De Clotilde Bruneau, Giuseppe Baiguera, Luc Ferry, éditions Glénat, BD, Mythologie, 2017.
Résumé :
Bravant l’interdit du roi de Thèbes, Antigone, fille d’Œdipe, choisit d’enterrer son frère rebelle, s’exposant ainsi à la peine de mort. Il n’y a pour elle aucune alternative : elle ne fait qu’accomplir son devoir et prouve ainsi sa loyauté envers son parent et les dieux. Mais le roi Créon, son propre oncle, n’a lui pas l’intention de bafouer la loi des hommes, et condamne de fait sa nièce... La collection « La Sagesse des mythes » accueille ce texte fondateur de la philosophie qui illustre, selon le mot de Hegel, le conflit inéluctable et tragique de deux personnages « unilatéraux », c’est-à-dire légitimes dans leurs vues mais incapables de comprendre, ou en tout cas d’accepter, le point de vue de l’autre.
Mon avis :
Antigone…
J'ai découvert son histoire sur les bancs de l'école. J'ai adoré et relu Sophocle puis Jean Anouilh. C'est peu dire qu'Antigone est l'une des tragédies grecques les plus célèbres. Je me souviens encore aujourd'hui de l'impression que j'ai eue de son caractère : déterminée, forte, où le poids du destin ne faisait pas le poids face à sa détermination. Fille d'Œdipe et de Jocaste, elle restera aux côtés de son père alors qu'il quitte la ville de Thèbes. Elle porte son fardeau, l'accompagnant jusqu'au bout du voyage. Revenant à Thèbes où ses frères sont allés jusqu'à la guerre civile ne pouvant se partager le trône, les deux finiront par mourir de la main de l'autre. Créon reviendra sur le trône pour y régner. Il offrira à l'un des frères, Etéocle, les honneurs d'une sépulture digne, alors que Polynice est voué à pourrir sur place. Créon envisage par là d'enfreindre les lois sacrées des dieux et le respect humain. Mais Antigone ne l'entend pas de cette manière.
La couverture de la BD rend hommage au personnage d'Antigone bien plus que la BD toute entière. En une image, on y sent le désœuvrement, la peine, le poids des souffrances familiales. Ce dessin me parle et donne toute place au personnage d'Antigone. Elle est une femme qui aura souffert gardant une dignité toute entière. La BD est réussie avec des dessins agréables, surtout dans le jeu des couleurs et des paysages. Un bémol cependant sur les visages qui sont par moment méconnaissables, peu expressifs. Le rythme des planches donne à l'ensemble une lecture agréable.
Mais !
Ma plus grande question : où est passée Antigone ? Cette femme forte, loyale à sa famille, aux dieux et aux traditions ? Je l'ai trouvé éteinte, suivant simplement le cours de son existence. Les autres personnages ont par moment plus d'espace pour s'épanouir et s'épancher, alors qu'Antigone, elle, s'oppose aux lois des hommes pour respecter celles des dieux et honorer sa famille. Elle est peu visible ou alors dans de longs monologues dans la bouche d'autres personnages. Les dessins la représentant n'ont pas autant de force que je l'aurais souhaité. Antigone manque d'ampleur, de rayonnement.
C'est toujours un plaisir de découvrir la mythologie sous l'angle de la BD, alors même que je sais qu'on ne peut pas tout mettre dans un tel format. Je suis déçue du traitement de ce personnage qui signifie tellement et donne toutes ses lettres de noblesse à la tragédie. J'espère que cela donnera l'occasion au curieux de se plonger dans les versions de Sophocle et Jean Anouilh où le personnage a toute la place pour s'épanouir et où on sent cette dualité entre les lois divines et humaines.
Je me rends compte à présente en écrivant cette chronique, que ce qui m'a déplu, c'est le traitement des choix d'Antigone, comme s'il ne s'agissait que d'un caprice alors qu'il y a tant de signification derrière son geste auprès de son frère Polynice.
Où est passée mon Antigone ?
En bref :
Une BD Réussit dans le rythme, les dessins. Mais je n'ai pas retrouvé Antigone, effacée derrière les autres personnages et les dialogues ne mettant pas à l'honneur la vie et les choix dans cette tragédie. Dommage.
Résumé :
Bravant l’interdit du roi de Thèbes, Antigone, fille d’Œdipe, choisit d’enterrer son frère rebelle, s’exposant ainsi à la peine de mort. Il n’y a pour elle aucune alternative : elle ne fait qu’accomplir son devoir et prouve ainsi sa loyauté envers son parent et les dieux. Mais le roi Créon, son propre oncle, n’a lui pas l’intention de bafouer la loi des hommes, et condamne de fait sa nièce... La collection « La Sagesse des mythes » accueille ce texte fondateur de la philosophie qui illustre, selon le mot de Hegel, le conflit inéluctable et tragique de deux personnages « unilatéraux », c’est-à-dire légitimes dans leurs vues mais incapables de comprendre, ou en tout cas d’accepter, le point de vue de l’autre.
Mon avis :
Antigone…
J'ai découvert son histoire sur les bancs de l'école. J'ai adoré et relu Sophocle puis Jean Anouilh. C'est peu dire qu'Antigone est l'une des tragédies grecques les plus célèbres. Je me souviens encore aujourd'hui de l'impression que j'ai eue de son caractère : déterminée, forte, où le poids du destin ne faisait pas le poids face à sa détermination. Fille d'Œdipe et de Jocaste, elle restera aux côtés de son père alors qu'il quitte la ville de Thèbes. Elle porte son fardeau, l'accompagnant jusqu'au bout du voyage. Revenant à Thèbes où ses frères sont allés jusqu'à la guerre civile ne pouvant se partager le trône, les deux finiront par mourir de la main de l'autre. Créon reviendra sur le trône pour y régner. Il offrira à l'un des frères, Etéocle, les honneurs d'une sépulture digne, alors que Polynice est voué à pourrir sur place. Créon envisage par là d'enfreindre les lois sacrées des dieux et le respect humain. Mais Antigone ne l'entend pas de cette manière.
La couverture de la BD rend hommage au personnage d'Antigone bien plus que la BD toute entière. En une image, on y sent le désœuvrement, la peine, le poids des souffrances familiales. Ce dessin me parle et donne toute place au personnage d'Antigone. Elle est une femme qui aura souffert gardant une dignité toute entière. La BD est réussie avec des dessins agréables, surtout dans le jeu des couleurs et des paysages. Un bémol cependant sur les visages qui sont par moment méconnaissables, peu expressifs. Le rythme des planches donne à l'ensemble une lecture agréable.
Mais !
Ma plus grande question : où est passée Antigone ? Cette femme forte, loyale à sa famille, aux dieux et aux traditions ? Je l'ai trouvé éteinte, suivant simplement le cours de son existence. Les autres personnages ont par moment plus d'espace pour s'épanouir et s'épancher, alors qu'Antigone, elle, s'oppose aux lois des hommes pour respecter celles des dieux et honorer sa famille. Elle est peu visible ou alors dans de longs monologues dans la bouche d'autres personnages. Les dessins la représentant n'ont pas autant de force que je l'aurais souhaité. Antigone manque d'ampleur, de rayonnement.
C'est toujours un plaisir de découvrir la mythologie sous l'angle de la BD, alors même que je sais qu'on ne peut pas tout mettre dans un tel format. Je suis déçue du traitement de ce personnage qui signifie tellement et donne toutes ses lettres de noblesse à la tragédie. J'espère que cela donnera l'occasion au curieux de se plonger dans les versions de Sophocle et Jean Anouilh où le personnage a toute la place pour s'épanouir et où on sent cette dualité entre les lois divines et humaines.
Je me rends compte à présente en écrivant cette chronique, que ce qui m'a déplu, c'est le traitement des choix d'Antigone, comme s'il ne s'agissait que d'un caprice alors qu'il y a tant de signification derrière son geste auprès de son frère Polynice.
Où est passée mon Antigone ?
En bref :
Une BD Réussit dans le rythme, les dessins. Mais je n'ai pas retrouvé Antigone, effacée derrière les autres personnages et les dialogues ne mettant pas à l'honneur la vie et les choix dans cette tragédie. Dommage.
Ah, une bd que tu n'as pas aimé. c'est assez rare pour etre souligné
RépondreSupprimerDisons plutôt que je n'ai pas retrouvé Antigone dans celle ci. C'est dommage car il y a un vrai travail derrière cette BD.
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