mercredi 13 mars 2019

" Le monument infini" - Dimension Ruine

En partenariat avec Babélio et sa masse critique, ainsi que les éditions Abrupt que je remercie tous deux.

Ade Dimension Ruine, aux éditions Abrupt, Essai, Philosophie, 2018.

Résumé :

Cet essai n'est pas un poème, il n'a rien non plus du songe, il se place en l'œil qui le lit comme une prière chamanique où retentissent des abstractions, s'enchevêtrent des concepts en un tournoiement qu'il veut sans fin. Le tutoiement distant, mais aimant de ce texte à la science-fiction accompagne un appel à la transformation de la vision portée sur le réel. Il invite à la réflexion sur l'acte de bâtir, non dans sa technicité, mais dans son essence mystique. Le geste qui martèle la pierre pour construire le foyer a pour le collectif Dimension Ruine l'allure d'un mantra politique. Dans cette remise en cause de ce qui nous semble anodin, la constance d'une verticale et d'une horizontale, de l'angle droit qui les réunit, se trouve un aveu de défaite des combats sociaux, un renoncement à la modernité, et dans la contemplation des gravats ontologiques d'une époque, Dimension Ruine murmure une proposition concrète : un monument sans fin. Ce bâtiment semble vouloir conquérir l'espace, il a l'apparence de la prospective, mais lance surtout un défi au lecteur : qu'est-ce que la question ? Celle sociale de l'être lorsque l'humain s'apprête à marcher vers le cosmos, quelle est-elle ?

Mon avis :


    En remportant une Masse Critique Babélio, c'est parfois comme ouvrir une pochette-surprise : même si on s'attend à trouver à l'intérieur quelque chose d'étonnant, cela peut le surpasser et devenir une expérience littéraire qui nous dépasse. Le résumé de cet essai est impalpable, mystique, et je pense que cela est réussi de laisser un point d'interrogation en suspension à cette lecture.

    Dimension Ruine, c'est un collectif réunissant des intellectuels et artistes : les arts (musique, littérature..), les sciences humaines (anthropologie, philosophie…) mais aussi mathématiques, chercheurs et autres. Cet essai, assez court, met en évidence et fait réfléchir sur la petitesse de l'humanité face à des forces cosmiques qui la dépassent. Comment peut-on penser que dans un univers en perpétuelle expansion, nous serions les seuls êtres doués d'intelligence ?

    L'expérience de lecture a été étrange : il m'a fallu reprendre certaines pages pour être sûre que rien ne m'a échappé. La constance dans l'essai, c'est l'interrogation. À chaque page, à chaque fois qu'une réflexion est soulevée, on ne peut s'empêcher de la retourner, la nourrir de notre expérience. Le monde est en mouvement perpétuel, et ce que nous sommes, nous, êtres humains, des "bâtisseurs". Mais jusqu'ou irons nous bâtir notre monde ?

"Une dynamique humaine de création provoque l'expansion de l'environnement humain. Cette conscience libère la puissance physique de l'esprit, et lui offre une volonté édificatrice sans limites."

    Je ressors de cette lecture intriguée, curieuse. Peut-être aussi, que je me sens bien petite face à ce monde qui évolue sans cesse. Peut-être est ce risible, mais parfois, je me prends à imaginer une forme de vie venant d'ailleurs et qui viendrait sur la Terre et nous mettrait devant les yeux les ignominies dont l'humain a été capable pour détruire son environnement et ses habitants. Mais j'aime à me dire qu'il y a du bon dans l'Homme pour que le futur soit beau.

    Il est possible de poursuivre l'expérience de lecture via un lien en fin d'ouvrage. Il est construit de telle façon que le texte est mis en parallèle à une page d'illustration, formes géométriques statiques ou en mouvement.

En bref :


Une expérience de lecture riche et profonde sur la place de l'être humain et le monde dans lequel il vit et qu'il continue de bâtir. Lecture très intéressante.

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