samedi 27 août 2016

"Volutes féminines" - Mickaël Gil


Merci à l'auteur pour m'avoir fait découvrir de ce premier tome et pour nos échanges.De Michaël GIL, autoédition, sortie le 11 août 2016, Portrait, Tabagisme


Résumé :


    La femme et la cigarette ou l'opposition entre la beauté et le poison dans un recueil de courtes nouvelles qui s'articule autour d'un geste et de ses multiples définitions. Une introspection afin de montrer ce qu'on ne voit plus et redécouvrir l'acte de fumer sous un angle réaliste et original. Traductions multiples de la relation entre féminité et tabagisme, ces nombreux focus ont pour but d'apporter des nuances et un regard plus humain sur les fumeuses. « Femme qui fume est éphémère... » « Frêle fille qui se parfume de cette fourbe effusion, s'affuble d'une funeste confusion. » « Feu d'artifice où le féminin s'enflamme, se flétrit et s'enfume sur un fil de funambule. »


Mon avis :


    Il me sera difficile de résumer ce livre, car il ne s'agit pas d'un livre. L'histoire n'est pas romancée. Il s'agit de portraits, de moments de vie, de réflexion autour d'un thème : le tabagisme féminin. Le titre en est d'ailleurs évocateur. En me le proposant, j'avoue que je me suis demandée s'il s'agissait d'un éloge sur le tabac. Étant infirmière, je ne cache pas mon point de vue sur le sujet : le tabac tue la personne qui le fume, mais aussi son entourage qui inhale la fumée. Chacun reste maître de son corps et il en fait ce qu'il veut. Mais dans ma profession, les lésions causées par la nicotine, je les connais.


Des portraits enfumés.    

Photo by Laurie Jacquemin

    Les photographies qui jalonnent le livre ont été réalisées par Laurie Jacquemin, photographe amatrice. Malgré l'amateurisme, on sent qu'elle joue de la lumière et du regard avec son modèle. J'ai apprécié la simplicité des photos, car on ne présente pas de top model dans des positions acrobatiques improbables, ni des situations irréalisables dans le quotidien. Mon bémol ? La photo de couverture : j'ai une affection particulière pour la version noir et blanc, mais c'est un goût personnel.


Des portraits exclusivement féminins.

    J'ai apprécier de lire la cigarette comme actrice de la scène, lui donnant vie et corps. Sa présence touche tous nos sens : le toucher sur les lèvres, l'oui lorsque la fumée est exhalée, l'odorat avec cette odeur tenace, le goût qui souvent disparaît, la vue de cette fumée qui s'échappe. On peut voir ces volutes comme féminines du point de vue de la femme, mais aussi des cigarettes. Je n'ai pas apprécié retrouver uniquement des portraits féminins, le tabac touchant autant les femmes que les hommes. J'ai aimé également retrouver des portraits de femme, dont les problématiques, même si elles tendent à être les mêmes que celles des hommes, seront aussi différentes. S'agissant du premier tome, le second pourrait sans doute être conjugué au masculin...?


    Les portraits, malgré un style parfois ampoulé, sont variés, et mettent l'accent sur un point précis : le besoin de la cigarette. Celle qui rassure, celle qui libère, celle qui se fait rapide, l'autre qui se savoure. Bref, l'addiction est permanente, mais sa raison diffère en fonction des personnes. Et là où je rejoins l'auteur, c'est qu'il ne faut pas essayer de comprendre uniquement la consommation de tabac, mais aussi sa genèse : la première cigarette ? Pour faire comme tout le monde, pour voir ce que ça fait....? Il n'y a ni bonne ni mauvaise réponse, il y en a. À travers ses portraits, Mickaël Gil parle avec poésie de cette addiction, mais aussi désillusion :


" Alors elle boit parfois, elle fume souvent, pour se défaire du froid de l’hiver et couper sa faim. Pour mieux ignorer les insultes de ces mâles frustrés et oublier la solitude dont on lui fait cadeau. Pour torturer son corps afin de lui donner l’apparence de son physique, pour détruire cette beauté intérieure que plus personne ne cherche à voir. " Extrait de Sous Dépendance Fixe.


    L'écriture, comme je l'ai souligné plus, était parfois lourde, et les phrases longues, surtout au début. Mais au fur et à mesure, l'écriture se précise, et le style devient agréable. J'ai préféré le style dont l'extrait plus haut rend hommage : de la mélancolie et de la désillusion.

    L'auteur parle également beaucoup de la beauté de la femme, et de ce que la cigarette ajoute au portrait. Mickaël Gil aborde la femme avec respect, en tentant de faire prendre conscience des effets du tabac. 


En bref :


    D'actualité, le tabac tue. Mais les raisons de son usage diffèrent selon les personnes. La diversité des portraits est entière, accompagnée par des photos simples, du quotidien, rendant le tout plein de désillusion. 

vendredi 26 août 2016

"La fuite" - Ève Chambrot

Merci à François Sirot et aux éditions Envolume de m'avoir fait retenir ma respiration jusqu'au dénouement. 

D'Eve Chambrot, éditions Envolume, sortie le 25 août 2016, Contemporain, Mensonge, Manipulation

Résumé :


C’est un homme ordinaire : comme tant d’autres, il veut gagner de l’argent, réussir. À la tête de sa petite entreprise, il mène une existence confortable. Un jour, les clients disparaissent, les dettes s’accumulent et tout s’effondre. Dès lors, il aura une seule préoccupation : que personne n’en sache rien.Roman obsédant, La Fuite décrit une descente aux enfers pavée de mensonges et de suspicions, où l’orgueil prime sur les sentiments.
Un récit mené de main de maître par Ève Chambrot.


Mon avis :


    C'est un homme d'une grande intelligence, rusé, manipulateur. Il nous explique ses succès, son entreprise florissante, et ce rêve qu'il a de partir vivre aux Etats-Unis : vivre le "rêve américain". Il a d'ailleurs tout entrepris avec cet objectif en tête. Mais bientôt ; tout s'écroule : il ne réussit plus, les factures s'amoncellent, les dettes, les demandes de prêts. Son mariage s'effiloche, se fragilise. Il perd tout, ou presque : il garde en lui et en son existence une confiance absolue. Car il trime, lui. Il est l'homme, à qui ont respect. Il trouve toujours une solution, même à la dernière minute. La dernière sera celle qu'il aura le mieux préparé.


    Encore une fois, je suis ravie de cette lecture pour sa construction : nous avons le point de vue du personnage en "Je", entrecoupé de chapitre l'on voit l'histoire de l’œil de l'épouse. C'est intéressant dès le départ, car on voit cet homme puissant, fort, inflexible et sur de lui parler de sa réussite, de ses exploits, mais surtout de sa valeur. En parallèle, son épouse qui évoque le quotidien, les difficultés quelles soient financières ou conjugales. Progressivement, la psychologie des personnages est étayée : on se perd dans le discours de cet homme (si on peut le nommer encore ainsi), et on découvre la réalité présentée sans phare et sans emphase sous l’œil de l'épouse.


    Les chapitres de l'homme m'ont donné l'impression de monologue sans fin, irritant, énervant. On aimerait le mettre face à la réalité, pas celle qu'il s'est construite, mais celle du monde réel. Les relations conjugales et les moments qu'il passe en famille sont d'ailleurs très intéressants à lire des deux côtés : illusion, sentiment de ne pas être soutenu d'un côté, incompréhension et insécurité de l'autre. J'ai beaucoup aimé la profondeur qu’Ève Chambrot a mise dans la construction des personnages. Il s'agit d'un livre court, mais qui a la puissance d'offrir des protagonistes complexes en très peu de temps.


    L'auteur est parvenu également à une chose plaisante : j'ai aimé détester cet homme, vouloir pour lui une chute inexorable dans la dure réalité qu'il a provoquée autour de lui. Se pose alors la question de la confiance : en soi tout d'abord, car il faut être armé d'un égocentrisme sans nom pour agir de la sorte, dans les autres pour parvenir à allumer en eux des étincelles de doute, sans qu'elles ne prennent vraiment feu.


    L'écriture d’Ève Chambrot est succulente : les mots se suffisent à eux-mêmes, on ne trouve pas descriptions superflues, ni de condescendance. Le doute y est important, pour les personnages, mais aussi pour le lecteur : et on ne lâche pas le livre avant de connaitre ce dénouement auquel l'auteur nous a si bien travaillé. Il peut nous arriver à tous de tomber, de faire des mauvais choix, mais comment décide-t-on de prendre la "bonne" décision" ?


En bref :


    Un livre dont j'ai aimé détester cet homme, dont la fin m'a tellement retournée que j'aurais la voir réécrite. Mais au final, non, elle va si bien au personnage. Une belle écriture, à l'implacable précision.



jeudi 25 août 2016

"Je vais m'y mettre" - Florent Oiseau


Merci à Charline et à Allary Editions pour cette petite pépite de la rentrée littéraire.De Florant Oiseau, Allary Editions, sortie de 24 août 2016, Contemporain, Anti Héro, Décalé.

Résumé :


    Fred, la petite quarantaine, surfe sur l’écume des jours. Après des années à enchaîner jobs alimentaires et périodes de chômage, il a renoncé à faire carrière. Il passe désormais ses journées à dormir, manger des Knacki devant les émissions de Sophie Davant et boire des demis au bistrot du coin en attendant l’amour.    Jusqu’au moment où il découvre qu’il arrive en fin de droits, et que ses maigres allocations disparaîtront bientôt. Il n’a plus le choix : il doit s’y mettre. Un emploi salarié ? Il n’en trouvera pas. Mais des ennuis, oui. Fred, par paresse ou naïveté, a une fâcheuse tendance à se laisser glisser dans les embrouilles…    De Paris à Malaga, Je vais m’y mettre nous embarque pour une série d’aventures drolatiques en compagnie d’un personnage aussi attachant que désabusé. Une comédie d'aujourd’hui où, derrière les éclats de rire, se dessine le devenir de la génération précaire.


Mon avis :


    Fred, la quarantaine, raconte dans cette histoire sa volonté de changement, de s'y mettre comme il le dit si bien... "Mais d'abord, un dernier verre". Il passe en revue toute son expérience professionnelle qui se résume à des petits boulots, des tentatives avortées de faire quelque chose. Au final, il se retrouve en fin de droits : bientôt, il ne pourra plus toucher son chômage, alors c'est décidé, il va s'y mettre.

    Mais la procrastination est devenue son mode de vie, chaque jour, il se répète un leitmotiv qui finit par ne plus rien vouloir dire. Les journées à prendre plaisir à la vue de Sophie Davant l'après-midi vont se transformer lorsqu'il devient "protecteur" tentant de protéger deux jeunes femmes. Mais cette activité le mènera loin, jusqu'en Espagne où là, il s'y est mis dans son aventure.

    À la fois loufoque et décalé, Florent Oiseau nous offre un premier roman intéressant sur la société actuelle et ce mot : procrastination que j'entends de plus en plus dans certains médias.

    Une écriture travaillée effleurant la facilité sans la dépasser : l'auteur joue avec les mots, joue aussi avec le quotidien de Fred, donnant des scènes d'un humour caustique délicieux. Jouant au Loto, se trouvant un travail qui ne va surtout pas l'exténuer jusqu'à protéger ces deux jeunes femmes... Jouant au Loto, se trouvant un travail qui ne va surtout pas l'exténuer jusqu'à protéger ces deux jeunes femmes... Comprendront les lecteurs... C'est la grande qualité de ce livre : avec un scénario simple, l'auteur nous fait voyager de la France en Espagne, utilisant un humour qui m'a conquise : loin des codes habituels de la littérature, on a droit à un livre qui ne connaît pas de copie dans sa façon de critiquer sans accuser.


    La construction du livre est très intéressante. Je me suis attendue à ne pas apprécier Fred en lisant la quatrième de couverture. Et pourtant, je l'ai trouvé attachant dans sa bizarrerie, dans sa simplicité (car oui, il ne va pas au Ritz tous les soirs), mais aussi son franc-parler : il se rend compte de sa situation, il sait qu'il faut changer tout cela, mais en même temps, il tourne les événements de telle façon qu'ils semblent "normaux".


    Fred rencontre différents personnages, et malgré son indolence, arrive à sympathiser avec eux. J'ai aimé cette palette de personnalité qu'il découvre au fil de ses péripéties : simple, entier, différent, critiquable par leurs actions... Bref des personnes, des vrais que Florent Oiseau a su retranscrire dans ses pages avec beaucoup de réalisme et de respect. 

    Il y a également une bonne partie du livre qui peut se résumer au rapport que Fred a avec les femmes : targuant de les aimer et de vouloir leur bien, il n'est pourtant pas si "gentleman" que cela. En effet, le nombre de fois où il nous raconte ses mésaventures amoureuses et sexuelles, Fred s'en plaint, s'en forcément se remettre en question. Cela montre une autre facette de ce personnage prêt à s'y mettre.


En bref :


    Pour un premier roman, je suis agréablement surprise de retrouver un livre maîtrisé, drôle, que j'ai même trouvé satirique de notre société où tout le monde doit réussir, gagner beaucoup d'argent et être reconnu de tous.



"Séduire Isabelle A." - Sophie Bassignac




Merci à Lecteurs.com et aux éditions JC Lattès de m'avoir permis de découvrir ce livre dans le cadre des Exploraturs de la rentrée littéraire.

De Sophie Bassignac, éditions JC Lattès, sortie prévue le 30 août 2016, Contemporain, Sentimental, Rocambolesque.



Résumé :


Isabelle a été très claire. Elle n’épousera Pierre que s’il est accepté par tous les membres de sa famille, les Pettigrew. Lors d’une semaine caniculaire sur les bords de Loire, les présentations vont tourner au cauchemar. Car tout sépare le jeune journaliste un peu coincé de cette joyeuse clique de libres penseurs passablement allumés. Pour être adopté, le nouveau venu sera soumis à un baptême du feu décoiffant…Drôle et déluré, Séduire Isabelle A. évoque avec finesse la folie du microcosme familial et l’art de vivre ensemble.



Mon avis :


    Pierre aime Isabelle. Isabelle aime Pierre. Ce dernier passe des vacances dans une propriété de la famille d'Isabelle accompagné de la famille de celle-ci qui doit l’accepter avant d’envisager un mariage. Depuis plusieurs années, ils ont pour habitude de fêter l'anniversaire d’Henriette Pettigrew, la grand-mère d'Isabelle. Tour à tour, il fait la connaissance de ses parents, de son oncle, de sa sœur, de ses neveux. N'ayant pas eu la même éducation, Pierre a du mal à trouver ses marques et à comprendre cette famille à la fois libérée, fantasque et différente de lui. Mais les sentiments qu'il porte à Isabelle vont être son fil conducteur.


    Je reste mitigée sur cette lecture, à la fois amusée, sur ma "fin", mais aussi frustrée. J'ai eu beaucoup de mal à m'attacher aux personnages et à les différencier, malgré la présentation du tableau de famille en début de livre. A froid, je pense que j'ai été comme Pierre, rencontrant beaucoup de monde en même temps sans avoir le temps de faire connaissance ou de mémoriser les noms et les liens qui les unissent. En cela, Sophie Bassignac a eu du talent : présenter les personnages comme si nous entrions dans une pièce bondée : nous ne savons plus où donner de la tête.


    Loin de m'attacher aux personnages, je me suis attachée ici à l'ambiance générale du livre : prônant la différence, mettant en avant qu'il n'existe pas une éducation unique, et surtout que le bonheur ne doit pas être une façade qu'on affiche. Il doit être vécu avec autant d'intensité chaque jour.


    Sans spoiler les événements du livre, je parlerais d'un événement qui m'a à la fois décontenancé et amusée : un face-à-face entre la grande mère Henriette et un taureau... Ceux qui liront comprendront. Et c'est justement avec des événements aussi cocasses que je me suis habituée à la famille. Comme ils se dévoilent sur la seconde partie du roman, on les découvre avec leur sensibilité et leur fragilité.


    L'histoire d'amour entre Isabelle et Pierre est atypique, loin du cliché du prince charmant, ce qui fait du bien. Le roman pose également la question : faut-il être soi-même ou absolument plaire à autrui et donc changer ? Ce genre de réflexion me plaît, même si le roman manque de profondeur, ou plutôt de page pour étayer davantage les relations familiales, surtout celles de Pierre avec sa propre famille.


    Même si je reste mitigée, ce qui fait pencher la balance vers le positif est simplement mon impression à la fin de la lecture : en reposant le livre, j'avais un sourire aux lèvres en imaginant encore chaque personnage dans son quotidien, la rencontre entre la famille de Pierre et d'Isabelle. Leur cocasserie m'a suivie toute l'après-midi, et même le lendemain, signe que le livre m'a marqué.

En bref :

Une lecture légère, qui se lit facilement et laissant au lecteur une belle morale sur l'identité et l'acceptation de ce qu'on est sans ressembler au clone d'un autre.




"Police" - Hugo Boris




Merci à Lecteurs.com et aux éditions Grasset de m'avoir fait vivre l'aventure des Explorateurs de la rentrée littéraire !

De Hugo Boris, éditions Grasset, sortie prévue le 24 août 2016, Huit Clos, Société, Contemporain.

Résumé :


Ils sont gardiens de la paix. Des flics en tenue, ceux que l’on croise tous les jours et dont on ne parle jamais, hommes et femmes invisibles sous l’uniforme.

Un soir d’été caniculaire, Virginie, Érik et Aristide font équipe pour une mission inhabituelle : reconduire un étranger à la frontière. Mais Virginie, en pleine tempête personnelle, comprend que ce retour au pays est synonyme de mort. Au côté de leur passager tétanisé, toutes les certitudes explosent. Jusqu’à la confrontation finale, sur les pistes de Roissy-Charles-de-Gaulle, où ces quatre vies s’apprêtent à basculer.

En quelques heures d’un huis clos tendu à l’extrême se déploie le suspense des plus grandes tragédies. Comment être soi, chaque jour, à chaque instant, dans le monde tel qu’il va ?


Mon avis :


    Gardien de la paix. Un métier aux services de l'autre. Virginie, Erik et Aristide ont accepté une mission qui ne fait pas partie de leurs attributions habituelles : raccompagner un migrant à l'aéroport afin que celui-ci soit raccompagné dans son pays : une reconduite à la frontière. Mais dans l'habitacle où la tension reste palpable, Virginie ouvre l'enveloppe de liaison qu'il faudra remettre à l’aéroport.
    De cet acte, les esprits s'échauffent : les interrogations sont nombreuses, et les volontés de chacun sont différentes. Entre ces policiers qui se connaissent bien, des silences entendus, des réflexions de franche camaraderie. Mais à côté d'eux : Asomidin Tohirov, un Tadjik, reconduit dans son pays. Les quelques heures qu'ils passent ensemble vont les transformer.


    Dans le climat politique national et international actuel, je n'ai pu qu'être touchée par l'audace d'un tel roman. Hugo Boris nous fait part de l'évolution des personnages dans une ambiance pesante, voire étouffante. On lit, on aimerait aller vite pour connaitre le dénouement, et en même temps, on le redoute.


    Avant de parler de l'histoire, j'aborderais ce qui m'a beaucoup frappé dans ce roman : les personnages. Virginie, Erik et Aristide sont Gardiens de la Paix. Virginie est enceinte d'Aristide, mais a programmé une IVG le lendemain de cette mission. Aristide est un homme charismatique, fort, mais qui cache une sensibilité que lui-même ignore. Enfin, Erik est leur supérieur, droit dans ses bottes, respectant les ordres et le rôle de chacun. Ce qui m'a frappé, c'est de retrouver ici non pas des agents, mais des humains, dans la complexité la plus complète de leurs sentiments. Je n'ai pas souvenir d'avoir retrouvé autant d'humanité dans un autre livre abordant des policiers souvent cantonnés à leur rôle d’agent, et c'est une bouffée d'oxygène : présenter ces hommes et femmes non pas par leur travail, mais uniquement par ce qu'ils sont au-delà de cet uniforme. Je me suis attachée à eux rapidement, l'auteur parvenant à toujours mettre en avant des souvenirs, des sensations, des sentiments proches du lecteur.


    L'histoire pourrait être tirée de faits réels. Mais je n'ai pas senti d'implication politique dans ce livre. Hugo Boris décrit une réalité, de façon brutale, réaliste. Ce qui est intéressant, c'est de découvrir comment les gardiens de la paix évoluent dans cette histoire, et pas uniquement vis-à-vis de leur responsabilité professionnelle, mais surtout par rapport à leur vie privée, leurs affects. N'étant pas une mission habituelle pour l'équipe, le côté humain est davantage mis en avant.
    Au milieu du livre, j'ai trouvé dommage qu'on ne parle que très peu d'Asomidin Tohirov. Mais au final, sa discrétion était plus pesante et appuyait davantage sur la psychologie des autres personnages. Et au final, je comprends ses silences et ses réticences. Le monde mériterait d'être meilleur.


    L'écriture de Hugo Boris est très agréable, facile d'accès et surtout impossible à lâcher : il parvient, dans un habitacle de voiture à faire émerger autant d'émotions que de réflexions. Un huit clos réussi, mais audacieux : on s’attend à de l’action, des échanges plus musclés. J’ai apprécié qu’il ne s’agisse pas d’un livre purement politique, ce qui aurait rebuté ma lecture. Au contraire, Hugo Boris est resté proche de l’humain, dans son histoire et dans écriture. Un bémol ? J'aurais aimé une introspection aussi approfondie pour Aristide et Erik que l'auteur ne l'a fait pour Virginie.



    Chaque lecteur pourra se faire une morale de ce livre. En l'achevant, je me suis demandé si nous devions tout accepter du moment où c'était notre "travail". L'auteur touche une corde sensible.


En bref :


Un livre brut, sans concession sur des événements actuels. Un livre qui fait réfléchir alors que le climat politique international n'est pas au beau fixe...

mercredi 24 août 2016

"Sweetgirl" - Travis Mulhauser



Merci à Justine et aux éditions Autrement de m'avoir fait vivre ce road trip dans le froid du Michigan.

De Travis Mulhauser, aux éditions Autrement, sortie le 06 avril 2016, Adolescence, Courage, Road trip.


Résumé :


« Quand j'ai senti sa petite main qui m'agrippait, mon coeur s'est arrêté de battre. »Il était posé là, dans le courant d'air glacial, le visage déjà couvert de flocons. Un bébé. Minuscule sous l'ampoule nue de cette chambre poussiéreuse. Je le voyais pleurer, ses cris se perdaient dans le vent. Je n'ai pas réfléchi : je l'ai pris dans mes bras et je me suis enfuie.Je m'appelle Percy. J'ai seize ans. Voici mon histoire.« Lisez le premier chapitre de Sweetgirl et je vous jure que vous ne pourrez plus le lâcher. »Nickolas Butler


Mon avis :


    Dans le froid de l'hiver, dans le Michigan, on suit les pas de Percy, jeune fille qui cherche dans la ferme de Shelton, un trafiquant de drogue, les traces du passage de sa mère. En entrant à l'intérieur de la bâtisse, elle découvre Shelton et son amie défoncés à la métamphétamine. Elle passe le plus discrètement possible de pièce en pièce, nous fait partager cette odeur nauséabonde en émanant. Dans la dernière, elle découvre devant la fenêtre ouverte un berceau où est inscrit le prénom de Jenna. Le vent souffle déposant des flocons de neige sur son visage. La petite s'époumone. Sans réfléchir, elle prend une décision qui va la transformer.    Elle s'en alla chercher de l'aide chez l'ex de sa mère, Portis. Celui-ci, malgré son air bougon d'ours, sera pour Percy un roc solide sur lequel elle peut s'appuyer. Leur chemin sera quant à lui, semé d'embûche.


    En découvrant le résumé, je ne m'attendais pas à une telle histoire. J'ai été conquise par le talent de Travis Mulhauser.
Tout d'abord, l'objet livre : la couverture retient notre attention : une jeune fille de dos levant ses bras dans le froid. À la fois simple mais pleine de promesse. Ensuite, j'ai apprécié la police d'écriture et son format que j'ai trouvé agréable à lire.


    L'histoire quant à elle, sans en dire trop, regorge d'éléments que j'affectionne dans les livres. En premier lieu, ces chapitres où tour à tour, nous suivons Percy, qui raconte son histoire à la première personne. Cela permet au lecteur de partager son aventure, d'en être proche. En parallèle, la version de Shelton. Racontée à la troisième personne, on s'éloigne de lui, mais au fur et à mesure de ses prises de conscience, j'ai trouvé le personnage entier, et j'ai eu de la sympathie pour lui... Me comprendront ceux qui le liront...

    En second lieu, le livre regorge de thème que je trouve important de développer pour la littérature pour adolescent : le courage, la famille et les liens familiaux, le choix et la prise de décision, la confiance en soi. Ce livre regroupe le tout à des degrés différents. Le plus important restant le courage de Percy. Sa traversée dans le froid sera jonchée d'obstacles. Sa façon de faire face l'a rendu humaine, fragile, mais forte. Un vrai paradoxe.

    Les différents liens qu'ils soient amicaux ou familiaux sont importants également : tout au long de l'histoire, Percy se questionne, trouve des réponses, prend des décisions qui impacteront ces relations. J'ai d'ailleurs apprécié le juste milieu qu'a trouvé l'auteur pour aborder la relation avec Carletta, la mère de Percy, sa sœur Starr. Il n'y avait ni exagération ni mélodrame. 


    Le huit clos est présent mais perd son sens face à cette impression d'immensité ramenant toujours aux grands espaces, à la neige, la forêt et le lac. Ils sont seuls, mais entouré d'une nature très hostile qu'ils devront affronter.

    La lecture est simple, on ne veut pas lâcher le livre, car on est embarqué au côté de Percy, on aimerait lui tenir son sac, l'encourager. Et on veut connaitre le dénouement que l'auteur sait amener parfaitement dans une lecture pleine de sensations.

En bref :

Un livre très intéressant à découvrir dès 14/15 ans. On y parle de courage, de volonté et de responsabilité par une nuit de grand froid. J'ai aimé cette écriture simple et franche. Un très bon moment de lecture !

"Les temps d'une vie : tome 1 : rencontre avec Chronos" - Enel Tismaé


Merci à Nats éditions de cette découverte.
D'Enel Tismaé, Nats Editions, 2013, Romance, Fantastique.

Résumé :


« Et si… » un vieillard qui se présente comme Chronos, Dieu du Temps et de la Destinée, vous proposait de revenir en arrière pour refaire votre vie que vous estimez complètement ratée ? C´est dans cette situation que se trouve Kayla, future maman de 26 ans, abandonnée de tous, perdue et pleine de regrets. L´occasion rêvée de se reconstruire une vie parfaite… Encore faudrait-il que ce vieux fou soit bien Chronos ! Kayla choisit de le croire et se retrouve embarquée pour un tas d´aventures dans le Temps, accompagnée de l´insupportable mais tellement beau Samuel, Gardien de l´Olympe, pour tenter de réparer ses erreurs. Une seule règle : ne pas chercher à sauver ceux qui sont destinés à mourir, sous peine de terribles représailles de la part d´Hadès, Roi des Morts.

Mon avis :


    Kayla est une jeune femme perdue, dont la vie actuelle ne trouve pas de résonance. Enceinte, elle a du mal à trouver un équilibre, et sa famille lui reproche de n'en faire qu'à sa tête. Ses relations avec celle-ci sont assez tendues du fait de la volonté de Kayla d'aller au terme de sa grossesse alors que sa situation est précaire.
    Un jour, elle fait la connaissance d'un vieil homme SDF qui, après discussion lui révèle être Chronos, Dieu du temps, et lui fait une proposition inattendue : revenir en arrière et tenter de modifier des événements de sa vie pour un meilleur avenir. Elle sera accompagnée de Samuel, son gardien venu de l'Olympe. Ils vont parcourir la vie de Kayla et de voyages en voyages, se découvrir.


    Le résumé de l'histoire m'avait beaucoup plu, à la fois léger, mais plein de bon sens. Et qui ne s'est pas un jour posé la question du : "et si j'avais agi ainsi cette fois, qu'est-ce qui se serait passé ?"
    Cependant, au fil début de la lecture, j'ai été gênée par le style de l'écriture, ne sachant si je me trouve dans un livre young adult ou jeunesse : trop simple, et parfois maladroit. J'ai eu du mal à m'identifier à Kayla, qui m'agaçait par son comportement parfaitement désinvolte.


    Mais lorsque les voyages dans le temps ont commencé, on sentait que l'auteur prenait les rênes de son histoire et donnait de la consistance aux personnages. Les réflexions de Kayla ont changé, elle a grandi au vu des épreuves qu'elle vivait dans son passé.


    Je ne suis pas trop adepte des romances, mais la relation entre Samuel et Kayla m'a semblé rapide et quasi inévitable. La maturité de Samuel a beaucoup contribué au changement de Kayla : son personnage est d'ailleurs bien travaillé et profond. son passé, son histoire prend une importance dans le roman, et on se doute qu'on retrouvera dans la suites les réponses à nos questions le concernant. 
    J'ai davantage apprécié la seconde partie du livre, plus construite, dont il dégageait une belle morale : doit-on changer son passé pour avoir un meilleur avenir, ou apprécier ce que l'on a au quotidien, apprendre de nos erreurs et avancer ? On sent que l'auteur prend plaisir à ces scènes fantastiques, aux différentes rencontres, mais aussi à la visualisation des effets : on voit l'histoire


    En ajoutant à son intrigue un monde où l'Olympe serait une ville avec une hiérarchie, des codes, des entreprises, du travail, Enel Tismaé rend son histoire originale : il n'est pas uniquement question de Dieu, de Zeus, d'Aphrodite et des pouvoirs que l'on connaît. On est même curieux de découvrir ce royaume et tous ses codes.


    La fin du premier tome laisse présager une nouvelle aventure toute particulière dont je suis curieuse de connaitre le dénouement.


En bref :


Un peu mitigée, la première partie du livre ne m'ayant pas permis de rentrer dans l'histoire, mais une seconde partie bien plus travaillée, permettant au lecteur d'apprécier la plume d'Enel Tismaé et son univers où l'on se pose beaucoup de questions.


"Caillou va à l'école" - Anne Paradis et Eric Sévigny


Merci à NetGalley et aux Editions Chouette pour ce petti livre illustré.

D'Anne Paradis et Eric Sévigny, adaptation du dessin animé, édition Chouette, juillet 2016, Jeunesse, Ecole.


Résumé :


    Une journée d’initiation à l’école pour Caillou! Sarah invite Caillou à son école pour une activité spéciale. Caillou est ravi par ses découvertes. Il aime dessiner au tableau, la récréation et l’heure du lunch. Cependant, il trouve que la cloche sonne souvent et qu’il y a beaucoup de règles à suivre. Dans quelques temps, Caillou sera prêt à commencer l’école.


Mon avis :

    Caillou va découvrir ce qu'est l'école grâce à Sarah qui l'invite à la journée des petits frères et petites sœurs. Il est heureux de faire cette aventure, mais il se pose beaucoup de questions sur ce lieu où les règles sont nombreuses, et où on ne fait pas ce qu'on veut.


    La rentrée scolaire inquiète plus souvent les parents que les enfants : on aimerait que tout se passe pour le mieux et que nos petits bambins trouvent leurs repères rapidement. Ici, ce petit livre illustré explique au petit que l'école, c'est grand, qu'il y a un temps pour jouer et un temps pour écouter les grandes personnes. On dédramatise à deux


    Dès les premières pages, il y a la question du doudou : doit-il ou non l'emmener ? La maman de Caillou lui explique qu'il vaut mieux le laisser à la maison pour avoir le plaisir de le retrouver en rentrant de l'école. C'est une question que beaucoup se poseront à la rentrée.


    De plus, la présentation de la cloche pour signifier la récréation est bien pensée : car l'école est un lieu d'apprentissage, et montrer aux petits qu'ils vont aussi pouvoir courir et se défouler est une bonne chose.


    La lecture à mon fils a été aisée, il a hâte d'aller au jardin d'enfants, car il sait qu'il va doucement apprendre à lire, écrire... Pour pouvoir lire tous ses livres comme un grand !


En bref :


Une belle petite histoire à lire aux petits et avec les petits pour leur apprendre ce que sera l'école et les apprivoiser à ce rythme.

mardi 23 août 2016

"Parmi les loups et les bandits" - Atticus Lish. Coup de cœur




Merci à Babélio et à son événements Masse Critique ainsi qu'aux éditions Buchet Chastel pour ce véritable coup de coeur.
Par Atticus Lish, éditions Buchet Chastel, sortie le 18 aout 2016, Immigration, Pauvreté, Histoire, Contemporain, Psychologie.


Résumé :


C’est dans un New York spectral, encore en proie aux secousses de l’après-11 Septembre, que s’amorce l’improbable histoire de Zou Lei, une clandestine chinoise d’origine ouïghoure errant de petits boulots en rafles, et de Brad Skinner, un vétéran de la guerre d’Irak meurtri par les vicissitudes des combats. Ensemble, ils arpentent le Queens et cherchent un refuge, un havre, au sens propre comme figuré. L’amour fou de ses outlaws modernes les mènera au pire, mais avant, Lish prend le soin de nous décrire magistralement cette Amérique d’en bas, aliénée, sans cesse confinée alors même qu’elle est condamnée à errer dans les rues. Il nous livre l’histoire de ces hommes et de ces femmes qui font le corps organique de la grande ville : clandestins, main-d’œuvre sous-payée, chair à canon, achevant sous nos yeux les derniers vestiges du rêve américain.
Avec Parmi les loups et les bandits, Atticus Lish, lauréat de nombreux prix dont le prestigieux Pen/Faulkner Award, s’est immédiatement hissé au rang des plus grands : puisant chez Dickens comme aux sources du modernisme, il livre un texte brutal et beau, incontournable.


Mon avis :


    Brad Skinner était militaire. Son vécu de soldat continue de le persécuter, et ses nuits sont hantées de visions de corps mutilés, déchiquetés. Rendu à la vie civile, il décide de s'installer à New-York. Zou Lei, clandestine moitié musulmane Ouïgoure et moitié chinoise, a décidé d'immigrer aux Etats-Unis clandestinement afin d'y trouver un avenir meilleur. Elle est prête à travailler dur afin d'y arriver. Après être sortie d'une détention de quelques mois suite à un contrôle d'identité, elle décide de s'installer à New-York dans le quartier de Chinatown.
    Ces deux êtres malmenés par la vie vont se rencontrer, se trouver et partager des moments de vie et de survie à deux, dans une ville traumatisée par les attentats du 11 septembre. Zou Leï trime pour gagner son salaire, et ses rencontres avec Skinner seront ses moments de détentes. Mais au fil des jours, Zou Leï se rend compte que Skinner ne va pas bien, il sombre de plus en plus dans l'alcool et le tabac.


   
Ce livre est magistral, grandiose, incroyable, choquant, percutant, fait réfléchir et j'ai regretté, malgré ses 560 pages, qu'il ne soit pas plus long.
    Je commencerai par vous parler du seul et unique bémol de cette lecture : lors de la prise de paroles des différents personnages, j'ai été gênée, car la ponctuation des dialogues n'étaient pas forcément respectée. Du coup, j'ai relu certains paragraphes avant de m'y faire. Hormis ce point, je n'ai été que subjugué par cette lecture qui laisse une amertume profonde sur la vie. Un livre qui m'a profondément touchée.


Une écriture soignée et puissante.
    Atticus Lish signe un premier roman dont l'écriture a été un premier coup de cœur : très descriptif, je ne me suis pas ennuyée lorsqu'il décrivait les rues, les échoppes, les magasins, la saleté ambiante, ces odeurs prenantes. Bien au contraire, chaque description avait goût de réalité. J'étais plongée dans cette ville, New-York que l'on décrit souvent comme une ville immense et grandiose. On y découvre la pauvreté, les crimes et délits, l'intolérance et la noirceur humaine.
    Une réussite aussi pour Céline Leroy qui en est la traductrice et qui a su rendre toute la complexité des mots de l'auteur.

    L'auteur est également parvenu à rendre réelle cette sensation de malaise : la vie y est décrite de façon crue, sans concession. Une écriture qui embarque, malmène et accompagne le lecteur jusqu'au dénouement. Là encore, Atticus Lish a su préparer dans ses mots les événements : une écriture travaillée, mais il en ressort paradoxalement une poésie puissante.


Des personnages torturés.
    Dans la construction du livre, on passe de chapitre en chapitre de Skinner à Zou Leï. Au début, cela ressemble à une introduction : les personnages sont racontés avec réalisme, leur donnant de la consistance au fil des pages.
    Ces deux personnages sont torturés, à la limite de la folie par moment pour Skinner qui, ressassant l'Irak, n'a en tête que des images traumatisantes. D'ailleurs, cela critique parfaitement les retours à la vie civile, que se soit en Amérique ou ailleurs : les traumatismes doivent être suivis et encadrés pour aider les soldats à retrouver une vie "normale".

    Zou Leï est une femme forte, tentant chaque jour de trouver un équilibre de vie, même minime. Elle se satisfait de peu, mais espère toujours un avenir meilleur.

    J'ai aimé découvrir des personnages simples, sans extravagance ni mièvreries. Au contraire, je me suis attachée à eux à cause de leur blessure, de leur force intérieure, de leur envie d'avancer. Les personnages secondaires ainsi que tous ceux qui apparaissent dans le livre sont entiers : ils rentrent parfaitement dans l'histoire. On s'attache à certains, on en déteste d'autres. 


Une ville, mais un personnage.

    Les descriptions de l'auteur nous plongent dans une ville grouillante, vivante, qui ne respire pas uniquement le luxe ou le plaisir, mais expire des lieux glauques, sordides, à la limite de l'invraisemblabe. Cette ville devient vite un personnage incontournable du livre par son réalisme. On voit les ruelles défiler devant nos yeux, on sent ces odeurs, on perçoit ce quotidien... On rencontre les clandestins tentant tous de vivre "le rêve américain" en immigrant dans ce pays. On y vit, on y survit. La description de la foule et des commerces rend parfois la lecture étouffante : on manque d'air, comme si on y était. J'ai aimé cette sensation d'oppression


Une critique acerbe.
    La vie aux Etats-Unis post attentat a chamboulé le quotidien de la population. Le rêve américain devient un but pour beaucoup. Mais la misère sociale est encore tellement présente. La critique sociétale est importante : entre misère et injustice, Atticus Lish ne critique pas ouvertement le système, mais l'expose en montrant la réalité de la vie. J'ai eu du mal à me dire qu'il s'agisse d'une fiction tellement la cruauté y est bien retranscrite. De plus, il donne une place importante à ces personnes dont on ne parle pas : les SDF, les immigrés. L'absence d'humour et de légèreté nous plonge pleinement dans cette atmosphère sinistre. C'est ce que j'ai aimé.


   
Un livre choc, un livre qui raconte, dénonce, mais n'accuse pas. Un livre dont la lecture, complexe, risque de rebuter certains lecteurs : il n'y a pas de légèreté dans cette histoire : du réalisme cru, des vies torturées et délaissées.
    J
'ai adoré cette lecture, elle m'a procuré des sensations difficiles, m'a remise en question, mais m'a aussi permis de découvrir cette misère derrière ces jolies cartes postales. Un livre percutant de cette rentrée littéraire, qui donne à réfléchir, tout en racontant avec véracité un quotidien difficile, mais rempli d'espoir. 



En bref :


Un coup de cœur !! Une écriture hachée, qui remue, des descriptions foisonnantes et réalistes des bas-fonds de New-York, de ceux dont on ne parle pas. Un livre coup de poing, mais qui peut rebuter par son style littéraire. Pour ma part, un auteur à suivre !

"Les soucis d'un Sansoucy" - Yvan de Muy et Jean Morin



Merci à NetGalley et aux éditions Slalom de m'avoir plongée dans cette rentrée scolaire.

D'Yvan de Muy et Jean Morin, éditions Slalom, première édition chez Michel Quintin 2013, réédition au 1er septembre 2016 chez Slalom, Jeunesse.

Résumé :


Attention fous rires : gaffes, copains loufoques, demi-sœur en pleine crise d’ado, le quotidien de Laurent Sansoucy n’est pas de tout repos… mais le sourire est toujours au rendez-vous dans cette série très illustrée à l’humour décapant.Même le chien Pot-de-Colle y va de ses petits commentaires pour pimenter le récit des histoires de ce jeune garçon drôle et attachant dont on suit avec délice les aventures quotidiennes.
Entre une grande demi-soeur passablement hystérique, des copains hors normes et une poisse monumentale, le jour de la rentrée se termine toujours de la même façon pour Laurent Sansoucy : en catastrophe, doublée de la honte de sa vie ! Mais cette année, aucun risque : Laurent a une arme secrète, un talisman magique, un porte-bonheur garantie 100% efficace, il est sûr que tout se passera bien… ou pas !


Mon avis :


    La rentrée, ce n'est pas uniquement la rentrée littéraire. Maintenant que je suis maman, je m'interroge sur la rentrée scolaire. Je vous présente aujourd'hui le tome 1 des "Soucis d'un Sansoucy" : La Honte... Avec un grand H.    Laurent, appelé affectueusement Lau par ses proches, nous raconte ses différentes rentrées scolaires. Le titre du tome prend tout son sens : qu'il s'agisse du CP ou du CE1 ou CE2, ses rentrées ont été plutôt particulières : entre l'oubli de se changer, une petite fuite urinaire et d'autres encore, Lau a vécu des moments très pénibles. Résultat ? Il angoisse avant sa prochaine rentrée scolaire.   Mais il a décidé que cette année, cela ne se passera pas de la même manière, alors il décide d'emmener son porte-bonheur avec lui. Et le premier jour de classe sera tout aussi rocambolesque.


    Une lecture fraîche, bien entendu non destinée à une personne de mon âge, quoique... Je suis maman, et je suis contente de lire ce genre de livre qui, je n'en doute pas, fera plaisir aux enfants dès 8 ans. Car Lau est un garçon attachant dès les premières pages : on le découvre alors qu'il ne parvient pas à fermer l’œil de la nuit tellement cette rentrée est synonyme d'épreuve. Il est entouré de ses parents, de sa demi-sœur et de ses animaux, dont Pot de Colle, un chien qui porte bien son nom.


    De l'humour, beaucoup d'humour, mais aussi des conseils : même s'il y a des journées difficiles, la rentrée reste une étape importante, se préparer, en parler et dédramatiser cette journée est important. J'ai aimé la présence de Pot de Colle, un compagnon fidèle, toujours près à faire une petite blague. J'ai aimé les dessins qui parcheminent la lecture, la rendant aérée, fluide. J'ai aimé le langage : simple, mais construit, donnant aussi à l'enfant à chercher des mots de vocabulaire.


    Premier tome d'une série et la maman que je suis est heureuse de découvrir des livres qui parlent aux enfants : Lau est un personnage simple, sans super pouvoir, avec des problèmes de son âge : son amour pour les animaux, des conflits avec sa sœur, des parents (sur)protecteurs... Bref, l'enfant pourra se retrouver dans ces peurs, cette amitié également disséminée au fil des pages : l'école, on n'est pas tout seul et on peut rencontrer des personnes totalement différentes.

    On peut d'ailleurs voir cette lecture comme le journal intime de Lau, rendant les confidences plus intimes. 


En bref :


Premier tome d'une série qui saura parler aux enfants. Celui-ci raconte la honte de la rentrée, mais dédramatise au final ces peurs. À lire par les enfants, et aussi par les parents.