Merci aux Editions Folio de m'avoir permis de découvrir ce livre.
De Jean-Paul Didierlaurent, Edition Folio, 2015, roman
Résumé :
Employé discret, Guylain Vignolles travaille au pilon, au service d'une redoutable broyeuse de livres invendus, la Zerstor 500. Il mène une existence maussade mais chaque matin en allant travailler, il lit aux passagers du RER de 6h27 les feuillets sauvés la veille des dents de fer de la machine ... Dans des décors familiers transformés par la magie des personnages hauts en couleurs, voici un magnifique conte moderne, drôle, poétique et généreux : un de ces livres qu'on rencontre rarement. "Peu importait le fond pour Guylain. Seul l'acte de lire revêtait de l'importance à ses yeux. Il débitait les textes avec une même application acharnée. Et à chaque fois, la magie opérait. Les mots en quittant ses lèvres emportaient avec eux un peu de cet écœurement qui l'étouffait à l'approche de l'usine."
Jean-Paul Didierlaurent vit dans les Vosges. Le Liseur du 6h27 est le premier roman de ce nouvelliste exceptionnel, lauréat à deux reprises du fameux Prix Hemingway.
Mon avis :
Un grand merci aux éditions Folio pour cette belle découverte !
Guylain Vignolles a un nome peu usuel et sujet à raillerie. Il est responsable du bon état de marche de la Zestor 500 : une machine destinée à broyer les livres invendus dans ses entrailles. Un peu métier qui ne l'attire pas, qui est à la fois répétitif et ennuyeux. Entre des collègues et un chef peu agréable, il retrouve un semblant de bien être lorsqu'il doit descendre dans la broyeuse : il y récupère quelques feuilles qui sont attachées à la machine et qui ont évitées d'être déchiquetés.
Loin de les délaisser, il décide de donner une seconde vie à ces feuilles : chaque matin dans son RER, il lit à haute voix une page, puis une autre, même si elles n'ont rien en commun les unes aux autres. Simplement déclamer les mots les uns après les autres...
A la fois amusés et interloqués, les différents voyageurs sont tout de même à l'écoute de ces recettes de cuisine, de polar ou alors de roman à l'eau de rose, subitement commencé et subitement achevé.
Son seul amis a eu les jambes tranchés alors qu'il nettoyait la même machine que lui. Les rencontres avec celui ci revêtent un parfum de camaraderie. Il rencontre également deux dames qui l'invitent à déclamer ces mots chez elles. Les oreilles attentives ne maquent pas.
Mais un jour il tombe sur une clef USB et découvre dessus une série de pages rédigées par une jeune femme. De lectures en interrogations, Guylain va tout mettre en œuvre pour découvrir qui elle est.
Sans contexte une sacré découverte, un roman à la fois simple, mais empli d'une grande profondeur d'esprit. Que de temps ne passons nous pas dans les transports en commun : résonne en nous les mots "métro, boulot, dodo". Ils possèdent à eux seuls ce que nous ne supportons plus dans ces trajets parfois interminables : une routine triste et sans intérêt. Et pourtant, nous sommes nombreux, multiples... Et échanger devient vitale, agréable, reposant. Bien des fois nous sommes isolés dans notre bulle. Mais les mots ont cela d'incroyables d'éveiller en vous l'imaginaire : rien de plus agréable que d'entendre quelqu'un lire une histoire.
L'amitié et le sens du partage sont également des éléments importants de l'intrigue. Sans fioritures ni essais de style, l'auteur nous parle quasi à cœur ouvert : la simplicité du texte permet de se frayer un chemin directement dans les émotions. Et on aime véritablement ce lien entre les mots et les sensations.
L'histoire d'amour quant à elle est à l'image de ce que j'éprouve avec les mots : les mots ont une puissance et un attrait particulier : Guylain devient irrémédiablement attiré par cette jeune femme car il la découvre à travers un quotidien et des pensées personnelles, il s'immisce dans sa vie.
L'envie devient plus prégnante pour la découvrir.
En bref :
A la fois frais et léger, cette lecture porte en elle une profondeur et une subtilité que l'auteur a su me faire partager.
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