jeudi 9 juin 2016

"Le métier d'homme" - Alexandre Jollien.

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D'Alexandre Jollien, éditions Points, 2014, Essai, première édition 2002. 



Résumé :

Érasme disait qu'on ne naît pas homme, mais on le devient. Un véritable art de vivre est requis pour tenir debout, maintenir le cap et trouver la joie là où elle se donne. Ce sont ces grands chantiers de l'existence qu'Alexandre Jollien explore.
Il revisite ici quelques-unes des grandes questions de la philosophie : le sens de la souffrance, l'art de la rencontre, le goût de l'autre, pour tenter d'esquisser un chemin de liberté et de légèreté. Et il puise avec humour et sincérité dans son expérience de personne handicapée comme dans la tradition philosophique des outils pour savourer l'existence avec gourmandise.
Le texte est suivi d'un entretien avec Bernard Campan : "La pratique spirituelle, un autre nom pour le métier d'homme".


Mon avis :


 L'édition que je possède est paru une dizaine d'années après la première. Celle-ci est agrémentée d'un entretien avec Bernard Campan (acteur, humoriste, les Inconnus). Cette dernière sert à exprimer ce qui a pu se passer durant ces dix années, quel cheminement, quel chemin de vie il a connu.

Tout au long du livre, Alexandre Jollien nous conseille, explique et donne un avis que j'ai trouvé par moment trop positif. Le métier d'homme, devenir un homme, est sans doute ce qu'il y a de plus difficile. On se forge en compagnie des autres, avec les autres, et ceux-ci, comme disait Sartre, sont le plus souvent l'Enfer. Je rejoins l'auteur lorsqu'il précise qu'on doit utiliser nos souffrances, en ressortir une substance qu'on pourra modeler. De la souffrance peut naître une force qui nous porte et nous permet, dans d'autres circonstances, d'agir et de grandir.

D'enfant à adulte, il met en avant son expérience : et après dix-sept ans passés dans une institution pour handicapés, le monde du dehors est un vaste aquarium rempli de prédateur. Ses expériences, positives mais surtout négatives le forgent, le font grandir. Alexandre Jollien écrit vraiment avec beaucoup de poésie : "Je vois encore ce corps forcément docile, allongé, tandis qu'on finit sa toilette, je le vois souverain dans sa vulnérabilité". Malgré cette facilité à manier la langue française, le nombre de philosophes cités mériteraient qu'on s'y attarde bien plus, ou alors d'en réduire le nombre, mais d'en étoffer les explications. Mais là, c'est un goût personnel.

La construction est en sept chapitres, balaient les moments clés de sa vie, ses expériences, parfois cocasses, le plus souvent amères. Le handicap et les difficultés qu'il rencontre sont pour lui des atouts pour se construire en tant qu'homme. Le but est le même pour tous : être heureux.

Nous avons tous des expériences différentes, je pense que notre construction est différente, même si nous nous rejoignons dans les grandes lignes. Cependant, les souffrances et affects que nous vivons n'étant pas identiques, à chacun de nous de trouver notre propre façon de grandir et de s'épanouir. Ce n'est pas toujours facile.



En bref :


Un livre sur l'humanité, sur la façon de grandir et d'utiliser les événements de nos vies pour en faire des défenses plus que des armes. Une écriture soignée, un échange, une leçon de vie. Je reste perplexe principalement par rapport à la façon de gérer nos souffrances. Mais c'est que le livre a réussi son job : me faire réfléchir.



Sur l'auteur : 

Alexandre Jollien a passé dix-sept ans dans une institution pour handicapés en Suisse. Philosophe de formation, il s'est fait connaitre avec "Eloge de la faiblesse" (Cerf, 1999), couronné par l'Académie française. Ses livres suivants, publiés au Seuil, ont tous connu un vif succès. Aujourd'hui, Alexandre Jollien tente de se rapprocher au plus près de la philosophie Zen et du bouddhisme. 



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