mercredi 15 juillet 2015

"L'amant" - Marguerite Duras

L'amant

De Marguerite Duras, édition de Minuit, 1984. Témoignage, Récit de vie.

Résumé :

Roman autobiographique mis en image par Jean-Jacques Annaud, L'amant est l'un des récits d'initiation amoureuse parmi les plus troublants qui soit. Dans une langue pure comme son sourire de jeune fille, Marguerite Duras confie sa rencontre et sa relation avec un rentier chinois de Saigon. Dans l'Indochine coloniale de l'entre deux-guerres, la relation amoureuse entre cette jeune bachelière et cet homme déjà mûr est sublimée par un environnement extraordinaire. Dès leur rencontre sur le bac qui traverse le Mékong, on ressent l'attirance physique et la relation passionnée qui s'ensuivra, à la fois rapide comme le mouvement permanent propre au sud de l'Asie et lente comme les eaux d'un fleuve de désir. Histoire d'amour aussi improbable que magnifique, L'amant est une peinture des sentiments amoureux, ces pages sont remplies d'un amour pur et entier.

Mon avis :

Ma première rencontre avec l'Amant de Marguerite Duras, fut le film de Jean Jacques Annaud. Celui ci traitait de la relation amoureuse qu'a entretenu la jeune fille avec un riche chinois. Il dépeignait les rencontres, les non dits de ces sentiments amoureux qui n'avaient de réalité que lors de leurs rencontres. J'ai toujours aimé ce film pour ce côté à la fois poétique et cette voix envoutante et troublante de Jeanne Morreau, dont je n'ai pu me défaire lors de la lecture du livre.
A la fin de ce livre, j'ai eu un coup de colère en moi même. L4amant n'est pas uniquement le résumé de cette rencontre. Marguerite Duras a pour moi utilisé le récit de sa relation avec cet homme pour parler avec dureté mais réalisme de ce qu'elle vivait dans sa propre famille.
Il y a une pudeur toute légitime, lorsqu'elle parle de son amant, car elle ne le décrit que par les relations et rencontres : un amant. La relation amoureuse, impossible, est refoulée, mise de côté pour éviter les questions et l'embarras. Plus qu'un amant, il a été le premier amour; celui qu'on ne peut oublier, malgré le temps et les épreuves.
Elle le rencontre alors qu'elle retourne à sa pension de jeune fille. Les mots échangés sont rares, l'alchimie fait le reste. Ils se rencontrent le plus souvent dans sa garçonnière. Elle fait face aux allusions, aux rumeurs, et garde la tête haute lorsque cette relation lui ai reprochée par une famille difficile à cerner.
Je ne peux m'appesantir plus sur cette relation, qu'il faut réellement découvrir par les mots de Marguerite et cette différence entre la raison et les sentiments.
"Il dit qu'il est seul, atrocement seul avec cet amour qu'il a pour elle. Elle lui dit qu'elle aussi elle est seule. Elle ne dit pas avec quoi. Il dit : vous m'avez suivi jusqu'ici comme vous auriez suivi n'importe qui. Elee répond qu'elle ne peut pas savoir, qu'elle n'a encore jamais suivi personne dans une chambre." (p.47)
Il y a une force dans l'écriture qui est à la fois proche et détachée. Mais ne faut il pas se détacher pour s'approprier davantage une histoire, ou simplement pour la raconter sans que les sentiments nous rattrape?
Durant tout le roman, on sent la peine, l'injustice, l'amour mais parfois la colère. L'écriture est très travaillée et j'aime ce style, qui veut qu'on soit happé par l'histoire, mais en même temps repoussé par l'auteur qui passe d'un sujet à l'autre, revenant sur des périodes de vie, puis à la relation difficile et compliqué avec sa famille : cette mère dont elle se détache, ce frère dont elle a peur, et l'autre frère, le plus jeune, qu'elle protège.
Derrière l'amant, il y a cette souffrance familiale, racontée sans pathos, avec une simple volonté de dire et raconter sa propre histoire.
Je deviens de plus en plus amoureuse de la plume de cette auteur qui parvient à me faire fléchir, et malmène mon cœur par des palpitations insensées. J'ai aimé cette lecture, mais je suis une fois encore déçue par la transposition à l'écran.

En bref :

"L'amant" est à la fois une histoire d'amour, une histoire de famille et une histoire de choix. Marguerite Duras parvient avec une plume délicate et râpeuse à la fois à nous transporter dans son monde, dans cette relation amoureuse et ces douleurs familiales.

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