De Sophie Adriansen, éditions Fleuve, 2017, Maternité, Grossesse, Histoire de vie, Roman.
Résumé :
Ce roman est celui d'un amour naissant entre un homme et une femme. Ce roman est celui de cette femme bientôt mère. Et avant cela, enceinte. Entre ces deux états, un accouchement. Une fin et un début à la fois. La ligne noire verticale apparue sur le ventre de Stéphanie annonce ce tsunami, ce condensé fiévreux d'existence que provoque la maternité.
Mon avis :
Je suis infirmière. Je connais les protocoles de soin et les protocoles de chirurgie. De part ma profession, j'ai des connaissances qui me permettent d'appréhender certains événements. Comme je suis infirmière, je n'ai pas eu le même accompagnement pendant ma grossesse, car je suis dans la profession et donc je savais beaucoup de choses... J'ai manqué d'informations et heureusement, j'ai une amie sage-femme que j'ai pu harceler de question.
Cela n'a pas empêché ma césarienne de se dérouler dans des conditions inhumaines, à vif, avec un anesthésiste qui m'a dit que je mentais lorsque je hurlais que ça me faisait mal. Le produit d'anesthésie avait diffusé dans mon dos. Chaque incision a été une torture. Je suis infirmière, et je sais que le protocole n'a pas été respecté. Il était 20h un samedi... Je n'ai pas accouché. J'ai entendu les premiers cris de mon bébé, j'ai tenu jusque-là et mon cœur a lâché.
"Linea Nigra" est un livre qui m'a fait tilt au moment où j'ai vu les éditions Fleuve en faire la promotion. Il y a des histoires qui nous heurtent, nous blessent et nous permettent de mettre à distance des événements. Sophie Adriansen, dont j'avais apprécié l'écriture avec "Les grandes jambes", nous offre ici un livre riche, pertinent, loin d'être accusateur.
La construction du livre est très agréable : on ne suit pas de façon linéaire la grossesse de Stéphanie et la naissance d'Ulysse. Le livre est découpé en citations, explications, témoignages divers, le "maintenant" pour parler de sa grossesse et de son accouchement, et "l'avant", en parlant de sa relation avec Luc.
Ce que j'ai apprécié dans cette découpe, c'est que cela m'a permis de ne pas plonger directement dans les souvenirs. Mon expérience de lecture sera différente de la votre, car la naissance de mon fils a été différente. J'ai aimé entrecouper le récit d'éléments terre-à-terre, très factuels. Arrivée à la césarienne, je me suis fait la réflexion "ah, c'est déjà fini". Stéphanie c'était longuement préparé pour ce passage par voie basse. Elle a pu tenir et voir son fils. Je rationalise, car j'ai vécu des choses différentes.
Les explications données tout au long du livre et les interactions avec le personnel soignant me fait penser à plusieurs choses :
- Tout d'abord, nous avons dans notre société de grandes idées, de grandes propositions, mais qui ne passent pas toujours les portes des maternités. Pourquoi ? Il y a une question de coût ! Eh oui, cet argent toujours qui empêche les soignants de travailler dans de vraies bonnes conditions. C'est une réalité de terrain. Aménager les maternités, former le personnel, acheter le matériel adéquat, oui ça a un coût...
- L'accompagnement de la femme enceinte n'est pas réalisé (pour tout le monde) à sa juste importance : en prenant le temps avant, on évite beaucoup de problèmes après. Le rôle de la sage-femme n'est pas utilisé dans toutes ses possibilités. On peut encore améliorer et personnaliser le suivi des parturientes.
- Revenir à des méthodes plus "naturelles", revient à reconsidérer toute la démarche scientifique et les avancées faites. La diminution de la mortalité infantile et maternelle est dépendante de cette science ! À mon sens, il est difficile de ne rien vouloir de "médical", mais trouver un juste-milieu. Et sans doute mieux préparer les femmes à cet événement en entendant leur souhait, et pas en soufflant en pensant que c'est encore une "lubie de retour au naturel" (oui, je l'ai entendu...).
L'histoire de Stéphanie avec Luc est riche de réflexion. Loin d'être mièvre ou inutiles, cela montre vraiment le cheminement dans le conscient et l'inconscient des femmes lorsqu'on porte la vie. Car oui, être enceinte, c'est une expérience incroyable, sentir cet être dépendant de nous, cette responsabilité. L'avoir dans ses bras, sentir cet incommensurable bonheur et amour envers cet être si fragile.
Mais il y a aussi tous ces phénomènes de "rejet" de l'enfant, ces angoisses de ne pas bien faire, de ne pas savoir. Il y a un vrai poids dans notre société : tout doit se faire vite et bien. Devenir mère, cela ne s'apprend qu'au travers des expériences que nous ferons. Et tout n'est pas forcément que joie et bonheur. La dépression du post-partum n'est pas vécu de la même façon par toutes les femmes. Et elle n'est surtout pas à minimiser.
La place du père : il ne ressent pas les chamboulements hormonaux, le lien qui se tisse entre le fœtus et sa mère. Mais les hommes, aujourd'hui, ont aussi envie de s'impliquer, dès le début. Et il n'est jamais facile de trouver sa place, je le conçois. Mais il est agréable de voir comment Sophie Adriansen lui a donné une place simple, précieuse pour Stéphanie.
Chaque accouchement est différent. Chaque naissance est différente. Une réflexion du livre m'a beaucoup marqué : pourquoi faire une enquête aussi approfondie sur des gens prêts à aimer et élever un enfant lors d'une adoption, alors que des enfants sont laissés dans des situations de détresse incroyable dans certaines familles. Notre monde n'est pas parfait, loin de là. Peut-être ces enquêtes sont aussi importantes, car elles n'engagent pas la seule responsabilité des parents si quelque chose se passe mal, mais aussi ceux qui ont confiés l'enfant.
Nous prenons conscience des choses qu'il faut améliorer. L'une des plus importantes, c'est de ne pas dénigrer la parole des "victimes". Les violences obstétricales existent. Rien n'est parfait. Mais tout est perfectible.
Ce livre m'a touché, vous l'aurez compris, de part ma propre expérience. J'ai eu le plaisir d'y trouver des mots non-moralisateurs, sans attaque. Il n'y a pas de dénonciation gratuite, juste des éléments permettant d'approfondir la réflexion, car tant qu'il y a un débat, c'est qu'on peut échanger et avancer.
- L'accompagnement de la femme enceinte n'est pas réalisé (pour tout le monde) à sa juste importance : en prenant le temps avant, on évite beaucoup de problèmes après. Le rôle de la sage-femme n'est pas utilisé dans toutes ses possibilités. On peut encore améliorer et personnaliser le suivi des parturientes.
- Revenir à des méthodes plus "naturelles", revient à reconsidérer toute la démarche scientifique et les avancées faites. La diminution de la mortalité infantile et maternelle est dépendante de cette science ! À mon sens, il est difficile de ne rien vouloir de "médical", mais trouver un juste-milieu. Et sans doute mieux préparer les femmes à cet événement en entendant leur souhait, et pas en soufflant en pensant que c'est encore une "lubie de retour au naturel" (oui, je l'ai entendu...).
L'histoire de Stéphanie avec Luc est riche de réflexion. Loin d'être mièvre ou inutiles, cela montre vraiment le cheminement dans le conscient et l'inconscient des femmes lorsqu'on porte la vie. Car oui, être enceinte, c'est une expérience incroyable, sentir cet être dépendant de nous, cette responsabilité. L'avoir dans ses bras, sentir cet incommensurable bonheur et amour envers cet être si fragile.
Mais il y a aussi tous ces phénomènes de "rejet" de l'enfant, ces angoisses de ne pas bien faire, de ne pas savoir. Il y a un vrai poids dans notre société : tout doit se faire vite et bien. Devenir mère, cela ne s'apprend qu'au travers des expériences que nous ferons. Et tout n'est pas forcément que joie et bonheur. La dépression du post-partum n'est pas vécu de la même façon par toutes les femmes. Et elle n'est surtout pas à minimiser.
La place du père : il ne ressent pas les chamboulements hormonaux, le lien qui se tisse entre le fœtus et sa mère. Mais les hommes, aujourd'hui, ont aussi envie de s'impliquer, dès le début. Et il n'est jamais facile de trouver sa place, je le conçois. Mais il est agréable de voir comment Sophie Adriansen lui a donné une place simple, précieuse pour Stéphanie.
Chaque accouchement est différent. Chaque naissance est différente. Une réflexion du livre m'a beaucoup marqué : pourquoi faire une enquête aussi approfondie sur des gens prêts à aimer et élever un enfant lors d'une adoption, alors que des enfants sont laissés dans des situations de détresse incroyable dans certaines familles. Notre monde n'est pas parfait, loin de là. Peut-être ces enquêtes sont aussi importantes, car elles n'engagent pas la seule responsabilité des parents si quelque chose se passe mal, mais aussi ceux qui ont confiés l'enfant.
Nous prenons conscience des choses qu'il faut améliorer. L'une des plus importantes, c'est de ne pas dénigrer la parole des "victimes". Les violences obstétricales existent. Rien n'est parfait. Mais tout est perfectible.
Ce livre m'a touché, vous l'aurez compris, de part ma propre expérience. J'ai eu le plaisir d'y trouver des mots non-moralisateurs, sans attaque. Il n'y a pas de dénonciation gratuite, juste des éléments permettant d'approfondir la réflexion, car tant qu'il y a un débat, c'est qu'on peut échanger et avancer.
Mon fils va bien. Je n'ai pas pardonné. Et certaines nuits, je ressens encore à ces liens qui m'entravent sur la table d'opération avec des bruits d'incision, et cette douleur qui n'en finit pas. Mais le matin, le sourire de mon fils panse cette blessure.
En bref :
En bref :
Un livre que j'ai aimé, qui traite de réalité obstétricale. Le tout est porté par une plume soignée et respectueuse, abordant la relation de Stéphanie et Luc, les doutes et réflexions sur la maternité.
Quoi qu'on dise, la grossesse est une épreuve...
RépondreSupprimer