vendredi 31 juillet 2015

"Dear Gerges Clooney, tu veux pas épouser ma mère?" - Susin Nielsen

Dear Gerges Clooney, tu veux pas épouser ma mère?

De Susin Nielsen, édition France Loisir, 2013, Littérature jeunesse
Résumé:
La mère de Violette ne sort qu'avec des losers depuis son divorce. Violette n'en peut plus ,mais sa mère a désespérément envie de refaire sa vie et continue à accepter de nouveaux rendez-vous. Ce soir là ,le rendez-vous s'appelle Dudley Wiener, illico surnommé la Saucisse. Il adore les vides-greniers et les blagues nulles, et ne plait pas DU TOUT à Violette qui décide de prendre les choses en main. Elle va donc écrire à George Clooney pour lui demander un petit service et de filer Dudley :si la Saucisse a un cadavre dans son placard, elle le trouvera!
Mon avis :
Violette est une jeune fille attachante qui vit chez sa maman et part en vacances chez son père. Ses parents sont divorcés, et son père s'est remarié avec une femme plus jeune. Ils ont deux enfants. En vacances, Juliette et sa petite sœur n'ont pas le même sentiment : quand la petite sœur Rosie est en joie de voir son papa et toute sa famille, Violette ne trépigne pas de joie, grince et montre son mécontentement, jusqu'à un événement qui va mécontenter sa famille.
Nous commençons d'ailleurs la lecture par l'explication que Violette donne sur ces événements. De plus, elle nous dresse le portrait de tous les "Don Juan" qui ont été en rendez vous avec sa maman, et explique pourquoi elle doit prendre les chose en main afin de trouve l'homme idéal pour sa maman : quelqu'un qui sera parfait pour la rendre heureuse.
Léger, entrainant et qui ne se prend pas la tête, j'ai aimé cette lecture légère qui tient ses promesses. Roman jeunesse certes, mais cela fait autant de biens aux zygomatiques qu'au moral, car on en ressort rempli de bons sentiments et on aime voir Violette peiner à rendre sa maman heureuse.
Raconté à la première personne, on est vite entrainé dans l'histoire au scénario certes léger, mais qui reflète malgré tout les divers problèmes liés aux familles recomposées :
- La place de chaque parent
- La place des enfants et de ce qu'ils ressentent
- La place de la belle famille : belle mère, demi frère/sœur.
On ressent l'incompréhension de la jeune fille, et il me semble intéressant de ne pas se borner à dresser une liste de chose à changer dans l'environnement d'un enfant sans comprendre ses attentes et appréhensions.
On voit donc qu'en fonction de l'âge, les implications sont différentes : très jeunes, on perçoit le positif qui nous entoure : voyage, deux maisons, joie des retrouvailles... Mais en grandissant, on perçoit les comportements des adultes différemment et notre place d'enfant est bancale car on ne comprend pas les choses parfaitement.
Le style de l'auteur est fin, drôle et profond : Susin Nielsen parle avec sérieux et dérision de certaines situations. Par exemple, lorsque la maman reprend des rendez vous avec d'autres hommes... Beaucoup de questions, que les enfants n'osent parfois pas poser.
Mais de l'espoir, de la dédramatisation qui fait du bien pour une lecture fraiche mais sérieuse en même temps.
En bref :
Un livre jeunesse à conseiller pour les jeunes et les moins jeunes. Léger, frais et piquant, tout ce qui permet de se détendre l'esprit et les zygomatiques!

mercredi 29 juillet 2015

La box de Pandore Juin et Juillet


La box de Pandore Juin et Juillet
Pour celles et ceux qui me suivent déjà sur Instagram, vous savez que la fin du mois de Juin et le mois de Juillet ont été rempli de surcharge de travail et d'emploi du temps plus que chargé!
Je prends le temps du coup de vous présenter non pas une, mais deux box de Pandore, box enfant, que je n'ai pu vous présenter fin juin.
Vous connaissez déjà sans doute pour ceux qui me suivent, que je suis abonnée à cette box enfant, et je vous l'ai longuement présenté ici. Leur page Facebook est d'ailleurs disponible ici.
Vous pouvez faire le choix de vous abonner pour 3 mois ou par mois comme je l'ai fais.
Le contenu de ces box est toujours très attractif, et niveau qualité prix, on s'y retrouve toujours.
Trêve de parlotte, voici les box Pandore :

La Box de Juin :

- "A la recherche de Maho" : Auteur : NATHALIE TOUSNAKHOFF Illustrateur : MATTHIEU ROUSSEL Editeur : Kilowatt Collection : Un monde en couleur Mai 2009
- "On s'aime quand même" : Auteur : Galia TAPIERO Illustrateur : Tchatcha Collection : On s'aime quand même Éditeur : KILOWATT Novembre 2014
- "Love Game" de Emma Chase, édition Hugo Roman, 2014 Romance
- des lingettes mains Disney
- Un pot pour faire des bulles
- des sachets de thé
- un biscuit Nesquick
- un marque page
- une jolie carte "Kawaï"

La Box de Juillet :

- "Les triplés Maurin, Tome 1 : Conspiration" de Marie Geffray, Editions du Jasmin, 2000
- "Mon livre Puzzle des formes et animaux" de Madeleine Deny et Emilie Lapeyre Edition Tourbillon
- "Jack et le haricot magique" Les histoires animées, Edition Carrousel
- des sachets de thé
- un masque de sommeil pour la nuit
-1 sucette
- 1 sachet de graines à grignoter
- 1 petit pot Cars, que mon fils utilise pour ses voitures!
A très bientôt pour de nouvelles découvertes livresques!
La box de Pandore Juin et Juillet
La box de Pandore Juin et JuilletLa box de Pandore Juin et Juillet

"Après la vague" - Orianne Charpentier

Après la vague

De Orianne Charpentier, édition France Loisir, 2015, Drame, Roman
Résumé :
Il fait beau, ce jour-là, à la terrasse de l'hôtel. La famille est attablée. On discute d'un temple à visiter. Mais avec cette mer turquoise... Maxime n'a aucune envie de bouger. Il va rester ici, tranquille, à profiter de la plage avec Jade, sa sœur jumelle. Quelques minutes plus tard, une vague apparaît. Une vague qui n'en finit pas de grossir. Une vague qui engloutit tout. Dans leur course folle, Jade lâche la main de son frère. Pour Max, il n' y a plus de mots. Plus de larmes. Plus de présent. Plus d'avenir. Pourra-t-il survivre à ce drame ?
Mon avis :
L'adolescence. est un moment à la fois perturbant et attendu : passage obligé pour atteindre l'âge adulte, c'est une période jalonnée de doute, de questions et d'incompréhension.
Maxime a 16 ans et passe des vacances avec sa sœur jumelle Jade, son frère et ses parents en Thaïlande. Choisissant de lézarder au soleil, il refuse l'invitation de ses parents pour aller visiter un temple avec eux. Sa sœur décide de rester avec lui. Cette décision est la première qui va le hanter. Ce jour là, alerté par sa sœur, il découvre avec effroi la vague arriver. Le Tsunami déferle sur les côtes, emportant tout sur son passage, des maisons aux voitures, en passant par la végétation et la vie, dont celle de Jade.
Maxime ressort de cette épreuve blessé, meurtri, physiquement et au plus profond de son être. C'est alors que débute pour lui une longue épreuve : se reconstruire. Mais pour y parvenir, il doit accepter, comprendre, se pardonner. Il va faire des rencontres diverses, lui apportant un élément en plus à sa reconstruction. Il écoutera, essayera de comprendre.
L'immersion dans le livre est facilité par la première personne tout au long du récit. A la fois puissant et sensible, il traite du deuil de façon pertinente, sans entrer dans un profond pathos, sans balayer les sombres pensées de la dépression. L'écriture facilite le texte car elle répond à ce besoin de ne pas se noyer dans la douleur : la situation vécue est assez pénible à vivre sans avoir à la définir davantage : l'évoquer suffit à ressentir l'horreur.
Les relations familiales sont ici évoquées mais sans approfondissement : Maxime passe par différentes phases du deuil, et sa vie de famille n'en est que plus bouleversée. Cependant, il manque dans le livres la vision de la famille. Racontée à la première personne, le livre nous montre uniquement la vision de l'adolescent.
Mais cela n'est pas gênant à la lecture et provoque une frustration utile au lecteur : l'horreur, c'est aussi de ne pas comprendre une situation, de l'ignorer, de l'éviter même... Ces zones de blancs, au début perturbants, je les ai facilement accepté à la fin du livre, car je n'en avais pas besoin pour comprendre et ressentir la peine et la tristesse de Maxime.
Nous sommes tous différents face à un drame et la perte tragique d'un être cher. Ce genre de livre témoignage permet de se souvenir des épreuves, des atrocités vécues et surtout que cela n'arrive pas qu'aux autres.
Une lecture facile par son écriture, qui correspondra bien aux adolescents, mais aussi aux adultes, car l'horreur de ce drame n'est que le reflet d'une réalité.
En bref :
Un témoignage vibrant sur les difficultés de faire le deuil et l'horreur du Tsunami. LA terre, ne l'oublions pas a cette force en elle dévastatrice...

mardi 21 juillet 2015

"Et je danse, aussi" - Anne Laure Bondoux et Jean Claude Mourlevat

Et je danse, aussi

De Anne Laure Bondoux et Jean Claude Mourlevat, Fleuve éditions, Roman épistolaire, 2015.
Résumé:
La vie nous rattrape souvent au moment où l'’on s'’y attend le moins.
Pour Pierre-Marie, romancier à succès (mais qui n'’écrit plus), la surprise arrive par la poste, sous la forme d'’un mystérieux paquet expédié par une lectrice. Mais pas n'’importe quelle lectrice ! Adeline Parmelan, « grande, grosse, brune », pourrait devenir son cauchemar… Au lieu de quoi, ils deviennent peu à peu indispensables l'un à l'’autre.
Jusqu'’au moment où le paquet révèlera son contenu, et ses secrets.
Ce livre va vous donner envie de chanter, d'écrire des mails à vos amis, de boire du schnaps et des tisanes, de faire le ménage dans votre vie, de pleurer, de rire, de croire aux fantômes, d'’écouter le Jeu des Mille Euros, de courir après des poussins perdus, de pédaler en bord de mer ou de refaire votre terrasse.
Ce livre va vous donner envie d'aimer. Et de danser, aussi !
Mon avis :
Pierre Marie reçoit un jour une grande enveloppe qu'il prend pour le livre d'une de ses admiratrices afin qu'il puisse lui donner des conseils. Il trouve derrière ce paquet le mail de l'expéditrice : Adeline Parmelan. Débute alors un échange de mail où tour à tour chacun des personnages va se prendre au jeu des confidences.
Pierre Marie est un écrivain qui n'écrit plus, un peu blasé, mais toujours à succès, il ne trouve plus la même inspiration pour écrire ses livres.
Adeline Parmelan est une jeune femme plus mystérieuse et se présente volontiers en se dépeignant négativement et se restreignant à dire d'elle qu'elle est "grande, grosse et brune".
L'originalité de ce livre est que l'échange tient en des courriels : les lettres manuscrites sont mises de côté au profit de cette nouvelle technologie qui est plus rapide. Une des choses qui m'a d'ailleurs gênée, bien que je ne sois pas contre les avances techniques, la poésie émanant de l'ouverture d'une lettre est différente de l'ouverture d'un mail. Le petit pincement de voir que quelqu'un pense à nous est tout de même toujours là.
De prime abord, les premiers échanges de courriers étaient anodins, froids, standards. Peu à peu, chacun des personnages va se livrer, et d'anecdotes en confidences, on s'attache doucement à leurs maux et leurs peines. On trépigne à leurs joies et on se surprend à gronder en fonction de certains agissements.
J'ai beaucoup aimé le style de chaque personnage, on ressent la distance et la différence d'écriture, mais sans que cela ne soit surprenant : un travail d'écriture à quatre mains qui a bien portés ses fruits.
Les sentiments véhiculés par ce livre qont légers, vivant et vivifiant : on aime, on fait son deuil, on respire, on réapprend la vie, la confiance. Bref on lit la vie avec ses hauts et ses bas. Une richesse qui a su me donner le sourire durant cette lecture.
Au début tout va bien....
Et progressivement on s'enlise.... Le dénouement vient progressivement, et malgré les annonces faites, on se doute doucement de ce qui va se produire. Malgré tout, les échanges de courriers ne sont plus aussi vifs qu'au début, et une lassitude s'installe. J'aurais aimé de nouveaux thèmes abordés, de plonger plus avant dans certains de leur sentiment et des moments de vie révolue.
Je ne peux pas révéler la fin du livre, mais j'avoue que cette dernière m'a laissé interrogative... "ET? la suite? Ah non c'est déjà finit". Après les révélations, c'est comme si le livre se terminait, alors que la richesse du genre épistolaire est de nous donner cette impression de continuité, de fin sans fin....
Ce qui m'a empêché de profiter grandement de ma lecture : les critiques. La plupart dithyrambiques, incroyables, promettant un moment léger et émouvant. Et le problème avec les critiques, c'est qu'elles me font miroiter monts et merveilles pour finir par déchanter. C'est dommage. Le potentiel littéraire des deux auteurs est prégnant, sans compter une plume délicate et où l'on a bien senti la différence de prose entre les deux personnages.
En bref :
Une lecture légère et agréable, mais qui m'a laissé sur ma fin... Beau potentiel des écrivains qui ont su rendre ces échanges vivant et attrayant.

lundi 20 juillet 2015

"Sonnets Protugais" - Elizabeth Browning

Sonnets Protugais

D'Elizabeth Browning, édition NRF, Poésie Gallimard, 2003
Résumé :
«Les Sonnets traduits du portugais sont légitimement considérés comme la plus belle œuvre d'Elizabeth Browning, peut-être parce que la poétesse, habituellement critiquée pour l'absence de clarté de ses métaphores, a su discipliner son talent dans la stricte forme du sonnet qui a l'avantage d'imposer l'utilisation d'une seule image, et de favoriser l'expression cohérente de sentiments intimes. Il reste impossible d'envisager ces poèmes indépendamment de leur référence personnelle : leur beauté et leur intérêt sont constitués par le récit dramatique de l'évolution amoureuse dans le cœur d'une femme. Ils forment une tentative, un rare témoignage de l'expression féminine et lyrique du désir, et c'est à ce titre que la voix d'Elizabeth Barrett-Browning demeure ce que Rilke appelle "un des grands appels d'oiseau dans les paysages de l'amour".»
Lauraine Jungelson. Edition bilingue.
Mon avis :
Nous sommes assez habitués à la poésie de grands auteurs masculins. La découverte d'une telle finesse d'écriture est une joie que j'aimerais partager.
je ne connaissais pas Elizabeth Browning avant la lecture de son travail. Cette édition m'a d'ailleurs permis de connaître son histoire et l'amour qu'elle a porté à son époux, Robert Browning. Riche d'un caractère bien trempée, elle a fait fi des décisions de son père afin de rejoindre et épouser l'homme qu'elle aimait.
Ils ont pu savourer leur idylle, rare pour l'époque : les mariages de convenance étaient de coutume, et les amoureux transi le plus souvent séparés. Aller à l'encontre de l'autorité paternelle était également malvenue. Mais une fois mariée, l'autorité maritale prévalait.
De nos jours, le mariage est le plus souvent consenti et voulu par les deux partis. Cela n'est hélas pas encore le cas dans toutes les régions du globe. Nous ne pouvons pas toujours apprécier à sa juste valoir ces mots, déclamés par amour. Même à son époque, elle a été décrié pour "l'absence de clarté dans ses métaphores". Mais elle a sut, avec les sonnets, "favoriser l'expression de sentiments intimes".
C'est l'une des figures majeures de la poésie victorienne.
De plus la richesse de cette édition réside en une lecture bilingue : chaque sonnets et poème dispose de sa traduction en anglais.
Extraits : sonnets 38 :
Quand d'abord il m'embrassa, ce furent les
Doigts de la main avec laquelle j'écris ;
Et, depuis lors, elle est plus pure et blanches...
Lente aux saluts mondains... vive à dire "chut",
Quand les anges parlent. D'Améthystes ici
Ne saurais porter, plus claire à mes yeux,
Que ce premier baiser. Le second, plus
Altier, chercha mon front, et le manqua,
Tombant sur mes cheveux. Ô récompense !
Ce fut le chrême de l'amour, précédé
De sa suave couronne sanctifiante.
Le troisième sur mes lèvres se clôt en
Pourpre apparat : depuis, en vérité,
Je suis fière et dis, "Mon amour, mon bien."
En bref :
Voguer au rythme des sentiments amoureux naissant et puissant envers l'homme dont elle est éprise et partager ses sentiments.

mercredi 15 juillet 2015

"L'amant" - Marguerite Duras

L'amant

De Marguerite Duras, édition de Minuit, 1984. Témoignage, Récit de vie.

Résumé :

Roman autobiographique mis en image par Jean-Jacques Annaud, L'amant est l'un des récits d'initiation amoureuse parmi les plus troublants qui soit. Dans une langue pure comme son sourire de jeune fille, Marguerite Duras confie sa rencontre et sa relation avec un rentier chinois de Saigon. Dans l'Indochine coloniale de l'entre deux-guerres, la relation amoureuse entre cette jeune bachelière et cet homme déjà mûr est sublimée par un environnement extraordinaire. Dès leur rencontre sur le bac qui traverse le Mékong, on ressent l'attirance physique et la relation passionnée qui s'ensuivra, à la fois rapide comme le mouvement permanent propre au sud de l'Asie et lente comme les eaux d'un fleuve de désir. Histoire d'amour aussi improbable que magnifique, L'amant est une peinture des sentiments amoureux, ces pages sont remplies d'un amour pur et entier.

Mon avis :

Ma première rencontre avec l'Amant de Marguerite Duras, fut le film de Jean Jacques Annaud. Celui ci traitait de la relation amoureuse qu'a entretenu la jeune fille avec un riche chinois. Il dépeignait les rencontres, les non dits de ces sentiments amoureux qui n'avaient de réalité que lors de leurs rencontres. J'ai toujours aimé ce film pour ce côté à la fois poétique et cette voix envoutante et troublante de Jeanne Morreau, dont je n'ai pu me défaire lors de la lecture du livre.
A la fin de ce livre, j'ai eu un coup de colère en moi même. L4amant n'est pas uniquement le résumé de cette rencontre. Marguerite Duras a pour moi utilisé le récit de sa relation avec cet homme pour parler avec dureté mais réalisme de ce qu'elle vivait dans sa propre famille.
Il y a une pudeur toute légitime, lorsqu'elle parle de son amant, car elle ne le décrit que par les relations et rencontres : un amant. La relation amoureuse, impossible, est refoulée, mise de côté pour éviter les questions et l'embarras. Plus qu'un amant, il a été le premier amour; celui qu'on ne peut oublier, malgré le temps et les épreuves.
Elle le rencontre alors qu'elle retourne à sa pension de jeune fille. Les mots échangés sont rares, l'alchimie fait le reste. Ils se rencontrent le plus souvent dans sa garçonnière. Elle fait face aux allusions, aux rumeurs, et garde la tête haute lorsque cette relation lui ai reprochée par une famille difficile à cerner.
Je ne peux m'appesantir plus sur cette relation, qu'il faut réellement découvrir par les mots de Marguerite et cette différence entre la raison et les sentiments.
"Il dit qu'il est seul, atrocement seul avec cet amour qu'il a pour elle. Elle lui dit qu'elle aussi elle est seule. Elle ne dit pas avec quoi. Il dit : vous m'avez suivi jusqu'ici comme vous auriez suivi n'importe qui. Elee répond qu'elle ne peut pas savoir, qu'elle n'a encore jamais suivi personne dans une chambre." (p.47)
Il y a une force dans l'écriture qui est à la fois proche et détachée. Mais ne faut il pas se détacher pour s'approprier davantage une histoire, ou simplement pour la raconter sans que les sentiments nous rattrape?
Durant tout le roman, on sent la peine, l'injustice, l'amour mais parfois la colère. L'écriture est très travaillée et j'aime ce style, qui veut qu'on soit happé par l'histoire, mais en même temps repoussé par l'auteur qui passe d'un sujet à l'autre, revenant sur des périodes de vie, puis à la relation difficile et compliqué avec sa famille : cette mère dont elle se détache, ce frère dont elle a peur, et l'autre frère, le plus jeune, qu'elle protège.
Derrière l'amant, il y a cette souffrance familiale, racontée sans pathos, avec une simple volonté de dire et raconter sa propre histoire.
Je deviens de plus en plus amoureuse de la plume de cette auteur qui parvient à me faire fléchir, et malmène mon cœur par des palpitations insensées. J'ai aimé cette lecture, mais je suis une fois encore déçue par la transposition à l'écran.

En bref :

"L'amant" est à la fois une histoire d'amour, une histoire de famille et une histoire de choix. Marguerite Duras parvient avec une plume délicate et râpeuse à la fois à nous transporter dans son monde, dans cette relation amoureuse et ces douleurs familiales.

jeudi 2 juillet 2015

"Le Château de Walpurgis: Messes et humour noirs Tome 1" - Philippe Duchateau. Coup de cœur

Le Château de Walpurgis: Messes et humour noirs , Coup de coeur

De Philippe Duchateau, édition La Bourdonnaye collection Imaginaires, 2015, Humour noir, Suspens
Merci aux éditions La Bourdonnaye et à l'auteur, Philippe Duchateau pour ce livre reçu dans le cadre d'un concours organisé par la maison d'édition.

Résumé:

Josuan reçoit un jour une lettre alarmante d’un de ses vieux copains de classe qui le supplie de venir le rejoindre à Northcalton, où il a de sérieux problèmes. N’écoutant que son courage et porté par la fougue de sa jeunesse, Josuan vole au secours de son ami. Mais la route est longue, et il fait étape dans l’auberge de l’inquiétante Lucy. Il y rencontre la jeune et jolie serveuse, Louisia, et s’en amourache aussitôt. Après avoir quitté l’établissement, Josuan est victime d’un « étrange » accident de voiture. Sa vieille Ford réduite à un tas de tôles, il doit poursuivre le chemin à pied, dans les frimas d’un paysage carnivore. Ses pas le mènent alors au château de Walpurgis. Où l’enfer lui ouvre ses portes.
En effet, les habitants de ce palais délabré se révèlent tous plus loufoques et satanistes les uns que les autres. Mais aussi comiques soient-ils, ces hurluberlus semblent en vouloir pour de bon à la peau de Josuan. Et de Louisia, qui se retrouve – par quelle malédiction ? – bientôt prisonnière, à ses côtés.
Comme beaucoup d’autres avant eux, les jeunes gens ne servent qu’à amuser cette galerie de frapadingues, en attendant de finir, selon les projets réjouissants du maître des lieux, au fond d’une oubliette, une cagoule sur la tête et une balle entre les deux yeux. L’amour donne des ailes, dit-on. Les tourtereaux en auraient bien besoin pour s'échapper de cet asile et sauver leur vie.
Avec Le Château de Walpurgis et ses adorateurs de Satan, Philippe Duchateau distille un suspense diablement drôle et méchamment hilarant.

Mon avis :

Avec un tel nom, Philippe Duchateau n'était que promesse d'aventure. Et il a bien tenu parole avec un livre à la fois original et inattendu.
Durant la première partie du roman, nous allons suivre Josuan et sa rencontre avec l'aubergiste Lucy, de son mari et de sa belle fille, Louisia, dont le charme n'échappera pas à Josuan. Il explique qu'il cherche à rejoindre la ville de Northcalton afin de rejoindre un vieil ami de fac qui lui a envoyé un message assez mystérieux. Durant son passage chez eux, il se rend compte de l'étrangeté de leur comportement : Lucy, la tenancière, est difficile à cerner, le charme de Louisia le fait succomber mais il comprend également qu'elle cherche à lui faire passer des informations le plus discrètement possible..
En les quittant, Josuan suit un chemin dicté par Lucy et se retrouve embourbé sur la route avec une voiture qui refuse de lui répondre. Il trouve refuge dans un château, et passe une nuit lourde, profonde.
A son réveil, il erre dans le château, en découvre des parties inquiétantes, prenant connaissance de l'atmosphère étrange qui y règne. Les choses ne vont pas s'arranger en rencontrant ses hôtes et habitant du château : à la fois loufoque et surprenant, les personnages sont tous aussi atypiques les uns que les autres. Mais son passage dans le château s'éternise, et la volonté farouche de ses habitants à vouloir garder Josuan grandit.
Que recherche les habitants du château? S'agit il d'une secte?
J'ai adoré cette lecture!
Un livre qui sort de l'ordinaire, c'est bien, une plume qui allie beauté du verbe et humour pinçant, c'est encore mieux. De page en page, j'ai été bluffé par une écriture fluide, et en même temps imaginative : loin de la description banale, Philippe Duchateau sait utiliser les mots à des places inattendues, et charrie un vocabulaire dense, nouveau dans me lectures, et original.
On commence doucement à se poser des questions lorsqu'on arrive à l'auberge tenu par une vieille femme aigrie, dont l'amabilité aurait pu être acte de torture. On savoure les joutes verbales, fleuries et recherchées, mais également les moments d'introspection du héros qui prend la parole dans le livre à la première personne à plusieurs reprises.
On se rend déjà compte que l'un des sujets du textes sera l'attitude, la pensée et le comportement de l'humain : où commence la folie et ou se finit la bizarrerie?
Progressivement, au fur et à mesure de l'histoire, on est envahi de questions, pas uniquement sur l'histoire, mais cette propension de l'humain de réagir de façon différente à certaines situations : malgré un message inquiétant, aurions nous tous adopté le même comportement que Josuan? Assurément non (pour ma part j'aurais préférée fuir... quoique la curiosité...).
L'atmosphère, de curiosité se transforme en dérangeante et on plonge progressivement dans les méandres de l'esprit humain : la folie prend différent visage, et les comportements suspects se précisent.
Le style d'écriture est, comme je l'ai dis plus haut, différent de ceux dont j'ai l'habitude : plus caustique, innovant, dont l'humour noir et piquant me fait relire les phrases pour savourer les tournures. L'histoire est amenée de façon subtile, innocente presque, me faisant pensant à un univers à la Hitchock voire même à Tim Burton pour ce côté décalé.
Progressivement, la teneur de l'intrigue s'est fait plus pesante, et j'ai aimé suivre Josuan dans ses pérégrinations, ne parvenant pas à lâcher le livre sans savoir ce qui lui est arrivé dans ces caves, et me laisser dans l'expectative de ce qui va lui arriver après la découverte de ce cadavre...
J'ai été happée par cette histoire et en suis sorti avec une envie tenace de découvrir la suite des aventures de Josuan et Louisia.
De plus, il est très intéressant de sombrer progressivement dans la folie et côté sombres de l'humain, avec détachement, mais aussi cette protection de se dire qu'il ne s'agit que d'un livre...

En bref : 
Un coup de cœur!
Une lecture sans comparaison possible avec mes lectures passées car innovantes, emplie d'humour grinçant et grisant. Une plume efficace et bien menée, dans un univers où la folie devient un nouveau personnage.

"La décision" - Isabelle Pandazopoulos

La décision

De Isabelle Pandazopoulos, édition Gallimard Jeunesse (Scipto), 2013, Histoire de vie.

Résumé:

Un matin, Louise, excellente élève de terminale S, a un malaise en plein cours de maths. Quelques instants plus tard, elle accouche seule d'un enfant dont elle ne savait rien, qu'elle n'a pas attendu, encore moins désiré. A partir de ce jour commence pour Louise un cheminement difficile, jalonné de questions.
Comment ce petit garçon de 3,3 kg peut-il être son fils ? Elle n'a pourtant jamais couché avec personne... Qui peut être le père ? Que s'est-il passé ? Quelle place faire à cet enfant ? Professionnels, famille, amis, tous vont aider Louise à passer de l'état de choc où elle se trouve plongée au retour à la vie.

Mon avis :

Louise est une jeune lycéenne qui un jour, sort de son cours pour des douleurs abdominales. Se rendant aux toilettes accompagnée d'un camarade de classe, elle perd connaissance et ce dernier découvre une marre de sang sous la cabine des toilettes.
Accompagnée par les pompiers à l'hôpital, elle se réveille en état de choc : elle a mis au monde un enfant. Le déni est profondément installé en elle, et elle ne reconnaît pas la présence de ce petite être qui provoque un parcours englué de questions.
Le déni de grossesse est un phénomène plus répandu qu'on ne le croit. L'enfant grandit par sa propre volonté sans que la mère ne se rendre compte de la présence de ce petit être, grandissant dans le silence et l'absence de réalité d'une mère.
Outre un sujet déjà difficile à traité, "La décision" met également en avant un autre phénomène étendu mais dont je ne peut révéler l'indicible vérité sans raconter une part de l'histoire.
La justesse des mots et la prudence avec laquelle l'histoire est comptée par les protagonistes m'a paru lointaine et ancrage réel : lorsque les adultes prennent la parole pour témoigner, il n'y a pas de distance ou de différence avec ce que lon peut rencontrer dans le discours de personnes adultes.
Mais lorsque les plus jeunes, dont Louise, prennent la parole, on a l'impression qu'ils ont vécu 1000 vies : j'ai été gênée par la façon très mature de raconter les sensations et questionnements qui les habitent. Je me serais attendu à plus de confrontation, plus de colère et de spontanéité. Ici, les paroles sont posées, linéaires. J'ai manqué de ce comportement revanchard propre aux adolescents ou jeunes adultes.
J'ai apprécié cette histoire, qui peut permettre de se poser dès à présent des questions importantes sur le devenir d'une jeune fille et d'un petit être ayant survécu à l'anonymat du ventre rond. La portée de ce genre de témoignage est intéressante, et ne doit pas être réservée aux jeunes filles, mais peut être utile aux jeunes hommes.
Le plus de cette histoire est de montrer également la portée de ce genre d'événement, outre la vie de la jeune fille, c'est l'ensemble de la famille qui pâtit des déboires et des sautes d'humeur de la mère. La présence et l'écoute d'un personnel soignant bien formé est primordial pour accompagner et entourer les familles et les proches.

En bref :

Une lecture en demi teinte : un sujet très intéressant à traiter, mais une écriture trop "adulte" à mon gout car trop réfléchie par moment.