fils, patiente et capable de nourrir le temps de peu de choses. Celle qui enfante et qui accompagne, celles qui sont présentent pour la toilette funéraire, des rites de passage des plus anciens. Ces trois sœurs, très âgées, parcourant les villages et arrivant dès qu'il y a un mort pour procéder à ces rites.

    Il y a du mystique dans la lecture. Cela est en partie dû à la forme d'écriture qui défie la construction de la phrase. Une litanie, une histoire de famille. Et comment ne pas penser à l'exil : sur une autre rive, fuir la rive où les conflits perdurent, chercher une vie meilleure, ailleurs. Mais rester attacher à ceux qui restent. Les souvenirs qui affluent et les sensations qui ne disparaissent pas. 

En bref :

Une expérience littéraire qui emmène dans les secrets de famille et les rites de passage, où l'écriture nous emporte de page en page.

samedi 16 mars 2019

"L'énigme des tableaux fantômes" - Christos, Amélie Callot


D'Amélie Callot et Christos Ortiz, édition Alice, Jeunesse, Suspens, 2014

Résumé :

Monsieur Voltaire est un chien détective célèbre. C'est pour cela que Lord Sachat McGouttière a fait appel à ses services pour résoudre une affaire bien étrange : des fantômes hantent le manoir de Gouttière, frappés par une malédiction. Cela aurait commencé, il y a plus de cent ans, au lendemain du mariage de Lady Ailein McGouttière et de Fergus McGouttière. Un chien en cavale recueilli au manoir avait accusé la portraitiste engagée pour immortaliser les mariés de lui avoir volé sa boussole et sa carte qui indiquait l'emplacement d'un trésor de pirates. La peintre, irritée, aurait jeté une malédiction sur toute la famille pour se venger…. Notre fin limier, Voltaire, n'aime guère les chats mais le salaire (un gros paquet de croquettes) est honnête et l'affaire intriguante. Bientôt, il ne tarde pas à faire la connaissance de son premier fantôme. Tour à tour, tous les esprits du manoir vont présenter à notre détective leur version des faits…

Un roman policier palpitant et truffé d'humour qui met en scène un enquêteur cabot au flair expérimenté et à l'intelligence aiguisée. Et ces qualités lui seront bien utiles pour démêler le vrai du faux et venir à bout de cette étrange histoire de trésor volé et de malédiction. Il faut dire que les félins morts sont encore plus fourbes que les vivants !

Mon avis :

    Monsieur Voltaire est un chien détective très futé. Il est embauché par Lord Sachat McGouttière pour enquêter sur le manoir familial : les membres de la famille ont dû prendre la fuite car celui-ci se trouve hanté. N'écoutant que son courage et sa perspicacité, Monsieur Voltaire se lance dans une affaire remontant à des années. Il fera la connaissance des membres qui hantent le château et se verra donner la mission de résoudre un mystère : qui a véritablement volé la carte au trésor ? En accusant, à tort ou à raison, Irina de Transylvania, ils y ont récolté un mauvais sort qui les fera hanter ce beau manoir. Pour le lever, il faut retrouver le coupable.

    C'est un petit roman à suspens qui donnera aux enfants le goût des enquêtes et des intrigues. J'ai trouvé l'histoire très accessible, mêlant à la fois une histoire de fantôme et de mauvais sort avec une intrigue qui donnera le goût aux aventures de détective.
    Les illustrations sont nombreuses et accompagnent l'histoire avec perfection. Les couleurs sont vives, que dire du travail autour de la couverture. Pour une amoureuse des chats comme moi, je la trouve atypique et superbe. Nous sommes à la Belle époque, il n'y a pas de téléphone, de rayon lumineux, juste l'esprit de déduction du détective Voltaire.
    Des personnages, chats et chiens, attiseront la curiosité des enfants. J'aime à me dire que cette lecture plaira à mon fils lorsqu'il sera en âge de la lire. C'est un peu la raison de mon nouvel engouement pour des lectures plus jeunesse sur ce mois de mars.

En bref :


Une histoire où l'esprit de déduction mènera notre détective Voltaire à résoudre un mystère vieux de plusieurs années, accompagnés d'illustrations somptueuses tout au long de la lecture.

vendredi 15 mars 2019

"101 bonnes raisons de se réjouir de lire" - Guillaume Long et collectif d'enfants.


De Guillaume Long avec la participation d'enfants, éditions La joie de Lire, Jeunesse, 2009.

Résumé :



Il y a des tas de bonnes raisons de se réjouir de lire : parce que c'est utile, parce que c'est amusant, parce que cela nous emmène toujours plus loin vers les autres et vers soi-même, parce que...

Notre avis :


    Lire est un plaisir et une passion. C'est une activité solitaire que j'aime à penser collective : nous vivons tous une sensation différente à la lecture d'un même livre. Mais aimer lire, c'est bien plus que cela.
Apprendre à lire suggère l'apprentissage, exercice, essai erreur. Mais dans quel but ? 



    Mon fils est à un âge où il apprend doucement à lire. Bientôt le CP et bientôt la joie de pouvoir me lire des histoires à moi. C'est un de ses objectifs que l'on retrouve parfaitement dans ce petit livre.

    Nous l'avons lu ensemble, en accord avec ce que d'autres enfants ont proposés, en rajoutant bon nombre d'exemples : "Maman, moi aussi, je vais lire toute la nuit tous mes livres !"




    Lire, ce n'est pas seulement s'évader dans une histoire incroyable remplie de fée, chevalier ou pirate. Lire, c'est aussi pouvoir se débrouiller dans notre quotidien, faire des courses, voir qu'on a grandi et pourquoi pas raconter notre propre histoire. Bien sûr il y aurait encore tant à dire, même si parfois il y a de la répétition, il y a autant de bonnes raisons dese réjouir de lire qu'on pourrait en imaginer ! 

    Nous avons tous les deux apprécié les dessins de Guillaume Long. Un coup de crayon simple, mais qui suffit à raconter toute une histoire. Il y a beaucoup de douceur qui ressort de ce petit livre, de l'imagination et un doux moment partagé avec mon petit garçon.

Nous l'avons lu 3 fois d'affilé, c'est pour dire… ^^ 


En bref :

Un petit livre adorable, à lire seul ou à deux avec son enfant. Les plaisirs de la lecture vue par un collectif d'enfant et agrémentée des superbes dessins de Guillaume Long