lundi 11 mai 2015

"L'annulaire" - Yoko Ogawa





L'annulaire



De Yoko Ogawa, édition Babel,2005, Roman littérature japonaise,
Résumé:
Dans un ancien foyer de jeunes filles transformé en laboratoire, M. Deshimaru, taxidermiste du souvenir, prépare et surveille des "spécimens", tandis que la narratrice de ce récit, assistante et réceptionniste, accueille les clients venus confier au mystérieux spécialiste d'insolites bribes de leur histoire: des ossements d'oiseau, quelques champignons microscopiques, une mélodie, une cicatrice... Amputée d'une infime partie d'elle-même depuis un accident du travail, la jeune assistante tombe peu à peu sous le charme du maître de ce lieu de mémoire malsain et fascinant.
Mon avis :
J'ai toujours aimé la littérature japonaise pour son brin de simplicité, et cette capacité à mettre en lumière des moments parfois désuet, simple, ou simplement insignifiant. J'aime ce simplissime et cette faculté de mettre en avant toute chose de la vie quotidienne.
Telle une brume, le livre me laisse perplexe, dans un flou quant à ce qui arrive à la narratrice, amputée d'une petite partie de son annulaire. Elle trouve un travail auprès de M Deshimaru qui crée des "spécimens". Il n'y a aucune véritable explication sur son travail, et on en vient à se dire qu'il est taxidermiste. Mais il fait des spécimens de toute chose : d'os d'oiseau en passant par des champignons, comme pour garder en mémoire les choses insignifiante aux yeux du plus grand nombre mais ayant l'attrait d'un joyau pour la personne qui le dépose à son laboratoire.
Il y a une atmosphère de fantastique, particulièrement pour les non dits, et le simple faite de ne pas connaître le nom de la narratrice est par moment perturbant. Mais on se laisse prendre et on suit son cheminement.
Les saisons ont également un impact sur les dépôts de spécimens et il peut se passer de longues journées ou semaines sans aucune demande. Cette atmosphère envoûtante, étrange, met en avant une relation entre M Deshimaru et la jeune fille. Amour étrange, empli d'émotions mêlant malaise et fascination.
Yoko Ogawa parvient en quelques pages - il s'agit d'un roman assez court de 95 pages - à nous faire pénétrer dans son univers : esquissant le quotidien banal, elle arrive à l'entourer de volupté, où la sensualité est très prégnante.
Je ne sais pas s'il vous arrive de trouver qu'un roman est habité par un élément. Outre la couverture bleue, la fluidité de l'histoire, sans élément perturbateur ou d'accès de fureur, me semble fluide et tranquille telle l'eau... Une impression impalpable qui a fait de cette lecture un moment propice à une rêverie...
Porté à l'écran par la réalisatrice Diane Bertrand en 2005.
En bref :
Aux aficionados des lectures étranges et oniriques, entre rêve, réalité et étrangeté sur une toile de fond banale. Un mélange savamment imaginé et très bien écrit!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire