vendredi 15 mai 2015

"L'amour" - Marguerite Duras



L'amour



De Marguerite Duras, Edition Gallimard, 1992, Roman
Résumé :
Elle ouvre les yeux. Elle le voit, elle le regarde. Il se rapproche d'elle. Il s'arrête. Il demande : - Qu'est-ce que vous faites là... il va faire nuit. Elle dit qu'elle regarde : - Je regarde. Elle montre devant elle la mer, la plage, la ville blanche derrière la plage, et l'homme, qui marche le long de la mer. Elle dit : - Ici c'est S. Thala jusqu'à la rivière. Et après la rivière c'est encore S. Thala..
Texte extrêmement concis, grave et énigmatique. Deux hommes et une femme enceinte se retrouvent sur une plage éclairée par S. Thala, la proche ville en flammes.
Mon avis :
Inaction et absence de rythme, aucune intrigue. Phrase courte, saccadée, sans but. Constations du temps, un surplace autour de protagonistes déchirés par leur questionnement.
Je ne peux résumer mieux ce livre qui trouble, percute et interroge. Comme l'amour.
Trois personnages qui se racontent, et on peut imaginer l'amour entre l'homme et la femme, la femme et l'enfant qu'elle attend, l'homme et le voyageur, le voyageur et la femme. Bref, toutes les possibilités sont envisageables.
Cette langueur est parfois même proche de la folie tellement on est ballotté d'image en image : il n'y a rien de statique, on voit, on vit et on ressent.
La prose de Marguerite Duras est puissante, forte, et emporte tout. On peut d'ailleurs lire ce roman tel une poésie. Les paroles restent fluides, De plus, on commence la lecture et on ne parvient pas à laisser le livre de côté : la différence de ton et de prose est fascinante et emporte.
J'ai eu beaucoup de mal à me plonger dans le livre et à m'imprégner des pages. Mais au fur et à mesure, j'en ai soupesé la beauté et l'intensité, et j'ai aimé.
Citation page 40-41 :
Nuit.
Dans la lumière électrique le voyageur écrit.
Le voyageur éloigne la lettre de lui, reste là.
Devant lui, la route vide, derrière la route, des villes éteintes, des parcs. Derrière les parcs, l'épaisseur, insaisissable, S. Thala dressée.
Il reprend la lettre. Il écrit.
"S. Thala, 14 septembre."
"Ne venez plus, ne venez pas, dites aux enfants n'importe quoi."
La main s'arrête, reprend.
En bref :
Difficile de commencer les œuvres de Marguerite Duras sur une note aussi étrange. Mais une très belle expérience livresque!

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