mercredi 16 mars 2016

"Les fleurs d'Hiroshima" - Edita Morris. Coup de coeur


De Edita Morris, éditions J'ai lu, 1975, Histoire

Résumé :

Yuka a 30 ans. Elle et sa famille ont survécu à la bombe jetée sur Hiroshima quinze ans avant le début de cette histoire. Yuka fera tout pour que sa famille et ses proches aient une vie normale, même à l'arrivée de ce jeune Américain qui lui loue une chambre et qui a la joie de l'innocence.
C'est l'histoire simple de gens incapables d'oublier, mais qui font preuve du courage immense des rescapés et des sacrifiés : celui de cacher au reste du monde leurs souffrances.

Mon avis :

Coup de cœur.... terrible et intense, une véritable calque littéraire !! Le début du mois d'août est toujours un moment de commémoration car comme dit si bien le slogan : "No more Hiroshima!"
"Plus jamais Hiroshima!" Peut-on à ce point plonger dans l'horreur et parvenir à récupérer l'essence même de ce qu'est la vie : un ensemble de petits moments bref mais intenses, beaux malgré sa laideur.

Ce livre n'est pas un témoignage il reflète uniquement des sentiments parfois contradictoires lorsque l'on vit des moments difficiles. 15 ans après l'horreur de la bombe Yuka et sa sœur accueillent chez elle un étranger américain et malgré le passif cet accueil se fait avec beaucoup de respect de chaleur, mais une volonté farouche de taire la réalité des radiations.
La sobriété des événements relatés intensifie davantage la réalité et l'horreur car elle met à distance le lecteur. On est happé et frappé par la normalité que Yuka essaye de montrer dans son quotidien à cet étranger et on ne peut qu'avoir de l'empathie pour toutes ces souffrances qui ressortent inexorablement lorsqu'elle finit par se confier à lui.
Beaucoup de délicatesse, de tact dans l'écriture : la réalité n'a pas besoin d'artifice. Ce qui m'a beaucoup troublé, ce fut cette distance que mettait la population face aux gens irradiés. Un isolement social, mais vécu avec dignité : ils ne souhaitent pas être un fardeau pour les personnes non irradiées, leur famille ou voisin.
Il y a également une pudeur lorsque Yuka parle de son époux Fumio. Elle le soutient, s'accroche, et d'un regard le comprend. Ce qu'ils ont traversés et ce qu'ils s'apprêtent à traverser les soudent, les lient encore dans leurs sentiments.
On ne ressort pas indemne d'une telle lecture car malgré la distance et le temps l'horreur de la guerre est une chose toujours aussi insoutenable.

Parce qu'il ne faut jamais oublier....

En bref :

Une très belle lecture, source de beauté, de raffinement autant que de question et de colère, sourde mais tenace face à la réalité de l'après guerre. A lire absolument !

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