dimanche 9 août 2015

"Après le tremblement de terre" - Haruki Murakami

Après le tremblement de terre.

De Haruki Murakami, édition 10/18, 2000, Nouvelles

Résumé :

Japon, 1995. Un terrible tremblement de terre survient à Kobe. Cette catastrophe, comme un écho des séismes intérieurs de chacun, est le lien qui unit les personnages de tous âges, de toutes conditions, toujours attachants, décrits ici par Haruki Murakami. Qu'advient-il d'eux, après le chaos ? Séparations, retrouvailles, découverte de soi, prise de conscience de la nécessité de vivre dans l'instant. Les réactions sont diverses, imprévisibles, parfois burlesques... Reste que l'art de Murakami est de montrer, avec modernité et délicatesse, la part d'ombre existant derrière les choses et les êtres, invitant le lecteur à y déceler le reflet de ce qu'il porte en lui-même. Reconnu comme l'un des plus grands auteurs japonais contemporains, Haruki Murakami est traduit dans de nombreux pays. Aujourd'hui, la critique, unanime, s'accorde à voir en lui un futur lauréat du prix Nobel de littérature.

Mon avis :

Haruki Murakami était aux Etats Unis lors du tremblement de terre de Kobe en 1995, à Princeton. Cette catastrophe le submerge et bouleverse quelque chose en lui : il ressent un besoin quasi viscéral de revenir à ses racines.
Les six nouvelles que comprennent le livre exposent au lecteur les catastrophe comme elles sont ressenties par la population : leur vie se transforme, quelque chose est rompu en eux.
L'écriture de l'auteur :
Comment ne pas tomber sous le charme de cet auteur qui parvient à créer une atmosphère, un monde en quelques lignes. Il a ce génie dans l'écriture, une prouesse artistiques qui émeut. Le verbe est bien choisit, il n'y a pas de futilité ou de longueur dans le texte. Chaque mot à sa place, et c'est ce que j'apprécie dans l'écriture de Haruki Murakami : les mots sont justes et pertinents. Haruki Murakami a aussi cette délicatesse de ne jamais laisser les portes se refermer à la fin d'une de ses histoires : au contraire, liberté est laissé au lecteur d'imaginer la suite, la fin comme il l'entend. Cela permet aussi d'imaginer que ses personnages poursuivent leur vie, sans fin, comme tout un chacun.
Piochant des moments de vie simples, il en crée un monde à part, et c'est avec fascination qu'on découvre au fil de la lecture qu'un moment simple comme un feu de plage peut être rempli de force et de puissance.
Les nouvelles :
Au nombre de six, elles sont énigmatiques et les thèmes récurrent sont la solitude, le vide, la mort, l'autre. Elles sont semblables par leur puissance métaphorique mais aussi par ce côté impalpable, une sensation brumeuse d'avoir englouti le bonheur au fond de soi et de ne pas arriver à en retrouver le chemin.
  • Il y a l'histoire de cet homme qui s'en va vers Kushiro à la demande d'un de ses collègues. Son épouse ne cessait de regarder les informations sur le drame de Kobe et a finit par disparaître. Seul repli pour lui, partir, et sans destination, c'est son collègue qui lui offre l'opportunité d'aller ailleurs, loin de ce drame. Il y fait la rencontre de deux femmes...
  • Sous le voile de la nuit au bord de mer, et dans l'observation extatique d'un feu de camp, Miyake et Junko essayent de comprendre ce qu'ils sont, et expriment parfaitement cette sensation de vide.
  • Vient ensuite une recherche d'identité, d'un jeune homme, fils du Seigneur comme le lui a répété si longuement sa mère. Il prend conscience de son être et de sa normalité. En recherchant son père il se trouve lui même.
  • Sous fond de Jazz, Satsuki décide de rester en Thaïlande après son séminaire et de prendre une semaine de repos. Durant toutes ses sorties, elle se pose des questions, se remémore des moments passés. La musique la suit, le chauffeur de taxi qui l'accompagne partout se fait miroir de ses questionnements.
  • Crapaudin sauve Tokyo d'un terrible tremblement de terre avec l'aide de Katagiri. Dans les mythes japonais, les séismes sont causés par un poisson chat Namazu, et on retrouve toutes ces croyances dans un récit incroyable.
  • Triangle amoureux, complexité du sentiment amoureux et non dit. La dernière nouvelle tangue, avance et recule à mesure que les protagonistes révèlent la vérité sur leur sentiment, avec l'application d'une petite fille au centre de l'histoire, aussi espiègle qu'adorable.
Le mystère entourant ses nouvelles et cette sensation d'envoutement est propre à Murakami : il n'est nul besoin de suspens pour apprécier son écriture, et on retrouve dans ces nouvelles le savant mélange de la suggestion, du rythme lent et lancinant de la vie et aussi de l'espérance. Aucune nouvelle ne finit de façon abrupte, et cela permet au lecteur d'imaginer la suite.
Plus que des nouvelles, Murakami donne du sens au quotidien, et au lieu d'exprimer uniquement l'horreur du séisme, il se projette et essaye d'imaginer dans ses nouvelles les retentissements sur la population japonaise : marquée et meurtrie, elle essaye de survivre, malgré les changements intrinsèques à leur vie.
On ne garde pas en mémoire au long de cette lecture ce séisme, on oublierait presque ses ravages, telle une cicatrise que l'on essaye d'atténuer.
On note aussi cette impression liée à toutes les histoire : on a l'impression en lisant ces nouvelles qu'il y a une menace toujours présente, et qu'il faut toujours s'attendre à ce quelque chose se produise.

En bref :

Avec art et subtilité, Haruki Murakami parvient à nous faire sentir la solitude et le vide que laisse après son passage une catastrophe tel que le séisme. Avec poésie et douceur, il expose des moments de vie, simples et terriblement addictifs. On en aurait encore plus.

samedi 8 août 2015

"La chèvre et les deux Orphelines. Contes et fables." - Mama Berraho

La chèvre et les deux Orphelines. Contes et fables.
De Mama Berraho, édition Persée, 2011, Contes
Résumé :
Dans la cabane, ne vivaient que deux petites orphelines, et le bon instinct de la chèvre, les a conduites à la fortune en se mariant aux fils du roi... Toute la nuit, la louve avait réchauffé le bébé. Les louveteaux n'en étaient pas jaloux, mais pourquoi leur mère se mettait-elle en danger ? Le petit garçon s'agrippait sur le dos du dauphin qui disparaissait dans les profondeurs. L'enfant faisait des promenades sous-marines et revenait à la surface, heureux... Dame Fourmi est prisonnière dans un bocal ; elle n'est pas seulement prévoyante, elle sait parler au roi ! L'homme et le chien sont solidaires, énergiques, et vont devenir de bons amis. Les deux amis se sépareront de manière tragique. L'un mourra, et l'autre sera emprisonné pour son acte impardonnable. Le paysan se mariera trois fois pour subvenir aux besoins de sa famille et devenir riche !...
Attrayant et accessible à tous, illustré de contes et fables ancestraux, ce recueil permet de s’attarder sans difficulté sur les faiblesses de la vie quotidienne et d’en tirer des vérités importantes. Il propose une lecture divertissante, aux schémas variés, et des morales incontournables. « La vie ressemble à un conte ; ce qui importe, ce n’est pas sa longueur mais sa valeur. » Sénèque
Mon avis :
Bercée par les contes des Milles et une nuits, les Frères Grimm ou encore les contes d'Andersen, rien de plus normal pour moi d'être encore aujourd'hui attirée par la magie et l'imagination née de ces histoires courtes.
Je vous présente ici 2 petits livres de Mama Berraho. Je vous les présente les deux en même temps car l'un n'est que peu dissociable de l'autre : les deux contiennent plusieurs contes. Les sujets traités en sont variés, étoffés de folklore et de superstition. Ils sont également durs, crus et ne laissent que peu de place à la douceur. Telle la vie elle même, ces contes traitent de sujets difficiles pour certains, mais la plume de l'auteur adoucit la sensation de dureté.
Les sujets traités :
Plusieurs sujets différents sont traités dans ces deux livres : la famille, le pouvoir, le rapport à la fortune, mais aussi le regard sur le monde. On se trouve baigné dans une atmosphère où sultan et vizir se côtoient, et où les Djinns, des génies, se tapissent dans l'obscurité. Cette ambiance n'est pas sans rappeller comme je l'ai présenté plus haut, celle de Shéhérazade et de ses Mille et une nuits.
La famille par exemple : dans "La chèvre et les deux Orphelines", les deux petites filles vivent dans une pauvre cabane après la mort de leur maman, veillées par leur chèvre. Cette dernière est devenu en plus de leur animal de compagnie, une protectrice. Le lien unissant les deux sœurs est puissant, et met en exergue le sentiment d'appartenance.
L'amitié : dans "Chien et Chat", le chien est jaloux du chat, car celui ci peut rester dans la maison, bien couvé. Une mauvaise blague du chien interdit l'entrée dans la maison au chat. Mais ce dernier fait une action qui est à la fois intelligente et gentille pour qu'il puisse retourner au chaud dans la maison.
La trahison : dans "Les deux Amis", on voit le mauvais côté de l'être humain ressortir, et également sa cupidité. Mais la trahison ne reste pas impunie, car toute vérité finit par sortir.
Dans chaque sujet, une moralité importante, car même cruelles, les actions ne restent pas impunies.
L'écriture :
On apprécie le style littéraire de l'auteur pour sa simplicité et son sens du verbe : peu de mots compliqués, des situations toujours pertinentes racontées avec application. La façon de raconter les histoires est intéressante, car on imagine aisément un conteur déclamer les mots pour une assistance curieuse.
Parfois durs, cruels, les contes ne se veulent pas hautains : ils esquissent une réalité cruelle, injuste parfois. Le fait d'avoir une atmosphère différente des contes les plus connues hormis les Mille et une Nuits, permet une mise à distance des événements tragiques : en effet, on ne rencontrera pas d'ogresse, de puits asséchés ou de Sultan dans nos pays occidentaux. Mais on peut transposer aisément les situations à ce que l'on connaît chez nous : il ne sert à rien d'amasser de fortune car on ne l'emporte pas dans sa tombe, que l'on soit postier, Vizir, Sultan, ou pêcheur.
La profusion des contes permet de profiter d'une imagination intéressante. Je le déconseillerai personnellement aux plus jeunes, car il faut avoir une certaine distinction du bien et du mal pour comprendre les nuances et actes des personnages. De plus, certaines situations sont malgré tout difficiles, voire choquantes, et du coup non adaptées à un tout jeune public. Mais on y trouve des histoires très courtes et abordables.
L'édition :
Le point faible. Je n'ai pas compris la présentation de l'éditeur, le tout aurait pu être tellement plus agréable avec de petites illustrations et un format moins "scolaire". Les pages de garde ne reflètent pas non plus l'imaginaire des contes, ce qui est regrettables car si on n'est pas attiré par l'esthétique du livre, on passe à côté d'histoires passionnantes! En espérant peut être de nouvelles éditions plus adaptées à l'univers des contes. On peut en apprécier la lecture dès 7 ans.
En bref :
Plonger dans l'imagination débordante d'une auteur avec du talent de conteuse : on retrouve avec plaisir l'univers orientale des Mille et une Nuits, aux côtés de personnages aussi hétéroclites que les situations contées.
A découvrir et partager!

vendredi 31 juillet 2015

"Dear Gerges Clooney, tu veux pas épouser ma mère?" - Susin Nielsen

Dear Gerges Clooney, tu veux pas épouser ma mère?

De Susin Nielsen, édition France Loisir, 2013, Littérature jeunesse
Résumé:
La mère de Violette ne sort qu'avec des losers depuis son divorce. Violette n'en peut plus ,mais sa mère a désespérément envie de refaire sa vie et continue à accepter de nouveaux rendez-vous. Ce soir là ,le rendez-vous s'appelle Dudley Wiener, illico surnommé la Saucisse. Il adore les vides-greniers et les blagues nulles, et ne plait pas DU TOUT à Violette qui décide de prendre les choses en main. Elle va donc écrire à George Clooney pour lui demander un petit service et de filer Dudley :si la Saucisse a un cadavre dans son placard, elle le trouvera!
Mon avis :
Violette est une jeune fille attachante qui vit chez sa maman et part en vacances chez son père. Ses parents sont divorcés, et son père s'est remarié avec une femme plus jeune. Ils ont deux enfants. En vacances, Juliette et sa petite sœur n'ont pas le même sentiment : quand la petite sœur Rosie est en joie de voir son papa et toute sa famille, Violette ne trépigne pas de joie, grince et montre son mécontentement, jusqu'à un événement qui va mécontenter sa famille.
Nous commençons d'ailleurs la lecture par l'explication que Violette donne sur ces événements. De plus, elle nous dresse le portrait de tous les "Don Juan" qui ont été en rendez vous avec sa maman, et explique pourquoi elle doit prendre les chose en main afin de trouve l'homme idéal pour sa maman : quelqu'un qui sera parfait pour la rendre heureuse.
Léger, entrainant et qui ne se prend pas la tête, j'ai aimé cette lecture légère qui tient ses promesses. Roman jeunesse certes, mais cela fait autant de biens aux zygomatiques qu'au moral, car on en ressort rempli de bons sentiments et on aime voir Violette peiner à rendre sa maman heureuse.
Raconté à la première personne, on est vite entrainé dans l'histoire au scénario certes léger, mais qui reflète malgré tout les divers problèmes liés aux familles recomposées :
- La place de chaque parent
- La place des enfants et de ce qu'ils ressentent
- La place de la belle famille : belle mère, demi frère/sœur.
On ressent l'incompréhension de la jeune fille, et il me semble intéressant de ne pas se borner à dresser une liste de chose à changer dans l'environnement d'un enfant sans comprendre ses attentes et appréhensions.
On voit donc qu'en fonction de l'âge, les implications sont différentes : très jeunes, on perçoit le positif qui nous entoure : voyage, deux maisons, joie des retrouvailles... Mais en grandissant, on perçoit les comportements des adultes différemment et notre place d'enfant est bancale car on ne comprend pas les choses parfaitement.
Le style de l'auteur est fin, drôle et profond : Susin Nielsen parle avec sérieux et dérision de certaines situations. Par exemple, lorsque la maman reprend des rendez vous avec d'autres hommes... Beaucoup de questions, que les enfants n'osent parfois pas poser.
Mais de l'espoir, de la dédramatisation qui fait du bien pour une lecture fraiche mais sérieuse en même temps.
En bref :
Un livre jeunesse à conseiller pour les jeunes et les moins jeunes. Léger, frais et piquant, tout ce qui permet de se détendre l'esprit et les zygomatiques!

mercredi 29 juillet 2015

La box de Pandore Juin et Juillet


La box de Pandore Juin et Juillet
Pour celles et ceux qui me suivent déjà sur Instagram, vous savez que la fin du mois de Juin et le mois de Juillet ont été rempli de surcharge de travail et d'emploi du temps plus que chargé!
Je prends le temps du coup de vous présenter non pas une, mais deux box de Pandore, box enfant, que je n'ai pu vous présenter fin juin.
Vous connaissez déjà sans doute pour ceux qui me suivent, que je suis abonnée à cette box enfant, et je vous l'ai longuement présenté ici. Leur page Facebook est d'ailleurs disponible ici.
Vous pouvez faire le choix de vous abonner pour 3 mois ou par mois comme je l'ai fais.
Le contenu de ces box est toujours très attractif, et niveau qualité prix, on s'y retrouve toujours.
Trêve de parlotte, voici les box Pandore :

La Box de Juin :

- "A la recherche de Maho" : Auteur : NATHALIE TOUSNAKHOFF Illustrateur : MATTHIEU ROUSSEL Editeur : Kilowatt Collection : Un monde en couleur Mai 2009
- "On s'aime quand même" : Auteur : Galia TAPIERO Illustrateur : Tchatcha Collection : On s'aime quand même Éditeur : KILOWATT Novembre 2014
- "Love Game" de Emma Chase, édition Hugo Roman, 2014 Romance
- des lingettes mains Disney
- Un pot pour faire des bulles
- des sachets de thé
- un biscuit Nesquick
- un marque page
- une jolie carte "Kawaï"

La Box de Juillet :

- "Les triplés Maurin, Tome 1 : Conspiration" de Marie Geffray, Editions du Jasmin, 2000
- "Mon livre Puzzle des formes et animaux" de Madeleine Deny et Emilie Lapeyre Edition Tourbillon
- "Jack et le haricot magique" Les histoires animées, Edition Carrousel
- des sachets de thé
- un masque de sommeil pour la nuit
-1 sucette
- 1 sachet de graines à grignoter
- 1 petit pot Cars, que mon fils utilise pour ses voitures!
A très bientôt pour de nouvelles découvertes livresques!
La box de Pandore Juin et Juillet
La box de Pandore Juin et JuilletLa box de Pandore Juin et Juillet

"Après la vague" - Orianne Charpentier

Après la vague

De Orianne Charpentier, édition France Loisir, 2015, Drame, Roman
Résumé :
Il fait beau, ce jour-là, à la terrasse de l'hôtel. La famille est attablée. On discute d'un temple à visiter. Mais avec cette mer turquoise... Maxime n'a aucune envie de bouger. Il va rester ici, tranquille, à profiter de la plage avec Jade, sa sœur jumelle. Quelques minutes plus tard, une vague apparaît. Une vague qui n'en finit pas de grossir. Une vague qui engloutit tout. Dans leur course folle, Jade lâche la main de son frère. Pour Max, il n' y a plus de mots. Plus de larmes. Plus de présent. Plus d'avenir. Pourra-t-il survivre à ce drame ?
Mon avis :
L'adolescence. est un moment à la fois perturbant et attendu : passage obligé pour atteindre l'âge adulte, c'est une période jalonnée de doute, de questions et d'incompréhension.
Maxime a 16 ans et passe des vacances avec sa sœur jumelle Jade, son frère et ses parents en Thaïlande. Choisissant de lézarder au soleil, il refuse l'invitation de ses parents pour aller visiter un temple avec eux. Sa sœur décide de rester avec lui. Cette décision est la première qui va le hanter. Ce jour là, alerté par sa sœur, il découvre avec effroi la vague arriver. Le Tsunami déferle sur les côtes, emportant tout sur son passage, des maisons aux voitures, en passant par la végétation et la vie, dont celle de Jade.
Maxime ressort de cette épreuve blessé, meurtri, physiquement et au plus profond de son être. C'est alors que débute pour lui une longue épreuve : se reconstruire. Mais pour y parvenir, il doit accepter, comprendre, se pardonner. Il va faire des rencontres diverses, lui apportant un élément en plus à sa reconstruction. Il écoutera, essayera de comprendre.
L'immersion dans le livre est facilité par la première personne tout au long du récit. A la fois puissant et sensible, il traite du deuil de façon pertinente, sans entrer dans un profond pathos, sans balayer les sombres pensées de la dépression. L'écriture facilite le texte car elle répond à ce besoin de ne pas se noyer dans la douleur : la situation vécue est assez pénible à vivre sans avoir à la définir davantage : l'évoquer suffit à ressentir l'horreur.
Les relations familiales sont ici évoquées mais sans approfondissement : Maxime passe par différentes phases du deuil, et sa vie de famille n'en est que plus bouleversée. Cependant, il manque dans le livres la vision de la famille. Racontée à la première personne, le livre nous montre uniquement la vision de l'adolescent.
Mais cela n'est pas gênant à la lecture et provoque une frustration utile au lecteur : l'horreur, c'est aussi de ne pas comprendre une situation, de l'ignorer, de l'éviter même... Ces zones de blancs, au début perturbants, je les ai facilement accepté à la fin du livre, car je n'en avais pas besoin pour comprendre et ressentir la peine et la tristesse de Maxime.
Nous sommes tous différents face à un drame et la perte tragique d'un être cher. Ce genre de livre témoignage permet de se souvenir des épreuves, des atrocités vécues et surtout que cela n'arrive pas qu'aux autres.
Une lecture facile par son écriture, qui correspondra bien aux adolescents, mais aussi aux adultes, car l'horreur de ce drame n'est que le reflet d'une réalité.
En bref :
Un témoignage vibrant sur les difficultés de faire le deuil et l'horreur du Tsunami. LA terre, ne l'oublions pas a cette force en elle dévastatrice...

mardi 21 juillet 2015

"Et je danse, aussi" - Anne Laure Bondoux et Jean Claude Mourlevat

Et je danse, aussi

De Anne Laure Bondoux et Jean Claude Mourlevat, Fleuve éditions, Roman épistolaire, 2015.
Résumé:
La vie nous rattrape souvent au moment où l'’on s'’y attend le moins.
Pour Pierre-Marie, romancier à succès (mais qui n'’écrit plus), la surprise arrive par la poste, sous la forme d'’un mystérieux paquet expédié par une lectrice. Mais pas n'’importe quelle lectrice ! Adeline Parmelan, « grande, grosse, brune », pourrait devenir son cauchemar… Au lieu de quoi, ils deviennent peu à peu indispensables l'un à l'’autre.
Jusqu'’au moment où le paquet révèlera son contenu, et ses secrets.
Ce livre va vous donner envie de chanter, d'écrire des mails à vos amis, de boire du schnaps et des tisanes, de faire le ménage dans votre vie, de pleurer, de rire, de croire aux fantômes, d'’écouter le Jeu des Mille Euros, de courir après des poussins perdus, de pédaler en bord de mer ou de refaire votre terrasse.
Ce livre va vous donner envie d'aimer. Et de danser, aussi !
Mon avis :
Pierre Marie reçoit un jour une grande enveloppe qu'il prend pour le livre d'une de ses admiratrices afin qu'il puisse lui donner des conseils. Il trouve derrière ce paquet le mail de l'expéditrice : Adeline Parmelan. Débute alors un échange de mail où tour à tour chacun des personnages va se prendre au jeu des confidences.
Pierre Marie est un écrivain qui n'écrit plus, un peu blasé, mais toujours à succès, il ne trouve plus la même inspiration pour écrire ses livres.
Adeline Parmelan est une jeune femme plus mystérieuse et se présente volontiers en se dépeignant négativement et se restreignant à dire d'elle qu'elle est "grande, grosse et brune".
L'originalité de ce livre est que l'échange tient en des courriels : les lettres manuscrites sont mises de côté au profit de cette nouvelle technologie qui est plus rapide. Une des choses qui m'a d'ailleurs gênée, bien que je ne sois pas contre les avances techniques, la poésie émanant de l'ouverture d'une lettre est différente de l'ouverture d'un mail. Le petit pincement de voir que quelqu'un pense à nous est tout de même toujours là.
De prime abord, les premiers échanges de courriers étaient anodins, froids, standards. Peu à peu, chacun des personnages va se livrer, et d'anecdotes en confidences, on s'attache doucement à leurs maux et leurs peines. On trépigne à leurs joies et on se surprend à gronder en fonction de certains agissements.
J'ai beaucoup aimé le style de chaque personnage, on ressent la distance et la différence d'écriture, mais sans que cela ne soit surprenant : un travail d'écriture à quatre mains qui a bien portés ses fruits.
Les sentiments véhiculés par ce livre qont légers, vivant et vivifiant : on aime, on fait son deuil, on respire, on réapprend la vie, la confiance. Bref on lit la vie avec ses hauts et ses bas. Une richesse qui a su me donner le sourire durant cette lecture.
Au début tout va bien....
Et progressivement on s'enlise.... Le dénouement vient progressivement, et malgré les annonces faites, on se doute doucement de ce qui va se produire. Malgré tout, les échanges de courriers ne sont plus aussi vifs qu'au début, et une lassitude s'installe. J'aurais aimé de nouveaux thèmes abordés, de plonger plus avant dans certains de leur sentiment et des moments de vie révolue.
Je ne peux pas révéler la fin du livre, mais j'avoue que cette dernière m'a laissé interrogative... "ET? la suite? Ah non c'est déjà finit". Après les révélations, c'est comme si le livre se terminait, alors que la richesse du genre épistolaire est de nous donner cette impression de continuité, de fin sans fin....
Ce qui m'a empêché de profiter grandement de ma lecture : les critiques. La plupart dithyrambiques, incroyables, promettant un moment léger et émouvant. Et le problème avec les critiques, c'est qu'elles me font miroiter monts et merveilles pour finir par déchanter. C'est dommage. Le potentiel littéraire des deux auteurs est prégnant, sans compter une plume délicate et où l'on a bien senti la différence de prose entre les deux personnages.
En bref :
Une lecture légère et agréable, mais qui m'a laissé sur ma fin... Beau potentiel des écrivains qui ont su rendre ces échanges vivant et attrayant.

lundi 20 juillet 2015

"Sonnets Protugais" - Elizabeth Browning

Sonnets Protugais

D'Elizabeth Browning, édition NRF, Poésie Gallimard, 2003
Résumé :
«Les Sonnets traduits du portugais sont légitimement considérés comme la plus belle œuvre d'Elizabeth Browning, peut-être parce que la poétesse, habituellement critiquée pour l'absence de clarté de ses métaphores, a su discipliner son talent dans la stricte forme du sonnet qui a l'avantage d'imposer l'utilisation d'une seule image, et de favoriser l'expression cohérente de sentiments intimes. Il reste impossible d'envisager ces poèmes indépendamment de leur référence personnelle : leur beauté et leur intérêt sont constitués par le récit dramatique de l'évolution amoureuse dans le cœur d'une femme. Ils forment une tentative, un rare témoignage de l'expression féminine et lyrique du désir, et c'est à ce titre que la voix d'Elizabeth Barrett-Browning demeure ce que Rilke appelle "un des grands appels d'oiseau dans les paysages de l'amour".»
Lauraine Jungelson. Edition bilingue.
Mon avis :
Nous sommes assez habitués à la poésie de grands auteurs masculins. La découverte d'une telle finesse d'écriture est une joie que j'aimerais partager.
je ne connaissais pas Elizabeth Browning avant la lecture de son travail. Cette édition m'a d'ailleurs permis de connaître son histoire et l'amour qu'elle a porté à son époux, Robert Browning. Riche d'un caractère bien trempée, elle a fait fi des décisions de son père afin de rejoindre et épouser l'homme qu'elle aimait.
Ils ont pu savourer leur idylle, rare pour l'époque : les mariages de convenance étaient de coutume, et les amoureux transi le plus souvent séparés. Aller à l'encontre de l'autorité paternelle était également malvenue. Mais une fois mariée, l'autorité maritale prévalait.
De nos jours, le mariage est le plus souvent consenti et voulu par les deux partis. Cela n'est hélas pas encore le cas dans toutes les régions du globe. Nous ne pouvons pas toujours apprécier à sa juste valoir ces mots, déclamés par amour. Même à son époque, elle a été décrié pour "l'absence de clarté dans ses métaphores". Mais elle a sut, avec les sonnets, "favoriser l'expression de sentiments intimes".
C'est l'une des figures majeures de la poésie victorienne.
De plus la richesse de cette édition réside en une lecture bilingue : chaque sonnets et poème dispose de sa traduction en anglais.
Extraits : sonnets 38 :
Quand d'abord il m'embrassa, ce furent les
Doigts de la main avec laquelle j'écris ;
Et, depuis lors, elle est plus pure et blanches...
Lente aux saluts mondains... vive à dire "chut",
Quand les anges parlent. D'Améthystes ici
Ne saurais porter, plus claire à mes yeux,
Que ce premier baiser. Le second, plus
Altier, chercha mon front, et le manqua,
Tombant sur mes cheveux. Ô récompense !
Ce fut le chrême de l'amour, précédé
De sa suave couronne sanctifiante.
Le troisième sur mes lèvres se clôt en
Pourpre apparat : depuis, en vérité,
Je suis fière et dis, "Mon amour, mon bien."
En bref :
Voguer au rythme des sentiments amoureux naissant et puissant envers l'homme dont elle est éprise et partager ses sentiments.

mercredi 15 juillet 2015

"L'amant" - Marguerite Duras

L'amant

De Marguerite Duras, édition de Minuit, 1984. Témoignage, Récit de vie.

Résumé :

Roman autobiographique mis en image par Jean-Jacques Annaud, L'amant est l'un des récits d'initiation amoureuse parmi les plus troublants qui soit. Dans une langue pure comme son sourire de jeune fille, Marguerite Duras confie sa rencontre et sa relation avec un rentier chinois de Saigon. Dans l'Indochine coloniale de l'entre deux-guerres, la relation amoureuse entre cette jeune bachelière et cet homme déjà mûr est sublimée par un environnement extraordinaire. Dès leur rencontre sur le bac qui traverse le Mékong, on ressent l'attirance physique et la relation passionnée qui s'ensuivra, à la fois rapide comme le mouvement permanent propre au sud de l'Asie et lente comme les eaux d'un fleuve de désir. Histoire d'amour aussi improbable que magnifique, L'amant est une peinture des sentiments amoureux, ces pages sont remplies d'un amour pur et entier.

Mon avis :

Ma première rencontre avec l'Amant de Marguerite Duras, fut le film de Jean Jacques Annaud. Celui ci traitait de la relation amoureuse qu'a entretenu la jeune fille avec un riche chinois. Il dépeignait les rencontres, les non dits de ces sentiments amoureux qui n'avaient de réalité que lors de leurs rencontres. J'ai toujours aimé ce film pour ce côté à la fois poétique et cette voix envoutante et troublante de Jeanne Morreau, dont je n'ai pu me défaire lors de la lecture du livre.
A la fin de ce livre, j'ai eu un coup de colère en moi même. L4amant n'est pas uniquement le résumé de cette rencontre. Marguerite Duras a pour moi utilisé le récit de sa relation avec cet homme pour parler avec dureté mais réalisme de ce qu'elle vivait dans sa propre famille.
Il y a une pudeur toute légitime, lorsqu'elle parle de son amant, car elle ne le décrit que par les relations et rencontres : un amant. La relation amoureuse, impossible, est refoulée, mise de côté pour éviter les questions et l'embarras. Plus qu'un amant, il a été le premier amour; celui qu'on ne peut oublier, malgré le temps et les épreuves.
Elle le rencontre alors qu'elle retourne à sa pension de jeune fille. Les mots échangés sont rares, l'alchimie fait le reste. Ils se rencontrent le plus souvent dans sa garçonnière. Elle fait face aux allusions, aux rumeurs, et garde la tête haute lorsque cette relation lui ai reprochée par une famille difficile à cerner.
Je ne peux m'appesantir plus sur cette relation, qu'il faut réellement découvrir par les mots de Marguerite et cette différence entre la raison et les sentiments.
"Il dit qu'il est seul, atrocement seul avec cet amour qu'il a pour elle. Elle lui dit qu'elle aussi elle est seule. Elle ne dit pas avec quoi. Il dit : vous m'avez suivi jusqu'ici comme vous auriez suivi n'importe qui. Elee répond qu'elle ne peut pas savoir, qu'elle n'a encore jamais suivi personne dans une chambre." (p.47)
Il y a une force dans l'écriture qui est à la fois proche et détachée. Mais ne faut il pas se détacher pour s'approprier davantage une histoire, ou simplement pour la raconter sans que les sentiments nous rattrape?
Durant tout le roman, on sent la peine, l'injustice, l'amour mais parfois la colère. L'écriture est très travaillée et j'aime ce style, qui veut qu'on soit happé par l'histoire, mais en même temps repoussé par l'auteur qui passe d'un sujet à l'autre, revenant sur des périodes de vie, puis à la relation difficile et compliqué avec sa famille : cette mère dont elle se détache, ce frère dont elle a peur, et l'autre frère, le plus jeune, qu'elle protège.
Derrière l'amant, il y a cette souffrance familiale, racontée sans pathos, avec une simple volonté de dire et raconter sa propre histoire.
Je deviens de plus en plus amoureuse de la plume de cette auteur qui parvient à me faire fléchir, et malmène mon cœur par des palpitations insensées. J'ai aimé cette lecture, mais je suis une fois encore déçue par la transposition à l'écran.

En bref :

"L'amant" est à la fois une histoire d'amour, une histoire de famille et une histoire de choix. Marguerite Duras parvient avec une plume délicate et râpeuse à la fois à nous transporter dans son monde, dans cette relation amoureuse et ces douleurs familiales.